Trois questions à Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement, sur l'immobilier de demain.
Le 31 août, vous avez donné le coup d’envoi de six semaines de débats et de réflexions dans le cadre du programme « Habiter la France de Demain ». Or, selon les données de SeLoger, les acheteurs veulent de l'espace, une pièce en plus, un extérieur... alors qu’un rapport récent démontre que la qualité des logements neufs s'est dégradée. Comment la politique gouvernementale peut-elle réorienter ce phénomène et remettre la qualité attendue par les acheteurs dans le logement neuf ?
C’est tout le sens de la démarche que j’ai lancée avec « Habiter la France de demain » : à la fois mieux connaître le présent et s’armer pour anticiper l’avenir. Le logement est central dans la vie des Français. Il incarne à la fois l’abri, la réponse à une nécessité (protéger sa famille) et comporte une dimension affective, pour soi et les siens, on y construit son « chez soi ». Aussi je comprends les attentes des Français sur la qualité de leur logement. Ils ont encore plus pris conscience de son importance pendant les périodes de confinement. J’ai donc demandé à un architecte (François Leclercq, NDLR) et un aménageur (Laurent Girometti, NDLR) de réfléchir à ce que doivent être les normes de qualité du logement (en matière de taille des pièces, d’orientation, de hauteurs sous plafond, d’aménagements intérieurs...). Ils me rendent leurs propositions le 8 septembre. Elles seront le fondement de ce que les professionnels pourront utiliser comme référence pour les futures constructions. J’incite ainsi chacun à s’emparer de ces références et à faire que nos concitoyens y retrouvent les réponses attendues.
Toujours selon les données recueillies par SeLoger, les acheteurs préfèrent une maison avec jardin, quand les enjeux du zéro artificialisation nette (ZAN) tendent vers la densification des espaces... Comment concilier les envies des acheteurs et les enjeux environnementaux ?
Nous savons déjà concilier ces deux impératifs : plusieurs centaines de réalisations en France montrent que nous sommes capables de proposer des habitats respectueux de l’environnement, économes en espaces naturels, confortables et de grande qualité. Vous pouvez d’ailleurs en voir certaines sur M6 dans le cadre d’un programme court. Non seulement c’est possible mais c’est impératif ! Nous allons travailler à valoriser nos « savoir-habiter » durables et désirables. Les Français connaissent peu ces réalisations mais ceux qui y habitent en sont pleinement satisfaits. Les modèles collectifs évoluent, ils sont plus écologiques, ouverts sur l’extérieur, lumineux. La maison individuelle y trouve sa place aussi mais différemment. Nous sommes capables de proposer des alternatives à la vision du lotissement loin des services et des transports d’une part et à celle du collectif exigüe et peu confortable d’autre part.
Pour avoir le logement qu'ils souhaitent, les acheteurs sont prêts à faire des travaux, selon les données SeLoger, mais à condition d'être accompagnés, notamment, par un service qui simplifierait leurs démarches. Quand l'accompagnateur Rénov' sera-t-il lancé ? Combien seront-ils ?
La rénovation énergétique est déjà un succès et MaPrimRénov' est plébiscitée par les Français. Nous allons atteindre probablement près de 800 000 demandes en 2021, soit près de deux fois plus que l'objectif fixé initialement. Mais les aides ne suffisent pas. Nous avons mis en place un véritable « service public de la rénovation », avec plus de 1000 conseillers FAIRE partout en France, qui peuvent donner des informations et des conseils gratuits pour guider les Français vers les bons travaux. Nous devons encore consolider ce service public et simplifier toujours plus l'accès aux démarches. Cela veut dire aussi encadrer et développer le métier d'accompagnateur Renov'. Cet accompagnement doit vraiment être un accélérateur pour des rénovations ambitieuses. D'ailleurs, ce type d'accompagnement existe déjà (via les espaces FAIRE notamment). Même s'il est difficile de dire aujourd'hui combien ils seront à termes car cela dépendra aussi de la demande, nous franchirons de nouvelles étapes en 2022 pour massifier cet accompagnement. Je m’y emploie activement.
Pouvez-vous nous préciser pourquoi ? (facultatif)