Le mal-logement en France : halte aux idées reçues !

Vincent Cuzon
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Trêve hivernale, foyers les plus concernés, importance du milieu associatif... Isabelle Larochette, Présidente de la Fondation I Loge You, répond aux préjugés qui entourent la problématique du mal-logement en France.

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Le mal-logement en France : halte aux idées reçues !
Le mal-logement touche 4 millions de personnes en France. © IvanBastien
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En France, le mal-logement est une problématique récente ?

« C’est faux. Déjà en 1954, l’Abbé Pierre avait dû faire un appel, dont on parle encore aujourd’hui », indique Isabelle Larochette, Présidente de la Fondation I Loge You. « C’est lui qui, en premier, a provoqué une levée de boucliers contre le mal-logement. Par la suite, les autres associations ont suivi », précise Isabelle Larochette, dont l’association est née en 2008, avant de devenir une fondation il y a quelques années « Nous avions demandé aux professionnels de l’immobilier de donner une petite part de leurs honoraires à ceux qui n’ont pas les moyens de se loger. A cette époque-là, on reversait ces fonds à la Fondation Abbé Pierre », ajoute-t-elle. « Aujourd’hui, le mal-logement concerne 4 millions de personnes ». La Fondation Abbé Pierre pointe néanmoins une amélioration des conditions de logement dans le temps. Ainsi, en 2013, 3 Français sur 4 se disaient satisfaits de leur habitat, contre 1 sur 2 en 1973.

I Loge You organise chaque année la Journée Solidarité Logement, afin de récolter des dons et de sensibiliser le grand public au mal-logement.

Tous les locataires bénéficient-ils de la trêve hivernale ?

« C’est vrai, depuis la loi Aubry de 1998. Cette trêve hivernale dure 4 mois mais cette année avec le Coronavirus, elle va durée 6 mois », déclare la Présidente de la fondation I Loge You. « Il y a toutefois quelques petites exceptions. Tous les locataires peuvent être protégés, sauf les squatteurs et les personnes qui louent plusieurs appartements, c’est-à-dire les personnes qui ont une résidence secondaire et une résidence principale. » Les locataires d'un immeuble, qui a fait l'objet d'un arrêté de péril, ne sont pas non plus concernés par la trêve hivernale, pour des raisons de sécurité. C’est également le cas des locataires dont le relogement est assuré dans des conditions respectant l'unité et les besoins de leur famille. Pour rappel, la trêve hivernale prévoit qu'un locataire ne peut pas se faire expulser de son logement pendant cette période, même si une mesure d'expulsion a été prononcée par la justice. La trêve hivernale suspend également les coupures de gaz et d'électricité en cas de factures impayées.

Hormis quelques exceptions, aucune expulsion ne peut avoir lieu durant la trêve hivernale, allant du 1er novembre au 31 mars de l'année suivante. Cette année avec la pandémie du Coronavirus (COVID-19), la trêve hivernale est prolongée de 2 mois.

Seuls les foyers qui ont toujours vécu dans la précarité sont concernés  ?

« C’est faux. Aujourd’hui, la précarité professionnelle va très vite. Il y a des personnes qui se retrouvent très rapidement en bas de l’échelle, dans des situations dramatiques », déclare Isabelle Larochette. « Le coût actuel de l’immobilier fait également que certaines personnes ne peuvent pas se loger convenablement. Elles sont exclues du marché du logement ou se logent difficilement. Aujourd’hui, c’est aussi le coût de la vie qui met certaines personnes en situation de mal-logement. Ce phénomène touche notamment les personnes âgées », indique Isabelle Larochette. Contrairement à certaines idées reçues, le monde rural n’est pas épargné par le mal-logement. « On parle souvent des grandes villes mais le monde rural est extrêmement touché par le mal-logement. Les personnes âgées, avec leurs retraites, ne peuvent pas assumer leur maison, ne peuvent plus se chauffer. On a des cas dramatiques, dans les villages, de personnes qui souffrent du mal-logement », ajoute la Présidente de la fondation.

Le milieu associatif est-il le meilleur recours face au mal-logement ?

« C’est une question compliquée. Le mal-logement est un problème récurrent, qui date depuis la nuit des temps », déclare Isabelle Larochette. « Chez I Loge You, on part du principe “on constate, on agit“. Nous n’avons pas de liens avec les politiques », ajoute-t-elle. « Aujourd'hui, heureusement qu’il y a de grandes fondations. Il y a de nombreuses associations en France, qui agissent pour lutter contre le mal-logement. De notre côté, nous nous efforçons de les faire connaître », indique la Présidente de la fondation I Loge You, qui a toutefois un message pour les personnalités politiques : « Aidez-moi à faire que cette Journée Solidarité Logement, qui a été instaurée il y a 8 ans, devienne pérenne dans les calendriers, et que tout le monde m’aide ce jour-là », conclut Isabelle Larochette.

Podcast : le vrai du faux du mal-logement en France

L’immo en clair, une émission dédiée à l'actualité de l’immobilier, diffusée chaque mois sur RadioImmo, avec Severine Amate, Michel Léchenault et Jeremy Dubois.

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