Crédit immobilier : 92 % des prêts accordés aux CDI contre 8 % pour les CDD

Blandine Rochelle 22 sep 2016
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Les emplois précaires ou atypiques se multiplient, à l’instar de l’auto-entreprenariat, des CDD ou de l’intérim. Dans ce contexte, de nombreux Français rencontrent des difficultés pour devenir propriétaires.

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Crédit immobilier : 92 % des prêts accordés aux CDI contre 8 % pour les CDD
Les jeunes commencent à travailler vers 23 ans mais ne deviennent propriétaires qu'à 33 ans en moyenne. © Idprod
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Les banques accordent leur confiance aux CDI

Aujourd’hui, 85 % des salariés sont en CDI mais 9 embauches sur 10 se font en CDD et cette réalité est encore plus flagrante chez les jeunes. Fabienne Aubigny-Laborde, directrice commerciale du site Le-Partenaire.fr, estime qu’encore aujourd’hui « le Saint Graal c’est le CDI avec de l’ancienneté. Mais il devient de moins en moins courant : des modèles économiques émergent où chacun devient acteur de son propre emploi. Or face à cela, le monde bancaire est complétement décalé. » Fabrice Abraham, à la tête du réseau Guy Hoquet, constate, quant à lui, que « les jeunes entrent dans l’emploi vers 23 ans mais ils n’accèdent à la propriété qu’à 33 ans en moyenne, un décalage de 10 ans dû au fait que les banques ne financent pas l’achat en CDD. » 

Bon à savoir

Rappelons que l’Etat a créé la caution Visale pour faciliter l’accès à la location aux moins de 30 ans en emploi précaire. Fabrice Abraham estime qu’il « faudrait l’équivalent pour l’accession à la propriété. »

Vers un changement des mentalités ?

Cécile Roquelaure, directrice du courtier Empruntis, estime qu’un « changement des mentalités est en cours, mais il doit s’accélérer (…) Aujourd’hui, ceux qui parviennent à emprunter en CDD doivent surenchérir sur les garanties, avec des revenus et un apport plus conséquents que les autres. » Notons que quelques 32 000 demandes de financement sont transmises aux banques par un courtier depuis le 1er janvier et sur ces 32 000 demandes, seules 8 % intègrent au moins un emprunteur en CDD : il s’agit de 96 % de couples et de 4 % d’emprunteurs seuls. Un banquier, ayant souhaité rester anonyme, a confié à l’AFP que « dans l’inconscient collectif, être en CDD signifie ne pas pouvoir obtenir un prêt immobilier. Il y a une autocensure dès le départ chez le client. »

Chiffres Clés

  • Aujourd’hui, 9 embauches sur 10 se font en CDD.
  • Les jeunes entrent dans l’emploi vers 23 ans mais ne deviennent propriétaires qu’à 33 ans en moyenne.

Les banques se méfient encore des intérimaires et des salariés des TPE

Mme Aubigny-Laborde relève que, parmi ses clients, de plus en plus d’auto-entrepreneurs vivent un véritable « parcours du combattant ». De même, les intérimaires semblent n’emprunter que grâce à leur conjoint dont les seuls revenus sont pris en compte. Elle explique que « les banques n’aiment ni les mono-emprunteurs modestes, ni les CDI relativement récents dans les TPE, en particulier dans le bâtiment, les prestations de services ou l’aide à la personne, où les revenus peuvent fluctuer (…) Or, ce sont les TPE qui embauchent le plus. » 

Bon à savoir

Une femme de 41 ans, qui travaillait en CDI à mi-temps et en tant qu'auto-entrepreneur, a vu son dossier d’emprunt de 132 000 € refusé, malgré 15 % d’apport et un taux d’endettement de 32 % seulement. Malgré 3 ans d’activité, ses revenus « free-lance » n’ont pas été pris en compte.

Des crédits immobiliers acceptés mais refusés par l’organisme de garantie

Il peut arriver également que la banque accepte un prêt mais que l’organisme qui doit le garantir refuse le dossier. Dans un tel cas de figure, il est alors possible d’hypothéquer le bien, tout en sachant que cette option est plus contraignante et plus onéreuse. En effet, les prêts sont généralement contractés sur 15 ou 20 ans, alors que la durée de détention moyenne d’un bien est de 8 ans. Or, en cas de revente d’un bien hypothéqué avant le terme, l’acquéreur devra payer des frais de main-levée d’hypothèque, de l'ordre de 0,30 % à 0,40 % du capital restant dû.

Bon à savoir

Le Crédit Foncier et la Banque Postale réfléchissent à des systèmes alternatifs pour conforter les prêts des personnes en emplois précaires. Frédérique Maufay-Coutarel, responsable crédit immobilier et consommation à la Banque Postale, explique que « cela pourrait passer par du financement participatif, le soutien d’amis. Mais notre réflexion est encore en cours. »

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