Baisse des coûts de l’électricité en 2025 ? Voici ce à quoi il faut s'attendre pour votre facture
Face à la baisse récente des prix sur le marché de l’électricité et au possible relèvement des taxes liées à son acheminement et à l’entretien du réseau, difficile d’y voir clair sur ce qui attend concrètement les millions de français abonnés au tarif réglementé. Un vrai nœud gordien ! La facture EDF des usagers devrait finalement connaître un allègement sensible, même s’il reste à connaître son véritable impact. Explications.
Prix du marché de l’électricité, le déclin après la flambée
Si, depuis plusieurs années, la tendance est plutôt à la hausse effrénée des prix de l’électricité, avec une augmentation du tarif réglementé de 20 % entre 2010 et 2020, 15 % en février, puis 10 % en août 2023, et enfin de 8 à 10 % au 1er février 2024, une chose est sûre : les prix du marché de gros de l’électricité commencent sérieusement à courber l’échine. Un fléchissement qui sera répercuté sur le tarif réglementé de vente d'électricité (TRVe) dès février prochain, même si son ampleur reste pour l’heure un mystère. Entre atermoiements politiques et valses ministérielles, les perspectives autour du nouveau budget 2025 attendu pour février restent floues, depuis la chute du gouvernement Barnier et son projet de loi de finances fauché en plein vol. De quoi se perdre dans le marasme des mesures qui verront ou non le jour l’an prochain en matière d’énergie, et de leurs répercussions sur la facture des 24,6 millions de français ayant opté pour un contrat au tarif réglementé ou aux offres de marché indexé au TRVe.
Quelles sont les briques tarifaires d’une facture EDF ?
Pour y voir plus clair, il convient en premier lieu de mieux comprendre les éléments qui composent une facture d'électricité :
- le coût d’approvisionnement, qui varie selon les fournisseurs et dépend de la quantité d’électricité consommée. Son prix est conditionné par celui de sa production, et est donc sujet aux fluctuations du marché de gros, structuré au niveau européen.
- Les tarifs réseaux, autrement dit le Turpe (Tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité). Il correspond au coût d’acheminement de l’électricité par les réseaux de transport et de distribution.
- Les taxes et contributions diverses sur l’énergie, au nombre de trois : la TVA (qui s’applique à 20 % sur la consommation d’électricité et à 5,5 % sur l’abonnement), la contribution tarifaire d'acheminement (CTA) et l'accise sur l'électricité (ex TICFE). Cumulées, ces taxes représentent environ 25 % du montant global de la facture.
Proposé soit par le fournisseur historique d’électricité EDF (offre Tarif Bleu), soit par des entreprises locales de distribution d’électricité (ELD), le prix du kWh d’électricité est fixé par l'État, sur proposition de la Commission de régulation de l'énergie (CRE).
La baisse du tarif réglementaire de vente va-t-elle contrebalancer la hausse des taxes ?
C’est là que les différentes briques de la facture d’électricité entrent en compte, avec des évolutions à la hausse et à la baisse selon ses composants. Une bonne nouvelle malgré tout : les usagers concernés devraient voir leur facture finale allégée dès février. Avec l’ouverture du marché de l’énergie à la concurrence, le TRVe concerne aujourd’hui quelque 80 % des foyers français – 60 % d’abonnés au tarif bleu d’EDF et 20 % ayant souscrit à des contrats indexés auprès d’entreprises locales de distribution – et est sujet à des variations annuelles. En parallèle, les tarifs réseaux et les taxes peuvent évoluer sur décision des pouvoirs publics et impacter le montant TTC de votre facture d'électricité.
Hausse du TURPE : quel impact sur la facture ?
Le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (TURPE) est traditionnellement révisé tous les quatre ans au 1er août et sujet à révisions annuelles, en fonction du niveau de l’inflation. Le TURPE 7, qui couvrira la période 2025-2028, entrera exceptionnellement en application au 1er février prochain, avec une hausse estimée de 10 %, qui se traduira par une augmentation de 2 à 3 % TTC sur la facture des consommateurs. Une décision actée par la CRE qui, motivée par la chute des prix du marché et sa forte volatilité, entend intégrer la hausse du TURPE au calcul annuel du TRVe prévu, là encore, en février prochain. Son objectif est d’éviter des variations tarifaires peu opportunes et d'assurer ainsi aux usagers un impact moins lourd sur leur facture EDF.
Taxes sur l’électricité, un avenir incertain
Aux côtés du TURPE, deux autres taxes devaient faire l’objet d’une évolution à la hausse, dans le cadre du budget 2025 porté par l’ancien premier ministre, Michel Barnier, en vue de générer des recettes et réduire ainsi le déficit public :
- La TVA sur la partie abonnements à l'électricité qui, conformément à la réglementation européenne, devait passer de 5,5 à 20 % au 1er février, en majorant la facture d’une vingtaine d’euros.
- Le relèvement de l’accise (ex-TICFE/CSPE), qui avait été abaissée à 1 euro par MWh, puis relevée progressivement à 21 €, dans le cadre du bouclier tarifaire instauré à la suite de la flambée des prix de l'énergie liée à la guerre en Ukraine.
Inscrite à l’article 7 du Projet de loi de finances (PLF) 2025, cette mesure phare devait permettre au gouvernement Barnier de dégager quelque 3 milliards d’euros de recettes, en relevant l’accise à environ 32 € par MWh.
Accise sur l’électricité : passera ou passera pas ?
Avec la motion de censure du gouvernement Barnier le 4 décembre dernier, l’augmentation de la TVA a été abandonnée, tandis que la mesure de relèvement de l’accise ou TICFE a été rejetée par les sénateurs, lors de l'examen du PLF pour 2025 du 26 novembre dernier. Mais il reste une ombre au tableau concernant l'accise à horizon 2025 : sortie par la porte, elle risque fort de revenir par la fenêtre en début d’année prochaine, plusieurs facteurs pouvant influer sur sa majoration, de l’ordre de 45 €/an, pour un foyer français consommant en moyenne 4,1 MWh d'électricité par an. Fixé par la loi de finances 2024, le tarif actuel à 21 € du MWh n’est en effet valable que jusqu’au 31 janvier 2025, date de la fin du bouclier tarifaire sur les prix de l'électricité. Or, le retour de l’accise au-delà de son niveau d'avant-crise, soit 32 € du MWh, n’est pas à exclure après cette date, tout comme de possibles rebonds liés à l’inflation, sauf mentions contraires ou autres modifications au menu du futur PLF 2025 porté par le nouveau gouvernent, là encore. À suivre...
Initialement estimée à 14 % TTC par le gouvernement Barnier, la baisse du tarif réglementé attendue pour février 2025 reste donc bien à l’ordre du jour. Elle pourrait cependant perdre quelques points au passage, avec l’augmentation anticipée du Turpe et l’impact d’autres taxes, comme l’accise sur l’électricité, si son relèvement est bien acté.
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