Trêve hivernale : gel des expulsions de locataires jusqu'au 31 mars 2023

Laetitia Lapiana
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Comme chaque année, la trêve hivernale, qui a débuté le 1er novembre 2022, prendra fin au soir du 31 mars. Encadré par la loi, ce sursis met en pause pendant cinq mois toute procédure d’expulsion d’un locataire. Qui est concerné par ce dispositif ? Quels sont les cas qui font exception à la règle ? Quid des droits du propriétaire pendant cette période ? Éléments d’explication.

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Un immeuble parisien
Zoom sur la trêve hivernale. © Steve
Sommaire

C'est quoi, la trêve hivernale ?

La trêve hivernale est une période de sursis pendant laquelle les locataires faisant l’objet d’une procédure, sont protégés contre toute expulsion du logement occupé par le propriétaire-bailleur. Et cela, durant les mois les plus froids de l’année, soit traditionnellement du 1er novembre au 31 mars de l’année suivante. De même, durant ces cinq mois, le locataire qui serait dans l’incapacité de régler ses charges et factures énergétiques – gaz, eau, électricité... – sera préservé de toute coupure d’alimentation, les montant dus étant toutefois à acquitter par ses soins à l’issue de cette période.

Basée sur le même calendrier que la trêve hivernale, la trêve des coupures d’énergie a été instaurée par la loi Brottes du 15 avril 2013 et permet aux ménages qui rencontrent des difficultés à honorer leurs factures de maintenir l’électricité, le gaz et l’eau chaude dans leur foyer pendant cette période.

Trêve hivernale 2023, bientôt la fin du sursis 

Née de l’appel de détresse lancé par l’Abbé Pierre sur les ondes de RTL durant l’hiver glacial de 1954, la trêve hivernale a été inscrite dans la loi du 3 décembre 1956. Depuis, ce délai de grâce a été rallongé à plusieurs reprises, y compris à titre exceptionnel en 2020 et 2021 en raison de la pandémie Covid-19. Mais depuis 2014, la durée et les dates de la trêve hivernale sont fixées chaque année par la loi Alur. C’est dans ce cadre que, dès 2018, son terme a pu être prolongé de quinze jours pour s’étendre jusqu’au 31 mars (au lieu du 15 mars précédemment). Cette année encore, les procédures d’expulsion « gelées » pendant les mois de trêve sont censées reprendre leur cours dès le 1er avril en France.

Trêve hivernale, les exceptions à la règle

Encadrée par loi, la trêve hivernale s’applique donc à tous les locataires concernés par un jugement d'expulsion, à quelques exceptions près :

  • Les locataires d’un logement visé par un arrêté de péril ;
  • Les locataires qui bénéficient d'une solution de relogement décente et adaptée ;
  • Les personnes qui occupent un logement de façon illégale, comme les squatteurs.
  • Les personnes coupables de violences conjugales, qui peuvent être expulsées à tout moment si une ordonnance de protection a été émise par un juge aux affaires familiales (Jam).
  • Un des deux conjoints en cas de divorce en présence d’une ordonnance de non-conciliation.
  • Les logements étudiants, quand ces derniers ont terminé leurs études.

En cas de procédure d’expulsion ou de difficultés à payer son loyer, l'Anil (Agence nationale pour l’information sur le logement) a mis en place le numéro « SOS impayés de loyers ». En composant le 0805 160 075, les particuliers peuvent obtenir gratuitement conseil et assistance pour prévenir les risques liés à une procédure d’expulsion.

Les droits du propriétaire durant la trêve hivernale

Trêve des expulsions ne veut pas dire trêve des démarches. De fait, le propriétaire d’un logement confronté à des impayés de loyers est tout à fait en droit d’entamer des démarches de résiliation de bail pendant cette période si aucune solution amiable n’a porté ses fruits. À noter que la procédure d’expulsion étant assez longue, certains bailleurs peuvent l’entamer au plus vite, y compris pendant la période de trêve hivernale.

Dans tous les cas, aucun propriétaire n’est en droit d’expulser de lui-même son locataire manu militari. Les procédures d’expulsion sont strictement encadrées par la loi, qui prévoit 30 000 € d’amende et 3 ans de prison (article 226-4-2 du Code pénal) en cas d’expulsion forcée à l’initiative du propriétaire durant cette période.

Selon les chiffres du 28e rapport de la Fondation Abbé Pierre sur l'état du mal-logement en France 2023, 4,1 millions de personnes sont mal-logées et 12,1 millions sont fragilisées par rapport au logement, dont quelque 1,2 million de locataires concernés par des impayés de loyers ou de charges.

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