Frédéric Giordano : « A Pierrefonds, le prix immobilier va se maintenir parce que la demande restera forte »
A Pierrefonds, les acquéreurs, loin d’avoir déserté le marché immobilier, sont de plus en plus nombreux à vouloir acheter ou louer un bien. Beaucoup de Parisiens, notamment, anticipent un autre confinement éventuel et souhaitent bénéficier d’un logement avec espace extérieur. Frédéric Giordano, gérant du Cabinet CERI, nous a fait part de ses observations et nous décrit « le jour d'après ».
Quelles répercussions la crise sanitaire pourrait-elle avoir sur le marché immobilier pétrifontain ?
Frédéric Giordano. A Pierrefonds, nous sommes sur un secteur tendu car touristique. Nous abritons beaucoup de résidences secondaires occupées par des Parisiens puisque nous sommes à moins de 100 kilomètres de la capitale. On constate toujours une forte demande aujourd’hui, mais à cause de ces deux mois de carence, nous rentrons peu, voire pas de bienS, alors qu’habituellement à cette période de l’année, nous faisons beaucoup d’estimations. Nous allons donc être rapidement gênés en termes de stock, car la demande est croissante mais les projets de ventes sont à l’arrêt. C’est donc le manque de nouveautés en portefeuille qui nous inquiète surtout, car les acquéreurs seront toujours aussi nombreux après le confinement, mais nous ne pouvons pas anticiper le comportement des vendeurs. Vont-ils se précipiter dès le 11 mai pour réaliser des estimations ? Auront-ils renoncé à mettre en vente ?
Pourquoi est-il important de poursuivre son projet immobilier même en période de confinement ?
Aujourd’hui, les acquéreurs sont là, mais nous devons encourager les vendeurs à poursuivre leurs projets de vente. Certains se demandent ce qui va se passer pour eux après le confinement, si les prix vont baisser ou augmenter, et il est difficile d’anticiper leur comportement à court et moyen terme. Nous essayons de les rassurer pour les encourager à poursuivre leur projet de vente, et nous leur disons que la demande est importante et qu’ils n’auront aucun problème à vendre rapidement. A Pierrefonds, il y a tout lieu de croire que les prix vont se maintenir parce que la demande restera forte.
Frédéric Giordano, gérant du Cabinet CERI
« Il faut profiter du confinement pour faire le tour des courtiers et faire avancer son projet immobilier, cela permet de gagner du temps ».
Par quels moyens pouvez-vous accompagner vos clients à distance ?
Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est que nous assurons un réel accompagnement, presque social, car la relation humaine s’est renforcée pendant cette crise. Par exemple, les vendeurs m’appellent pour me demander des conseils, des projections, le lien est donc bien moins commercial et davantage tourné vers la bienveillance et l’accompagnement. Nous retrouvons le sens du conseil qui est plus fort que jamais, et je pense que les clients s’en souviendront par la suite. Ils savent qu’ils peuvent compter sur nous, que nous répondons systématiquement à leurs sollicitations. Ils ont besoin d’informations au sujet des délais de vente, des procurations, des signatures à distance, des démarches à effectuer, et nous pensons également à contacter les personnes isolées pour prendre de leurs nouvelles. Tout cela va laisser un souvenir positif vis-à-vis de notre profession.
Quels conseils donner aux personnes qui se tiennent prêtes pour un retour à la normale ?
Il faut profiter de ce moment parce que les courtiers poursuivent leur travail, même à distance : il est donc temps de vérifier sa capacité d’emprunt, faire le point sur son projet, avancer sur les démarches afin de n’avoir plus qu’à concrétiser un achat en sortant du confinement. Cela permettra de rassurer les vendeurs lorsque les offres d’achat reprendront. Ces derniers sauront qu’ils ont affaire à des acquéreurs dont le projet est abouti et le dossier solide. C’est d’autant plus vrai que nous ignorons encore quelle sera la réaction des banques, les conditions d’emprunt, les taux d’intérêt, etc.
Est-ce que vous organisez des visites et des estimations à distance, notamment par visio ?
Beaucoup de réseaux nationaux sont équipés pour effectuer les visites en visio, mais ça reste du virtuel, ça occupe et ça peut inciter certains acquéreurs à se montrer intéressés davantage par des biens visités virtuellement. Mais cela n’amène pas à concrétiser une vente car l’intérêt que manifestent certains acquéreurs pour des biens à la suite d’une visite virtuelle est sous réserve de les visiter concrètement.
« Aujourd’hui, personne ne concrétise une vente uniquement sur la base d’une visite virtuelle »
Frédéric Giordano, gérant du Cabinet CERI
Pierrefonds se situe à 1h15 de Paris environ : est-ce que vous observez un regain d’attractivité concernant les biens avec espace extérieur depuis le début du confinement ?
On constate en effet un intérêt croissant pour des biens avec des espaces extérieurs en location, et des biens qui n’étaient pas spécialement attirants jusqu’à présent. Nous avons vu une demande locative augmenter fortement. Habituellement, il s’agit d’une recherche en vue d’une mutation professionnelle notamment, mais là, il s’agit de personnes qui ne veulent pas louer pour y vivre à l’année. Avec le confinement et le fait que nous serons peut-être régulièrement déconfinés puis de nouveau confinés, ces clients parisiens souhaitent un second logement qui leur permettra de profiter d’un espace plus vaste avec jardin si le besoin se fait sentir. Il s’agit d’une demande originale que nous n’avions pas observée jusqu’à présent. Cette tendance va peut-être également réveiller le marché de l’investissement locatif.
Au sortir du confinement, l’immobilier sera-t-il, plus que jamais, une valeur « refuge » ?
Oui l’immobilier restera une valeur refuge car la pierre reste un investissement concret et rassurant. Beaucoup de personnes peuvent notamment réaliser qu’elles ne sont pas propriétaires et qu’elles n’ont pas encore de patrimoine à céder à leur famille. D’autant que cette crise aura été vécue par plusieurs générations, des plus âgés aux plus jeunes, et que toutes ces personnes auront maintenant en tête que nous ne sommes jamais à l’abri d’une autre crise prochaine. Dans cette hypothèse, l’immobilier rassure, c’est quelque chose de concret qui ne nous échappe pas.
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