Selon le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre, publié en janvier, 8 millions de personnes sont mal logées, en France. Un mal qui s'aggrave depuis la crise sanitaire alerte I Loge You à l'occasion de sa Journée Solidarité Logement.
La crise sanitaire aggrave le mal-logement
Le chiffre est colossal : 8 millions de personnes sont en situation de mal-logement en France selon la Fondation Abbé Pierre. Une situation stable par rapport à 2019, « mais ça, c’était avant la crise sanitaire ! », prévient Isabelle Larochette, fondatrice de I Loge You. En effet, depuis le mois de mars, le Secours Populaire a annoncé un bond de 45 % des personnes aidées. « Aujourd’hui, la situation est devenue dramatique. Les refuges sont pleins, les Restos du Cœur créent de plus en plus de refuges et les conditions de confinement dans des petites surfaces ou des logements précaires engendrent une grande détresse, notamment chez les familles nombreuses et les personnes isolées », s’inquiète Isabelle Larochette.
Le logement indigne, autre grand défi
Cette détresse est notamment présente dans la cité phocéenne, où l’on commémore aussi ce 5 novembre les deux ans des effondrements de la rue d’Aubagne, qui avaient fait huit victimes. « L’échelle de l’indigne à Marseille est sans commune mesure avec le reste de France », confie Patrick Amico, adjoint au logement de la nouvelle mairie. « Le logement indigne touche parfois des quartiers entiers, comme dans le 3e arrondissement où près de la moitié des immeubles pose problème et où 50 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. » On recense, en effet, à Marseille plus de 40 000 logements indignes, dans lesquels près de 100 000 personnes se sont retrouvées confinées en mars. En France, la fondation Abbé Pierre dénombre, elle, 600 000 logements indignes.
« Ce problème de l’habitat indigne soulève la problématique des propriétaires pauvres », souligne Isabelle Larochette. « La plupart du temps, on est confronté à des copropriétés très pauvres, à Marseille notamment, qui ne sont pas en situation de pouvoir entretenir ou rendre décents leurs appartements. » Un constat confirmé par Patrick Amico qui affirme que 80 % de l’habitat indigne marseillais est issu du parc privé. La nouvelle municipalité s’est engagée à soutenir les propriétaires de logements indignes, notamment à travers l’ordonnance d’arrêtés de périls, l’aide de l'Agence nationale de l’habitat (Anah) et l’intervention de la Société publique locale d’aménagement.
Financer la rénovation sur le terrain
Alors pour répondre au besoin de mieux vivre, I Loge You mutualise les énergies des acteurs de l’immobilier. La fondation met en relation les professionels du secteur et les associations. « L’idée d’I Loge You est de sensibiliser les agents immobiliers et les entreprises afin qu’ils reversent 1 % de leurs chiffres d’affaires aux associations qui œuvrent contre mal-logement », explique Isabelle Larochette. Elle reçoit également des fonds, mais toujours pour agir de manière concrète sur le bâti ! En effet, la fondation ne fait pas d’accompagnement social, mais elle finance des projets de rénovation. « Et on passe toujours par des associations afin de s’assurer que les fonds soient bien utilisés », précise Isabelle Larochette. En sept ans d’existence, I Loge You a ainsi participé à la rénovation d’un orphelinat, à l’aménagement d’un refuge pour femmes victimes de violence ou encore à l’accompagnement de compagnons bâtisseurs qui rénovent les logements de personnes isolées.
Pérenniser la Journée Solidarité Logement
Alors si le travail de terrain ne manque pas, c’est aussi un travail de visibilité que cherche à opérer I Loge You et ce, notamment, grâce à cette Journée de Solidarité Logement, qui a regroupé professionnels de l’immobilier (dont SeLoger) et associations, mais aussi médias spécialisés et bénéficiaires. « Notre but cette année est vraiment d’arriver à l’inscrire dans l’agenda politique, d’en faire un véritable rendez-vous et j’espère que la ministre du logement m’entendra sur ce point », prône la fondatrice. « On est aussi conscient que les pouvoirs publics ne peuvent pas agir seuls, c’est pourquoi on doit tous s’impliquer. J’en appelle à la conscience et à la responsabilité de chacun. Nous devons tous faire attention aux gens qui nous entourent et cela ne passe pas forcément par des dons financiers mais avant tout par l’aide humaine. »
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