Loi Climat et Résilience, nouveau DPE… quelles conséquences pour l'immobilier ?

Xavier Beaunieux
Partager sur
FacebookTwitterLinkedin

Nous avons cherché à quantifier l'impact de la Loi Climat et Résilience et de la modification du DPE sur le marché de l’immobilier hexagonal. Les propriétaires de passoires thermiques cherchent-ils - massivement - à s’en débarrasser avant de ne plus pouvoir les louer ? Un logement énergivore se vend-il - beaucoup - moins cher qu’un bien thermiquement performant ? Les passoires thermiques mettent-elles plus longtemps à se vendre ? Éléments de réponse.

Image
Loi Climat et Résilience, nouveau DPE… quelles conséquences pour l'immobilier ?
Les passoires thermiques sont-elles une espèce en voie de disparition ? ©pixel shot
Sommaire

Vers un boom des ventes de passoires thermiques ?

Qu’on se le dise, la guerre aux logements énergivores est déclarée. En effet, la Loi Climat et Résilience prévoit de pénaliser les propriétaires de passoires thermiques en leur interdisant non seulement de revoir leurs loyers à la hausse dès l’année prochaine, mais aussi de proposer leurs logements à la location dès 2025. Mais cette sévérité accrue à l’égard des propriétaires de passoires thermiques et l’impossibilité - programmée - de les louer à l’horizon 2025 les pousse-t-elle pour autant à les vendre ? En clair, assiste-t-on à une augmentation du volume d’annonces - à la vente - de logements classés F ou G ? La réponse est oui ! Jugez plutôt, au niveau national, si l’on compare la période allant de janvier à septembre 2021 avec celle allant de janvier à septembre 2020, l’on constate que les mises en vente de maisons et d’appartements étiquetés F et G ont augmenté de 8 %. 

Plus localement, à Rennes, entre les mois de septembre 2021 et d’octobre 2021, la proportion de biens étiquetés F et G parmi les annonces immobilières de nos sites enregistre 74 % de hausse. On relève aussi une explosion des mises en vente de passoires thermiques à Paris (+ 72 %), à Nantes (+ 70 %), au Havre (+ 66 %) ou encore à Angers (+ 52 %). Cet afflux de biens à vendre ne saurait toutefois dérégler le marché immobilier tant celui-ci est pénurique.

Image
<em>Modifier Article</em> Loi Climat et Résilience, nouveau DPE… Quelles conséquences pour le marché ?
Classe énergie par classe énergie, l'évolution des mises en vente en France. ©SeLoger

Valeur verte : les logements énergivores déjà dépréciés…

Si les bonnes performances thermiques d’un logement lui confèrent une plus-value (on parle de « valeur verte ») à la revente, l’inverse est vrai. En clair, de mauvaises performances énergétiques amoindriront la valeur d’un bien immobilier. En effet, la perspective de devoir s’acquitter de factures de chauffage XXL ou encore de se trouver dans l’impossibilité de louer un bien étiqueté F ou G refroidira les acheteurs potentiels et les encouragera probablement à revoir le prix de vente à la baisse. Mais à combien ce manque à gagner se monte-t-il ? À l’échelle du pays et si l’on compare la période courant de janvier à septembre 2021 à celle courant de janvier à septembre 2020, les données que nous avons collectées nous apprennent qu’en moyenne, à surface équivalente, un logement classé A coûte 11 % plus cher, soit 380 € de plus au mètre carré, qu’un logement classé F et entre un bien classé A et un autre classé G, l’écart moyen est de 1 %, soit une différence de prix de 20 €/m². 

Au niveau local, à Brest, dans le Finistère, entre janvier et septembre 2021, les biens classés F affichent un prix de 57 % inférieur à ceux des logements - équivalents -  (surface, localisation…) mais énergétiquement plus performants car classés A. À Nîmes, la moins-value atteint 55 %. À Limoges et au Havre, la décote se monte respectivement à 49 % et à 41 %. Enfin, au Havre, la dépréciation qui affecte un bien étiqueté G par rapport à un autre classé A culmine à 54 %.

Un logement bénéficiant d’une classe énergie A coûte, en moyenne, 3 699 € du m².  C’est 17 % plus cher qu’en 2020.  (Périodes étudiées : janvier-septembre 2021 vs janvier-septembre 2020)

Les passoires thermiques mettent-elles plus longtemps à se vendre ?

Le bon ou, au contraire, le mauvais classement énergétique d’un bien immobilier influe-t-il son délai de vente ? En d’autres termes, une passoire thermique mettra-t-elle plus de temps à trouver un acquéreur ? Contre toute attente, il semble que non. En effet, sur la période étudiée, soit janvier-septembre 2021 vs janvier-septembre 2020, toutes les typologies de logements (du A au G) ont vu diminuer la durée de vie de leurs annonces immobilières sur nos sites. La pénurie d’offres qui touche le marché de l’immobilier hexagonal depuis des mois pourrait ainsi avoir pour conséquence une accélération générale des ventes et cela indifféremment de l’étiquette énergétique affichée par le bien proposé à la vente. En effet, en 2021, un bien étiquété A se vend 23 % plus rapidement qu’en 2020, un bien classé B part 37 % plus vite, un logement classé C voit son délai de disponibilité reculer de 38 %. En moyenne le délai afférent à un logement classé D est 39 % plus court qu'en 2020. Un bien F accuse une réduction de 45 % de son délai de vente. Enfin, le délai de disponibilité d’une habitation classée G affiche 51 % de baisse.

Image
<em>Modifier Article</em> Loi Climat et Résilience, nouveau DPE… Quelles conséquences pour le marché ?
Classe énergie par classe énergie, les délais de disponibilité des logements en France. ©SeLoger
Cet article vous a été utile ?
0
0

Pouvez-vous nous préciser pourquoi ? (facultatif)

Partager sur
FacebookTwitterLinkedin
Plus de conseils
Ces articles peuvent vous intéresser
A la une !
Image
Les seuils de revenus pour être éligible au PTZ ont été révisés au 1er avril 2024, et une 4e tranche a été créée pour rendre davantage de ménages éligibles. © CHUNYIP WONG - Getty images
France
Le PTZ - qui soutient l’accession à la propriété des primo-accédants - a été assoupli au 1 er avril 2024. Ce prêt accordé sans intérêt d’emprunt évolue, avec des conditions d’accès assouplies et des...
Image
Les ventes de cuisines se ont diminué de -6,9 % sur l'année 2023, après une hausse importante de +19,5 % en 2021. © sheilasay - Getty images
France
Les ventes de cuisines se sont effondrées en 2023, avec une baisse de près de 7 % des ventes sur l’année. Dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat immobilier et d'appétence pour le « do it...