Si les étudiants ont vu le montant de leur APL sanctuarisé, malgré la réforme entrée en vigueur au 1er janvier dernier, cette aide ne leur suffit pas pour subvenir à leurs besoins.
Le budget logement explose pour les étudiants
L’année scolaire se termine, mais les tracas financiers se poursuivent pour les étudiants. En effet, le loyer pèse lourd dans le budget des étudiants ! Selon l’étude OpinionWay, réalisée pour le compte de SeLoger, 71 % d’entre eux participent à son financement. Parmi eux, 7 sur 10 dépensent plus d’un tiers de leur budget en frais de logement (69 %) et ils sont 39 % à y consacrer les deux tiers ou plus !
« Etre étudiant correspond souvent à une phase de la vie marquée par l'émancipation. Toutefois, l'étude SeLoger démontre que la dépendance financière est forte. En effet, pour boucler leur fin de mois, les étudiants comptent souvent sur l’aide d’un proche (57 %) ainsi que sur les aides de l’Etat via les APL (54 %) notamment. L'indépendance n'est pas toujours au rendez-vous alors même qu'ils sont nombreux à avoir un travail en parallèle de leurs études » rappelle Séverine Amate, porte-parole de SeLoger.
Baisse de l’APL pour les jeunes
Rappel des faits : au 1er janvier dernier, les APL ont été contemporanéisées, c’est-à-dire, calculées en temps réel. Très concrètement, l’aide est désormais définie sur la base des revenus des 12 derniers mois et « actualisée tous les 3 mois pour mieux tenir compte des changements de situation. Si vos ressources diminuent, le montant de votre aide augmente et inversement », fait savoir la Caisse d’allocations familiales sur son site internet. Auparavant, l’APL était déterminée sur la base des revenus de l’année n-2.
La réforme visait à réaliser 750 M€ d’économies, selon la commission des finances du Sénat. Alors, cette aide a-t-elle baissé ? Oui répond l’Union professionnelle du logement accompagné. L’Unafo, qui rassemble 154 acteurs, gérant plus de 140 000 logements, allant des foyers de jeunes travailleurs, aux résidences sociales jeunes actifs, en passant par quelques résidences étudiantes, a mené son enquête.
« C’est chez les jeunes que l’impact de la contemporanéité est le plus fort, avec une diminution en moyenne de 10% du montant de l’aide au logement, déclare Arnaud de Brocca, délégué général de l’Unafo, ce qui représente dans les 25-30 €. Cela peut sembler peu mais ça représente beaucoup pour les personnes qui logent chez nous. » Arnaud de Brocca reconnaît que son étude a un biais : il n’a pas réussi à faire la différence entre les jeunes (actifs, inactifs) et les étudiants.
Mais pas de baisse pour les étudiants
En revanche selon le ministère du Logement, les APL pour les étudiants n’ont pas baissé, « grâce à la mise en place d’un « forfait étudiant », fait savoir le ministère. Toutefois, les apprentis et étudiants en contrat de professionnalisation ont des revenus. Pour ne pas les pénaliser, « les apprentis bénéficient pour leur part d’un abattement sur leurs revenus, à hauteur d’un SMIC ».
Mais durant le premier trimestre, certains étudiants en contrat de professionnalisation ont vu leur aide baisser au premier trimestre, car leur revenu était pris en compte dans le calcul. Pour y remédier, le gouvernement a décidé en mars dernier de les exclure de la réforme jusqu’à septembre 2021, avec un effet rétroactif jusqu’au début de l’année. Actuellement, le montant de leur APL est aligné sur celui de décembre 2020, avant l’entrée en vigueur de la réforme donc. En septembre prochain, les étudiants en contrat de professionnalisation entreront bel et bien dans la réforme et « bénéficieront d’un abattement sur leur revenu, équivalent au SMIC, qui permettra de réduire les revenus pris en compte pour le calcul et donc d’augmenter le montant de leur APL », poursuit le ministère du Logement.
Le montant des APL déjà rogné par le passé
Le montant d’APL a été maintenu sur un an. Mais son niveau est-il suffisant pour autant ? Selon l’étude OpinionWay réalisée pour le compte de SeLoger, 82 % des étudiants, qui participent personnellement au financement de leur logement, rognent sur d’autres budgets : les loisirs, l’habillement (57 %), les nouvelles technologies (46 %) et leur alimentation (31 %). « Beaucoup de nos adhérents nous confient, et peut-être plus qu’avant, avoir des difficultés pour se nourrir, confirme Arnaud de Brocca et même les jeunes sont concernés ». Toujours selon l’étude, 18 % des étudiants affirment avoir eu recours à des associations pour s'en sortir.
« Beaucoup d’études économiques montrent que l’APL est l’aide la plus efficace en terme de réduction de la pauvreté », a rappelé Tommy Veyrat, délégué national de l'Union nationale des Comités Locaux pour le Logement Autonome des Jeunes (Cllaj), lors d’un débat sur le logement étudiant organisé au Sénat en mars dernier. Mais cette aide a été régulièrement attaquée par le passé. « La fameuse baisse de 5 € (actée en 2018, NDLR) a défrayé la chronique et il y a eu une sous-indexation quasi systématique des aides au logement depuis 2018, c’est-à-dire, une réévaluation des APL inférieure à l’inflation et donc à l’indice de révision des loyers ce qui créé un effet ciseau et augmente le reste à charge des locataires. »
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