Airbnb menace-t-il l'accès au logement à Marseille ? Les mesures radicales de la mairie
La problématique du logement à Marseille est au cœur des préoccupations locales, notamment en raison de l'impact des plateformes de location touristique, comme Airbnb. Ces dernières années, le nombre de logements mis à disposition pour des locations saisonnières a explosé, provoquant des tensions sur le marché immobilier et une hausse des loyers. La ville s'attelle donc à encadrer ce phénomène afin de préserver l'accès au logement pour ses habitants.
La crise du logement amplifiée par les locations touristiques
L’essor des locations touristiques, dominées par Airbnb, contribue à la crise du logement à Marseille. En transformant des résidences secondaires en logements saisonniers, de nombreux propriétaires choisissent la rentabilité à court terme. Ils délaissent ainsi le marché locatif traditionnel. Cette dynamique réduit l’offre de logements disponibles pour les habitants et accentue par conséquent la pression sur les loyers.
De plus, une grande partie des logements présents sur Airbnb n'appartient pas à des résidents marseillais, mais plutôt à des investisseurs extérieurs, qui profitent de la forte demande touristique de la ville. Cette situation pèse également sur la capacité des habitants à trouver un logement à un prix raisonnable, ce qui aggrave les tensions sociales.
Les mesures prises par la municipalité pour contrôler Airbnb
Face à cette situation, la municipalité de Marseille a décidé de réagir, en imposant une réglementation stricte sur les locations de courte durée. Le maire a mis en place des mesures visant à réguler les résidences secondaires pour qu'elles ne soient pas systématiquement destinées à la location touristique. Voici certaines des principales mesures prises :
- Autorisation préalable : pour qu'un logement soit mis en location touristique, les propriétaires doivent obtenir une autorisation préalable de la mairie. Cette autorisation vise à contrôler l’usage des biens immobiliers et à éviter que des résidences secondaires soient massivement transformées en locations saisonnières.
- Règle de compensation : les propriétaires souhaitant louer leur logement sur Airbnb doivent respecter une règle de compensation. Ils ont par exemple l'obligation d'acheter un autre logement à Marseille et de le mettre sur le marché locatif traditionnel. Cette mesure contribue à maintenir un équilibre entre locations touristiques et logements accessibles.
Une brigade d’agents pour faire respecter la loi
Pour garantir l'application de ces nouvelles règles, la ville de Marseille a également constitué une équipe d'agents dédiée à la surveillance des annonces Airbnb. Ce groupe, surnommé « la brigade Airbnb », a pour mission d'identifier et de sanctionner les pratiques illégales liées aux locations de courte durée.
Ces agents assermentés ont la responsabilité de vérifier la conformité des annonces publiées en ligne et de contrôler les logements sur le terrain. En collaborant avec d'autres services municipaux, la brigade permet d'assurer un meilleur respect des règlements et de lutter contre l'évasion fiscale qui peut accompagner les locations non déclarées. Ces efforts contribuent à maintenir un marché locatif accessible pour les habitants, tout en réduisant les abus.
Les conséquences des mesures sur les propriétaires et les habitants
Les nouvelles réglementations imposées par la mairie de Marseille ont des conséquences directes pour les propriétaires et les habitants de la ville. D’une part, les propriétaires de résidences secondaires sont confrontés à des restrictions importantes, qui les obligent à repenser l’usage de leurs biens. Ceux qui ne souhaitent pas acheter un autre logement en complément pour respecter la règle de compensation doivent envisager de louer leur logement sur le marché traditionnel.
D'autre part, ces mesures bénéficient aux habitants marseillais : elles permettent de freiner la hausse des loyers et d'augmenter le nombre de logements disponibles. Les restrictions imposées aux propriétaires non-résidents entraînent également un renforcement de la présence des habitants locaux dans les quartiers. Elles contribuent ainsi à la mixité sociale et à la cohésion de la communauté marseillaise.
Marseille : un modèle de lutte contre la gentrification liée à Airbnb ?
Avec ces nouvelles mesures, Marseille souhaite se positionner comme une référence en matière de régulation des locations de courte durée en France. La ville entend lutter contre la « gentrification » provoquée par l'essor d'Airbnb et d’autres plateformes similaires. En imposant des règles de compensation et en limitant le nombre de logements mis en location touristique, Marseille espère préserver son identité et éviter la transformation de ses quartiers historiques en zones exclusivement destinées aux touristes.
Cette approche s'inscrit dans une tendance plus générale, observée dans plusieurs grandes villes françaises. Elles cherchent en effet à mieux encadrer les locations saisonnières afin de préserver l’accès au logement pour leurs habitants. Marseille fait écho à des initiatives similaires menées à Paris ou Saint-Malo, 2 villes qui souhaitent également protéger leur tissu urbain des conséquences négatives des locations à court terme.
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