La crise du coronavirus a-t-elle boosté le marché de la location ?

Xavier Beaunieux 01 sep 2020
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Alors que de plus en plus de Français, fragilisés par la crise du Covid, ne sont plus en capacité d’acheter leur logement, la location constitue plus que jamais une alternative avantageuse. Le marché locatif est moins tendu que celui de la transaction immobilière et les loyers progressent moins rapidement que les prix de vente.

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La crise du coronavirus a-t-elle boosté le marché de la location ?
Le marché de la location pourrait-il sortir grandi de la crise du Covid ? ©Jacques Loic
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Louer son logement : une solution de repli pour de nombreux Français

Confrontés à une baisse de leurs revenus, voire à une perte de leur emploi, et au durcissement des conditions d’accès au crédit immobilier, beaucoup de Français se trouvent désormais dans l’impossibilité de devenir propriétaire... Mais alors que certains se résignent, d'autres contournent le problème en achetant moins grand ou encore en s’éloignant de plus en plus des grandes villes, d’autres enfin, sans cesse plus nombreux, font le choix de se tourner vers la location. Dans le contexte actuel, il semblerait que ce qui pourrait s’apparenter à un plan B - la location étant traditionnellement considérée comme moins valorisante que la propriété - ne soit pas dénué d'avantages. Bref, nous pourrions bien être en train d'assister aux prémices d’une formidable montée en puissance de la location.

La revanche des locations de longue durée

Après avoir été balayées par la déferlante des locations saisonnières, voilà que les locations de longue durée font un come back fracassant ! Force est de reconnaître que ce retour en grâce des locations de longue durée est à mettre au crédit du coronavirus. En effet, échaudés par la désertion de leur locatèle touristique et la baisse de leurs revenus locatifs, bon nombre de propriétaires de biens loués sur de courtes périodes ont basculé sur de la location de longue durée, certes moins rentable mais également moins risquée. Et c’est tant mieux pour les locataires car cette réintroduction des locations classiques, sur un marché locatif lequel était, jusqu’à il y a peu, littéralement phagocyté par les locations saisonnières, tend à rééquilibrer le rapport entre l'offre et la demande au profit des locataires.

À Paris, un quartier comme celui du Marais a vu son écosystème locatif gravement compromis, sinon métastasé, par la prolifération des locations touristiques de courte durée et son cortège d'effets secondaires indésirables : gentrification, exode des habitants du quartier, dérèglement du parc locatif, troubles du voisinage… L’effet Covid changera-t-il la donne ?

Location : un marché plus « détendu » que celui de la vente

Une étude SeLoger nous apprend que dans la plupart des grandes villes, l’offre locative explose ! C’est la cas, notamment, à Bordeaux (+ 39 %), Nice (+ 52 %), Nantes (+ 32 %), Rennes (+ 34 %), Toulouse (23 %) et Paris (64 %) où l'offre locative connaît une ascension fulgurante. Pour info, nous avons établi une comparaison entre l’offre locative du1er juin 2019 au le 31 juillet 2020, d’une part,  et celle qui avait été enregistrée sur la même période, un an auparavant. En comparaison du marché de la transaction dont c’est peu dire qu’il est tendu dans les métropoles, le marché de la location apparaît donc comme étant nettement moins concurrentiel entre locataires potentiels... Il n’y a guère qu’à Mulhouse où l’offre locative recule, avec un retrait de l’ordre de 5 % sur 1 an. Enfin, il ressort également de notre étude que l’offre d’achat, quant à elle, recule à Bordeaux (- 14 %), Marseille (- 1 %), Nice (- 9 %), Rennes (- 15 %) et Strasbourg (- 19 %).

Évolution de l’offre locative sur 1 an

Ville Évolution
Bordeaux 39 %
Lyon 7 %
Marseille 1 %
Mulhouse - 5 %
Nantes 32 %
Nice 52 %
Paris 64 %
Rennes 34 %
Strasbourg 2 %
Toulouse 23 %

Source : SeLoger

Des loyers qui jouent le statu quo… pour le moment !

En France, les loyers tendent à augmenter moins rapidement que les prix à la consommation, d’une part mais aussi que les prix de vente, d’autre part. Selon l’étude SeLoger, au global, les loyers se maintiennent avec des variations de l'ordre de 0 à 3 % et aucune baisse significative des loyers n’est à signaler pour le moment, à l’exception toutefois du prix du loyer à Rennes, à Nice et à Strasbourg avec des reculs respectifs de 4 %, 10 % et 3 %. À l’inverse, il est intéressant de constater qu’en l’espace d’un an, le prix du loyer à Bordeaux a bondi de pas moins de 12 %, tous types de locations confondus ! Pour autant, on peut imaginer que l’appel d’air créé par les restrictions dont font l’objet les conditions d’obtention d’un crédit immobilier et qui fait s’engouffrer dans la brèche du locatif de plus en plus d’ex candidats à l’achat mais aussi d"ex propriétaires pourrait contribuer à booster la demande locative et, par voie de conséquence, à faire monter les loyers dans certaines villes..

Évolution des loyers sur 1 an

Ville Evolution Loyer CC
Paris 0 % 1 616 €
Lyon 1 % 834 €
Marseille 0 % 730 €
Nice -4 % 845 €
Bordeaux 12 % 746 €
Toulouse 0 % 638 €
Nantes 3 % 686 €
Rennes -10 % 622 €
Strasbourg -3 % 703 €
Mulhouse 1 % 584 €

Source : SeLoger

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