Mises en vente des passoires thermiques : le grand sprint avant le permis de louer !

Vincent Cuzon 07 juin 2022
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L’échéance de l’interdiction, qui leur sera bientôt faite, de proposer leurs biens à la location pousse bon nombre de propriétaires de passoires thermiques à les vendre rapidement plutôt qu’à les rénover. Cette accélération de la mise en vente de logements énergivores ne risque-t-elle pas de déséquilibrer le marché ? Cette interrogation a fait l’objet d’une étude réalisée par SeLoger et Meilleurs Agents.

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Les propriétaires seraient-ils en train de se débarrasser des leurs passoires thermiques ?
Les propriétaires seraient-ils en train de se débarrasser de leurs passoires thermiques ? © Bim – Getty Images
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Un afflux massif de biens énergivores sur le marché hexagonal

Aujourd’hui, sur les 29 millions de logements qui composent le parc immobilier hexagonal, on estime qu’entre 4,9 et 7,2 millions sont des passoires énergétiques, c’est-à-dire des logements classés F ou G par le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique). Concrètement, les passoires énergétiques représentent entre 17 % et 24 % du parc de logements de l’hexagone. Or, la loi Climat et Résilience va progressivement interdire ces logements à la location à partir de 2025. Les biens classés G seront interdits dès 2025, puis ceux classés F le seront en 2028. La mise en place d’un véritable permis de louer découlant de cette interdiction incite-t-elle les propriétaires des passoires thermiques à les vendre plutôt qu’à les rénover, se débarrassant ainsi d’un bien devenu encombrant ? Pour en avoir le cœur net, Meilleurs Agents et SeLoger ont passé au peigne fin l'ensemble de leurs annonces immobilières.

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La hausse des mises en vente de passoires thermiques.
Les mises en vente de passoires énergétiques se sont accélérées. ©DR

La part de passoires énergétiques parmi les annonces augmente

Premier enseignement à tirer de leur étude : la part de passoires énergétiques parmi les annonces immobilières de vente est en constante augmentation. En 2019, le taux de biens étiquetés F ou G au DPE « se limitait », en moyenne, à 10,5 % des annonces publiées. En 2020, 10,9 % des biens proposés à la vente étaient énergivorest et en 2021, cette proportion représentait 12,9 %.

Deuxième enseignement : l’accélération des mises en vente semble encore plus marquée sur le marché des maisons que sur celui des appartements. Jugez plutôt, la part des passoires énergétiques parmi les annonces de maisons à vendre passe de 11,4 % en 2019 à 12 % en 2020 puis à 14 % en 2021 ! En comparaison, la part d'appartements énergivores en 2019, 2020 et 2021 dans nos annonces atteignait respectivement 9,4 %, 10,1 % et 10,5 %.

Troisième enseignement : le taux des passoires énergétiques dans nos annonces progresse plus rapidement que celui des bons élèves au DPE. En 2021, le volume d’appartements classés F/G augmente de 8 % sur 1 an, alors que celui des mises en vente de logements peu énergivores (A/B/C/D/E) n’accuse que  3,5 % de hausse.

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Les mises en vente de passoires thermiques en France.
La surreprésentation des passoires thermiques n'est pas une simple vue de l'esprit. ©DR

Boom des mises en vente des passoires thermiques à la campagne

Nous l’avons vu la perspective de devoir financer des travaux de rénovation énergétique pour pouvoir proposer leur bien à la location une fois que le permis de louer aura été durci (avec l’interdiction de louer des logements étiquetés G puis F au DPE) semble bien avoir poussé (et continue de le faire) de nombreux propriétaires de passoires énergétiques à chercher à les vendre…

Mais cette accélération est-elle homogène ? Tous les territoires ont-ils été soumis à une accélération de même amplitude ? Il semble que non. En effet, il ressort de l'étude conduite par SeLoger et Meilleurs Agents qu’en milieu rural, les mises en vente de maisons énergivores bondissent (+ 7,3 % sur 1 an) alors que, dans le même temps, le flux de maisons « énergétiquement standard » proposées à la vente recule de 11,8 % en 2021. De même, à Paris, les mises en vente de biens énergivores enregistrent 17,6 % de hausse semestrielle et 34,3 % de hausse sur 1 an alors que celles des logements classés A/B/C/D/E accusent 12;6 % de hausse sur 1 an. À la lumière de ces chiffres, on est en droit de penser que la surreprésentation qui touche actuellement les biens énergivores parmi les annonces immobilières impacte non seulement leurs prix de vente (à la baisse) mais aussi leurs délais de vente (à la hausse) et que la mise en place programmée d’un permis de louer impacte la concentration des passoires énergétiques sur le marché de l’immobilier hexagonal.

Sources :  SeLoger / Meilleurs Agents

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