Le coup d’arrêt que lui a porté la crise sanitaire n’a pas empêché le marché de l’immobilier hexagonal de redémarrer et les acquéreurs sont au rendez-vous. David Brami, co-fondateur de Point de Vente, nous livre son analyse.
Crise du Covid-19 oblige, les volumes de transactions ont chuté mais les prix des logements n’ont pas baissé. Cela vous surprend-il ?
David Brami. Oui. Car cela défie toute logique. Par certains côtés, on dirait qu’il ne s’est rien passé ! En l’espace de dix jours, nous avons signé un nombre non négligeable. Bien sûr, il s’agit de dossiers qui avaient été initiés avant le confinement. Mais les offres ont été maintenues et les ventes se sont concrétisées. La demande est là. Les acheteurs sont au rendez-vous. Tout cela est aussi surprenant que rassurant.
Interrogés lors du confinement, seulement 2 % des Français avaient renoncé à concrétiser leurs projets immobiliers. Qu’est-ce ce pourcentage vous inspire ?
Les Français ont étouffé lors de cette crise. Avec le confinement, nous avons tous été, en quelque sorte, emprisonnés. Nous nous sommes sentis prisonniers. Au sortir du confinement, la première chose que les gens ont envie de faire, c’est de vivre, de reprendre le cours de leur vie. Tout simplement.
À fin avril, le prix de l’immobilier ancien enregistre 5,2 % de hausse sur 1 an. (Source : Baromètre LPI-SeLoger).
Après la crise de 2008, les taux étaient passés de 3,5 % à 6 %, causant une baisse des prix. Douze ans plus tard, tout va-t-il (encore) se jouer autour des taux ?
Selon moi, les taux d’intérêt des crédits immobiliers remonteront peu. Cela serait douloureux pour les dettes des états comme pour les emprunteurs. Bien sûr, les taux remonteront mais cette remontée sera à la fois contenue et progressive. Selon moi, la hausse se limitera à 1 %.
Pensez-vous que le confinement change durablement les attentes des Français ?
L’être humain revient systématiquement à ce qu’il a l’habitude de faire. On voudrait changer mais on n’y arrive pas. Notre cerveau nous en empêche. Quoi qu’on fasse, on revient, inévitablement, à nos habitudes de base. Pour autant, des désirs ont clairement émergé. Les gens ont, plus que jamais, besoin de respirer. Le prix des maisons pourrait donc être amené à évoluer. Selon moi, les prix des maisons situées en première couronne parisienne vont exploser et qui sait, nous pourrions être reconfinés, un jour ? Le télétravail s’est également considérablement démocratisé. Aujourd’hui, tout le monde y a recours. Pour autant, je ne crois pas qu’il puisse s’installer dans la durée.
En France, dans l’ancien, acheter une maison coûte 3 248 €/m² (Source : baromètre LPI-SeLoger).
Pourquoi ne croyez-vous pas que le télétravail puisse se pérenniser ?
Déjà, parce qu’en télétravail, il n’y a aucune synergie, aucune interaction, aucun esprit d’équipe. Au bout d’un moment, seul(e) devant l’écran de son ordinateur, on finit par tourner en rond, chez soi… D’autre part, il est important de rappeler que ça fait du bien d’aller au travail. Psychologiquement, c’est important. Lorsque l’on sort de sa chambre pour aller dans son salon télétravailler, pour moi, on ne va pas au travail. Enfin, le télétravail fait que les liens de subordination entre un manager et ses équipes sont très distendus… Pour toutes ces raisons, je pense que le télétravail devrait être une tendance relativement marginale.
Pouvez-vous nous préciser pourquoi ? (facultatif)