Couvents, presbytères, chapelles... et si vous achetiez un bien immobilier religieux ?
Amateurs de vieilles pierres, il est possible d’acquérir un bien religieux comme un couvent, un presbytère ou une église. Certains sont vendus déjà rénovés tandis que d’autres attendent d’être transformés, comme le souligne Julien Haussy, dirigeant de Espaces Atypiques.
SeLoger. Quels types de biens « sacrés » avez-vous l’occasion de vendre ?
Julien Haussy. Nous pouvons vendre différents types de biens religieux, il s’agit par exemple de couvents, de presbytères, de chapelles, et plus récemment nous avons même vendu une église près de Bordeaux. Mais les églises et les chapelles restent plus rares.
La vente de biens immobiliers religieux est-elle un phénomène nouveau ?
Ce n’est pas un phénomène nouveau et il n’y en a pas tant que ça. Nous avons essentiellement des presbytères et des couvents, ce sont les biens qui constituent la majorité des biens religieux à vendre. Les églises en tant que telles sont plus difficiles à dénicher. Nous en avons, par exemple, vendu une récemment qui se situe près de Bordeaux, mais elle fait partie des biens rares parce qu’il faut désacraliser le bien avant qu’il ne puisse être vendu. Les Anglo-Saxons désacralisent plus facilement ces biens, mais en France, c’est beaucoup moins évident. De plus, les églises et les chapelles tombent le plus souvent dans le domaine public et le bien est généralement désacralisé lorsque la commune n’a plus les moyens de l’entretenir, c’est donc elle qui finit par le mettre en vente.
Presbytères, chapelles, l'acquereur peut-il les transformer comme il veut ?
Il peut transformer comme bon lui semble l’intérieur du bien. En ce qui concerne l’extérieur, l’Architecte des Bâtiments de France continue d’intervenir pour assurer la protection et la préservation du bien. Mais certaines transformations sont possibles, même si elles sont encadrées par l’Architecte des Bâtiments de France. Par exemple, dans une église ou une chapelle, il faut généralement créer des ouvertures, des fenêtres, ce qui n’est pas le cas des presbytères ou des couvents qui faisaient déjà office d’habitation. A l’intérieur, tout est possible et puis les personnes, qui acquièrent ces biens, souhaitent respecter l’édifice religieux, le mettre en valeur et le préserver au maximum.
Qui achète ce type de biens immobiliers ?
Déjà, ce sont toujours des amoureux de la vieille pierre. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce sont rarement des catholiques pratiquants qui achètent ces biens pour sa dimension religieuse. Ce sont plutôt des personnes qui ne sont pas vraiment croyantes. Il faut dire que pour certains pratiquants, transformer un bien religieux n’est pas une démarche évidente car cela signifie en quelque sorte transgresser les lois.
C’est généralement dans les petits villages ayant peu de moyens que l’on trouve davantage de biens « sacrés » à transformer ».
Julien Haussy, dirigeant et fondateur de Espaces Atypiques.
Si l’on recherche un bien religieux à acheter, y a-t-il des secteurs à privilégier ?
Pas vraiment, et d’ailleurs, la démarche des personnes qui achètent ces biens n’est jamais d’acheter un bien religieux. Ce sont des personnes qui recherchent un bien ancien, et c’est le lieu et l’opportunité qui vont créer le coup de cœur. Beaucoup visitent d’anciennes chapelles, d’anciens couvents ou presbytères et se disent que finalement, le charme est intact, la hauteur sous plafond est importante, et concernant les biens à transformer, le prix est généralement très correct.
Vous vendez surtout des biens à transformer ou qui ont déjà fait l’objet de transformations auparavant ?
Ce sont essentiellement des biens déjà transformés en habitation, en tous cas en ce qui concerne les presbytères et les couvents la plupart du temps. En revanche, lorsque nous entrons une chapelle ou une église à vendre, on retrouve les deux cas de figures. Les chapelles sont davantage transformées car elles sont plus souvent déjà privées. Elles étaient rattachées à un château ou une propriété qui bénéficiait de sa propre chapelle. Les églises à transformer sont extrêmement rares, et ces projets sont souvent tournés vers l’ouverture de chambres d’hôtes par exemple.
Le prix de la rénovation coûte environ 1 000 à 2 000 €/m² ».
Julien Haussy, dirigeant et fondateur de Espaces Atypiques.
Quel est le prix à prévoir pour acheter un bien religieux ?
Lorsque les biens ne sont pas encore transformés, ils ne sont pas si faciles à vendre car il faut avoir un projet de rénovation important, et souvent, ils ne se vendent pas très cher. Le coût de la rénovation est en moyenne de 1 000 à 2 000 € le m², ou plus pour des projets exceptionnels. Mais une fois que le bien est rénové et transformé, ils valent bien plus cher, cela dépend du secteur et du type de bien. Ces biens obéissent aux mêmes règles que l’immobilier d’une façon générale : les prix sont fixés selon la localisation, l’état du bien, la surface, etc.
Y a-t-il des endroits où l’on trouve davantage de biens « sacrés » ?
Il y en a pas mal dans l’ouest de la France, dans les Pays de la Loire, vers Angers, vers Nantes. Ils sont souvent en périphérie des villes voire majoritairement en campagne. Mais on en trouve un peu partout et de temps en temps, de façon plus rare, on en trouve plus près des villes.
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