Le centre-ville de Saint-Denis, dans le 93, recèle 40 % de logements insalubres !

Hélène Violet
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Le centre-ville de la commune est livré aux marchands de sommeil et aux investisseurs à la recherche de biens très rentables. La mairie tente de reprendre la main.

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Le centre-ville de Saint-Denis, dans le 93, recèle 40 % de logements insalubres !
Saint-Denis a déjà consacré 78 M€ pour lutter contre les logements insalubres. © Wikimédia Commons
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Logements insalubres : la ville de Saint-Denis mène le combat

A quelques jours du premier tour des législatives, le parquet de Bobigny a ouvert une enquête sur la candidate de La République en marche, Véronique Avril, accusée d'avoir loué à « un tarif exorbitant » un appartement dans un immeuble insalubre. Le candidat PCF-LFI, Stéphane Peu, l’a finalement emporté, même si la candidate REM est arrivée en tête du premier tour. Maire adjoint à l'urbanisme et président du plus gros office HLM du département, le nouveau député lutte depuis des années contre le fléau des marchands de sommeil et le défi est de taille. Dans le centre-ville ancien de cette banlieue rouge paupérisée, 40 % des logements sont jugés insalubres. Il y a un an, un terrible incendie avait causé la mort de cinq personnes. Stéphane Peu avait alors appelé le gouvernement à améliorer les « moyens législatifs et judiciaires » et regrettait que « seulement neuf » marchands de sommeil aient été condamnés par la justice dans cette ville de 110 000 habitants où 8 000 logements sont jugés insalubres par la mairie.

Bon à savoir

En France, le taux d'insalubrité moyen est de 9 % seulement. Saint-Denis est donc largement au-dessus de la moyenne.

Des logements inadaptés aux loyers quasi-parisiens !

La demande excédant l'offre, les propriétaires bailleurs louent à des prix quasiment parisiens alors qu'à l'achat ces logements sont deux à trois fois moins chers que dans la capitale, a assuré la docteure en géopolitique Mathilde Costil, dans un article publié courant juin dans la revue Hérodote. Ainsi, la candidate REM qui avait acheté un studio de 23 m² pour 47 000 €, avait effectué 20 000 € de travaux, pour un loyer fixé à 650 € charges comprises. Une hyper-rentabilité locative qui fait rencontrer deux mondes : des marchands de sommeil sans scrupules louant à des familles immigrées, souvent sans papiers, obligées de payer un prix aussi élevé pour se loger puisque n’entrant pas dans le champ du droit commun. Les personnes en difficulté le savent. « On sait qu'à Saint-Denis on trouvera, car ici on ne nous demande pas de papiers, pas de caution. Alors même si c'est cher, humide, sombre, on prend », assure Hortense, une nourrice ivoirienne, à l’AFP.

Une raison politique inavouable ?

L’architecte Virginie Picon-Lefèbvre pointe un non-dit politique : « Quand le métro est arrivé, les gens de la municipalité disaient que c'était à la fois une malédiction et une bénédiction. La question était de savoir comment faire pour ne pas perdre les électeurs », se souvient-elle. La volonté de la municipalité de rester une ville populaire empêche-t-elle un début de gentrification et donc une amélioration des conditions d’existence ?

Bon à savoir

En 15 ans, 20 personnes sont mortes à Saint-Denis suite à des incendies dans des immeubles vétustes. Face à ces drames répétitifs, la mairie s’est résolue à engager un vaste plan de lutte contre l'insalubrité (78 M€ déboursés entre 2011 et 2016).

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