DPE : la fraude bondit de 65 %… et pourrait encore s’aggraver

Paul Anthonioz
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Interdictions de louer, audits obligatoires, décotes à la revente… À mesure que les contraintes s’accumulent, la fraude au DPE s’envole. En quatre ans, les diagnostics « arrangés » ont bondi de 65 %, selon une nouvelle étude. Décryptage. 

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Malgré une intensification des contrôles, la fraude au DPE continue de progresser.
Malgré une intensification des contrôles, la fraude au DPE continue de progresser. © Getty Images
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La fraude au DPE change d’échelle

La fraude au diagnostic de performance énergétique (DPE) continue à gagner du terrain. Selon une étude publiée par la start-up KRNO, la part de « diagnostics de complaisance » a bondi de 65 % en quatre ans.

En 2021, les « petits arrangements » entre diagnostiqueurs et propriétaires visant à rehausser artificiellement la note d’un logement concernaient 2,6 % des DPE. Ils toucheraient aujourd’hui 4,3 % des diagnostics, selon KRNO.

Pour parvenir à ce constat, la jeune pousse, spécialisée dans la détection des diagnostics frauduleux, a analysé les 6,6 millions de DPE enregistrés dans la base de données de l’Ademe entre 2021 et 2025.

Ces seuils où la fraude se concentre

Résultat ? L’entreprise a remarqué des « pics » anormaux de logements juste au-dessus des seuils de changement de classe énergétique, signe que certains biens ont été surclassés volontairement.

Observatoire KRNO de la fraude au DPE

Certaines catégories sont plus touchées que d’autres. Selon l’étude, 10,9 % des biens classés F seraient en réalité des G, 16,1 % des biens classés E des F, et près de 8 % des biens classés D des E. Des écarts sans « justification physique dans le bâti français », d’après les auteurs.

L’explication ? Plus un changement de lettre entraîne des conséquences lourdes – interdiction de louer, audit énergétique obligatoire ou décote à la revente –, plus la tentation de « gagner une classe » augmente.

Une mauvaise note peut en effet coûter (très) cher aux propriétaires. Selon le Conseil supérieur du notariat, une maison classée G s’est vendue en moyenne 25 % moins cher qu’un bien classé D en 2024. Pour une maison classée F, la décote atteignait 18 %.

Plus pénalisant encore, depuis le 1er janvier 2025, les logements étiquetés G sont considérés comme « non décents » et, à ce titre, interdits à la location. Les biens classés F le seront à leur tour en 2028, avant les logements E, en 2034.

Pourquoi le pire pourrait être à venir

Pour tenter d’enrayer la fraude, le gouvernement a déjà renforcé les contrôles sur les diagnostiqueurs, limité le nombre de DPE réalisables à 1 000 par an et accru la fréquence des audits des organismes de certification. 

Pas sûr que cela suffise pourtant, car l’étude souligne un lien direct entre durcissement des règles et hausse de la fraude. Un exemple : depuis le 1er janvier 2025, les maisons de la classe E doivent faire l’objet d’un audit énergétique obligatoire, en cas de vente. Or, sur ce segment, la part de DPE « complaisants » a explosé, passant de 4,9 % en 2021 à près de 17 % au premier semestre 2025. « Ce n’est pas un bug : c’est une réaction aux contraintes économiques », explique KRNO.

Bilan : si la fraude suit la pression réglementaire, « les motivations à frauder risquent mécaniquement d’exploser en 2028, avec la prochaine interdiction de location des logements classés F », prédit Ruben Arnold, CEO de KRNO.

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