Le tour de force de ces villages français précurseurs en autonomie énergétique

Laetitia Lapiana
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Face aux défis de la transition énergétique, à l’inflation des énergies et, plus récemment, au rebond du prix de l’électricité, plusieurs communes et villages ont pris le virage de l’autonomie énergétique pour faire baisser la note et favoriser la production d’énergies renouvelables. En pleine essor, la tendance fait de plus en plus d’adeptes çà et là sur le territoire et ouvre la voie à des stratégies novatrices pour toujours plus d’autonomie et de préservation de l’environnement. Focus sur trois communes pionnières – Le Mené, Muttersholtz et Montdidier –, qui ont relevé le défi (très) haut la main.

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éolienne
En France, l’énergie éolienne – cruciale dans la stratégie bas carbone – est la deuxième source de production d’électricité renouvelable après l’hydraulique. @gettyimages
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Collectivités et autonomie énergétique, de grandes ambitions

On n’en parle probablement pas assez. Et pourtant, partout en France, des villes, villages, communes et grandes agglomérations ont redoublé d’ambition et d’effort pour partir à la conquête de l’autonomie énergétique. Panneaux photovoltaïques, parcs éoliens, exploitations forestières contrôlées, chaufferies biomasse, réseaux de chaleur, turbines hydroélectriques, géothermie, bio-méthanisation, éclairages publics à LED, isolation des bâtiments, construction d’infrastructures publiques et de bâtiments basse consommation (BBC) ou à énergie positive... À l’heure où la crise énergétique bat son plein et où le prix de l’énergie s’embrase, plusieurs stratégies de sobriété et de mix énergétique ont été mises en place avec succès pour atteindre l’autonomie tant escomptée.

Le Mené (Bretagne), le grand pari du mix énergétique

Née de la fusion de sept bourgs, la commune nouvelle du Mené (6 500 habitants) dans les Côtes d’Armor, fait littéralement figure de proue en matière de développement durable. Sur les chapeaux de roues depuis 2004 face aux défis de l’autonomie énergétique, Le Mené s’est lancée dans la grande aventure des énergies renouvelables pour couvrir, à horizon 2030, la totalité de ses besoins en électricité et chauffage. Près de vingt ans plus tard et 30 millions d’euros d’investissements dans le mix énergétique, l’autosuffisance se rapproche à grands pas grâce à la mise en place d’une multitude de stratégies audacieuses qui permettent actuellement de produire 60 % de l’énergie consommée :

  • La création en 2011 de la première unité de méthanisation territoriale en France qui, grâce à la transformation des matières organiques biodégradables, permet de produire quelque 15 GW/an d’électricité et 14,4 GW/an d’énergie thermique. Un processus qui couvre l’approvisionnement de quelque 4 000 foyers de la commune et qui, sur le plan environnemental, permet de faire l’impasse sur 9 800 tonnes de rejet de CO2 par an.
  • La mise en place de deux parcs éoliens (dont un participatif), produisant annuellement plus de 9,6 MW d’électricité et couvrant la consommation annuelle de près de 7 000 foyers.
  • L’installation d’un réseau de chaleur innovant grâce à cinq chaufferies collectives alimentées par des plaquettes de bois en provenance des forêts locales.
  • Des panneaux photovoltaïques installés sur les toits des plateformes bois-énergie, sur l’huilerie de colza (qui produit du biocarburant), divers bâtiments publics et chez de nombreux particuliers, qui en plus de fournir de l'électricité, permettent de produire du surplus revendu à EDF.

Alimentées par les sources naturelles que sont le soleil, le vent, l’eau et la chaleur la terre, les énergies renouvelables (EnR), également appelées énergies propres ou vertes, se répartissent en cinq grandes familles permettant de produire chaleur et électricité sans émission de CO2 (contrairement aux énergies fossiles) : énergie solaire, éolienne (terrestre et en mer), biomasse, hydraulique et géothermie.

Muttersholtz (Alsace), quand indépendance énergétique rime avec zéro facture

Village alsacien au charme typique comptant quelque 2 200 âmes, Muttersholtz a été élue capitale française de la biodiversité en 2017 et figure également au rang de précurseur en matière de transition écologique. Depuis plus de quinze ans, la petite voisine de Sélestat multiplie les initiatives autour de deux axes majeurs : les économies et la production d’énergie. Dès 2008, divers programmes ont été mis en place pour agir sur la consommation de l’électricité :

  • Réduction des éclairages publics nocturnes, avec des lampadaires publics à LED.
  • Isolation et la transformation des infrastructures publiques en bâtiments basse consommation (BBC) pour diminuer les besoins en chaleur qui, en marge des efforts réalisés sur l’éclairage public, on permit de faire baisser la note de 40 % sur la consommation de la commune entre 2010 et 2020.
  • Création, en 2015, d’un gymnase à énergie positive de 600 m2, équipé de panneaux solaires sur les toits.
  • Mise en place de chaudières à bois et panneaux photovoltaïques sur les toits de plusieurs bâtiments communaux.
  • Mise en service, en 2020, de la mini-centrale hydroélectrique de l’Ill qui, en marge d’autres initiatives, permet aujourd’hui à Muttersholtz de produire trois fois plus d’électricité qu’elle n’en consomme et de réaliser environ 43 000 euros d’économies par an.

Bonne nouvelle pour la planète ! Dans son dernier rapport « Électricité 2024 » publié en janvier, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que les énergies renouvelables – solaire photovoltaïque en tête –  sont en passe de devenir la première source de production d’électricité mondiale devant le charbon. Elles devraient générer, dès 2026, quelque 37 % de l’électricité de la planète contre 30 % en 2023.

Montdidier (Hauts-de-France), premier parc éolien public de France

À la pointe du développement durable, cette commune d’environ 6 500 habitants dans la Somme innove depuis plus de 20 ans pour atteindre l’autosuffisance énergétique, fixée à horizon 2026. Dès 2011, la commune a inauguré le premier parc éolien public en France, doté de moulins à vent modernes qui profitent aujourd’hui à plein régime des plaines venteuses de la Somme pour couvrir 50 % des besoins de la commune en énergie verte, soit la quasi-totalité des bâtiments publics, ainsi que des habitations privées. Mais ce n’est pas tout : l’excédent non stocké des éoliennes revendu à EDF génère actuellement 150 000 euros de recettes annuelles.

Outre le parc éolien public, une chaufferie biomasse a aussi été installée pour chauffer au bois les infrastructures communales, ce qui offre 20 % d’économies. À suivre : la mise en place, très prochainement, de deux parcs photovoltaïques destinés à augmenter la production d’électricité verte en quantité suffisante pour atteindre 100% d’indépendance énergétique.

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