Paris : Un marché immobilier épargné par la crise du Covid-19

Xavier Beaunieux
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À fin avril, le prix de l’immobilier parisien continue de tutoyer les sommets, voire il les dépasse même ! À croire que la crise du Covid-19 n’aura eu aucun effet sur lui. Mais est-ce vraiment le cas ? Éléments de réponse.

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Paris : Un marché immobilier épargné par la crise du Covid-19
À Paris, le marché immobilier ne s'en laisse pas conter par le Covid-19 ! Crédit : Phil_Good
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5,2 % de hausse sur 1 an dans un Paris alors en pleine crise du covid-19

La pandémie aurait-elle glissé sur le marché parisien comme l’eau sur les plumes d’un palmipède ? Veuillez nous pardonner cette comparaison quelque peu triviale… Force est toutefois de reconnaître que, dans la capitale, les prix des logements sont loin de s’effondrer, bien au contraire, ils continuent d’affoler les compteurs ! Jugez plutôt, à fin avril 2020, et alors que le pays (et même la planète !) tout entier(s) étai(en)t confiné(s) et que l’incertitude faisait loi, les données recueillies par le baromètre LPI-SeLoger montrent que le prix au mètre carré à Paris enregistrait pas moins de 5,2 % de hausse annuelle. «Le ralentissement de la hausse amorcé durant l’automne 2019 se poursuit » fait toutefois remarquer Michel Mouillart, porte-parole du baromètre LPI-SeLoger. Aussi impressionnante que soit la progression de ses tarifs immobiliers, Paris n’est toutefois pas un cas isolé. «Les prix, en avril, n’ont reculé que dans 5 % des villes de plus de 100 000 habitants ».

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Les indicateurs clés du marché immobilier parisien. Crédit : DR

Plus de 10 000 €/m² dans 65 % des arrondissements parisiens !

Confinement oblige, les ventes se sont effondrées ! Pour autant, les chiffres nous montrent que les prix de l’immobilier parisien sont restés totalement indifférents au tsunami sanitaire qu’aura pourtant été la crise du Covid-19. En témoignent les tarifs des logements parisiens qui restent inabordables pour beaucoup. « Frôlant maintenant les 11 000 € depuis une année » note Michel Mouillart, le prix du mètre carré à Paris se monte, précisément, à 10 904 € et le seuil des 10 000 € du m² est dépassé dans 13 arrondissements sur vingt. Quant au prix au m² à Paris dans le 7e arrondissement, il atteint même plus de 14 000 € ! Depuis le mois de décembre 2015, la cote de l’arrondissement du Champ de Mars, de la Tour Eiffel et de l’Assemblée Nationale a ainsi augmenté de 26 %, soit l’équivalent de 5 % gagnés chaque année…

 « À Paris, les prix n’ont pas reculé depuis le début de la crise ».

Michel Mouillart, porte-parole du baromètre LPI-SeLoger

Paris, chasse gardée des CSP + ?

Calculée en pleine épidémie, cette moyenne est toutefois quelque peu biaisée… Pourquoi ? Eh bien, parce que, crise ou pas, les niveaux stratosphériques qu’a atteints (et auxquels se maintient !) le prix de l’immobilier parisien fait que la partie s’est arrêtée depuis belle lurette pour les ménages modestes qui caressaient le doux rêve de pouvoir acheter, un jour, dans la capitale. Les acquéreurs disposant d’un petit budget et ne pouvant fournir un apport conséquent sont donc sortis du terrain et seuls les ménages les plus fortunés restent en mesure de s’offrir un logement dont le moindre m² coûte, en moyenne, l’équivalent de neuf Smic nets ! Bien qu’elle n’ait rien de nouveau et qu’elle ait préexisté à la crise, c’est cette surreprésentation - artificielle - des acquéreurs parisiens aisés qui contribue à « renforcer, mécaniquement, le déplacement de la courbe des prix vers le haut » et à faire du marché immobilier de la Ville Lumière la chasse gardée des CSP+…

Le Covid-19 a creusé les inégalités entre les arrondissements

C’est un fait établi que les crises, si elles stimulent la créativité et les facultés d’adaptation de ceux qui les traversent, creusent également les inégalités. Entre un département comme la Seine-Saint-Denis, lourdement touché par le Covid-19 et la rive gauche, par exemple. Entre ceux qui pouvaient télétravailler et ceux qui devaient se rendre sur leur lieu de travail ou encore entre ceux qui avaient la possibilité de sortir s’oxygéner sur leur terrasse ou leur jardin et ceux qui ont vécu le confinement, entassés dans un logement trop exigu pour y vivre 24 heures sur 24… Alors qu’intramuros, la flambée des prix semblait tendre, il y a peu, à lisser les différences d’un arrondissement à l’autre, faisant ainsi progressivement converger (en termes de tarifs immobiliers, à tout le moins) l’Est et l’Ouest de la capitale, voilà que la crise renforce les inégalités. « Le fossé entre l’arrondissement le plus cher (7e / 14 253 € du m²) et le moins cher (19e / 7 961 € du m²) continue de se creuser » pointe ainsi du doigt Michel Mouillart. Entre ces deux arrondissements, l’écart de prix atteint 80 % !

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Les prix et leur évolution dans les arrondissements parisiens. Crédit : DR

Une demande qui se déporte sur les 1e et 2e couronnes parisiennes

Sous l’effet conjugué de l’inaccessibilité des prix parisiens, de l'exiguïté des logements intramuros, du manque d’espaces extérieurs et du boom que connaît le télétravail, de plus en plus de Parisiens pourraient être tentés de déserter la capitale au profit des villes avoisinantes et la perspective du Grand Paris devrait les conforter dans leur choix. Mais c’est plus à une périurbanisation qu’à un exode rural inversé que nous devrions assister. En clair, ce sont les villes moyennes proches de Paris et dotées d’infrastructures de transport permettant à leurs habitants de rallier facilement et rapidement la capitale qui devraient tirer leur épingle du jeu et non les zones rurales, plus éloignées…

Terrasses, balcons et espaces extérieurs, objets du désir des Parisiens

C’est bien connu, l’absence crée le manque et le manque crée le désir. Rien d’étonnant, donc, à ce que les Parisiens qui se seront sentis à l’étroit dans leurs logements pendant le confinement aient fait des terrasses, toits-terrasses, balcons, jardins, cours intérieures et autres espaces extérieurs l’objet de tous leurs fantasmes. Devenus des critères ultra-prioritaires pour les Parisiens (mais pas qu’eux !), terrasses et balcons sont également en passe de devenir (si ce n’est déjà fait) des signes extérieurs de richesse tant ils devraient, selon toute vraisemblance et dans l’éventualité d’un nouveau confinement, contribuer à valoriser les logements qui en disposent. Et à en faire grimper les prix !

Les 3 arrondissement les plus chers de Paris

Arrondissement Prix au mètre carré
7e 14 253 €
6e 13 763 €
8e 13 333 €

Source : Baromètre LPI-SeLoger

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