Rien que d’en parler, ça nous gratte. Les punaises de lit envahissent nos lieux de vie jusque dans nos pires cauchemars. Un fléau qui empoisonne la vie d’un Français sur dix selon une étude récente de l’ANSES*. Mais ne cédons pas à la panique ! Pour combattre ce phénomène épidémique, il faut le comprendre et prendre toutes les (meilleures) précautions. On vous explique tout sur ces nuisibles pour retrouver des nuits paisibles.
Oh, punaise !
On vous le répète : les punaises de lit n’ont absolument rien à voir avec un supposé manque d’hygiène. Ces insectes sont hématophages, ils se nourrissent de sang humain. Pour eux, n’importe quel être humain est un « garde-manger ». La seule bonne nouvelle, c’est qu’elles ne transmettent aucune maladie.
Mais pourquoi ce parasite accapare toute notre attention ? Tout simplement à cause de la mondialisation et du manque de pédagogie.
Les voyages, le transport de marchandises et leur résistance aux insecticides ont occasionné une recrudescence des punaises de lit. La Chambre syndicale de désinfection, désinsectisation et dératisation (CS3D) révèle même que les interventions ont augmenté de 65% cet été par rapport à 2022. En effet, elles trouvent refuge dans nos valises et sur nos vêtements, puis se déplacent sans foi ni loi (et sans sauter ni voler) à nos côtés quand on se rend au cinéma, à l’hôtel ou quand on prend les transports. La propagation est alors très rapide !
Les punaises se reproduisent à la vitesse grand V. Une femelle pond environ deux à quinze œufs par jour. Ils éclosent dans les 10 à 14 jours puis atteignent le stade adulte au bout de quatre à six semaines environ. Une invasion exponentielle également due aux mâles reproducteurs sur-actifs !
Repérer les punaises de lit
Physiquement, elles sont peu ragoûtantes. Elles changent de taille en fonction de leur stade de développement. Elles ressemblent à un grain de riz microscopique et translucide au stade œuf, puis à un grain de sésame au stade larve pour finir par ressembler à un pépin de pomme de couleur brune à maturité. Bien qu’elles sortent surtout quand il fait sombre, elles sont particulièrement visibles au dernier stade puisqu’elles mesurent environ 6 mm. Il existe trois moyens principaux pour les repérer.
Les piqûres. Là, il faut être très attentif parce que les piqûres de punaises de lit n’ont absolument rien de spécifiques ! Ce qui peut vous mettre la puce à l’oreille, c’est leur répétition et leur disposition (en ligne ou par trois). Néanmoins, cela peut prendre des semaines avant de s’en apercevoir, le temps qu’elles se reproduisent. Notre collaboratrice Marion a vécu l’enfer des punaises de lit et nous raconte : “Notre petit garçon de six mois avait des boutons mais nous pensions que c’était une allergie. Puis un mois après l’apparition de ses éruptions, j’ai commencé à me gratter alors que mon conjoint, lui, n’avait toujours rien. On a compris que c’était des punaises de lit le jour où l’on en a vu une, un soir très tard, se balader sur notre lit”.
Leurs refuges. Si vous avez le moindre doute, vous pouvez vérifier leurs endroits préférés. D’abord les lieux où elles trouvent à manger rapidement : lit, sommier, matelas, canapé, tapis. Il faut ensuite vérifier les prises, derrière les tableaux, les plinthes, sous les meubles, fissures au sol et dans les murs, au niveau des raccords de papier peint… Bref, tous les endroits et recoins où il est possible de glisser une carte de crédit.
Les traces. Vous pouvez trouver des petites tâches de sang sur votre linge de lit ou au niveau de leurs cachettes. Il y a également leurs déjections qui peuvent facilement se confondre avec les imperfections du bois. Pour vous en assurer, essayez d’essuyer ces petites tâches avec un chiffon et de l’eau. Plus difficiles à repérer : la mue. Dès qu’elles grandissent, elles changent de peau et les abandonnent derrière elles.
Les punaises de lit peuvent vivre sans se nourrir plus d’un an. Il est déconseillé d’abandonner son logement en se disant qu’elles vont mourir seules.
Éradiquer les punaises de lit
À la moindre suspicion, il faut vérifier tout de suite afin de traiter l’infection au plus tôt. Lutter contre les punaises par soi-même demande du temps, de la rigueur et de l’organisation. En cas de traitements spéciaux par un professionnel, la facture peut vite être salée.
Une fois le problème détecté, il faut mettre les lieux en quarantaine (voire plus) pour éviter de les déplacer. Par exemple, en mettant du scotch double face autour du lit ou au pied de la porte pour qu’elles s’y accrochent, et empaqueter livres, papiers et vêtements dans des sacs hermétiques afin de les traiter à part.
Il est conseillé de laver les vêtements et le linge de lit, s’ils sont adaptés, à 60°C puis de les passer au sèche-linge à 90°C. Ou alors, de tout mettre au congélateur 72 heures minimum. Gardez en tête de tout mettre dans des sacs afin de les isoler.
Ensuite, commence le nettoyage le plus minutieux possible. Il faut passer l’aspirateur avec l’embout fin dans chaque coin afin de ne laisser aucune chance aux œufs et aux larves. Mais attention, ça ne les tue pas ! Il est nécessaire de mettre le contenu de l’aspirateur dans un sac en plastique fermé puis dans un sac poubelle à jeter dehors. Un lavage de l’aspirateur à l’eau savonneuse est également à prévoir.
Comme ces bébêtes détestent les températures extrêmes, le traitement thermique à la vapeur sèche ou cryogénique est une excellente solution. Des machines puissantes et adaptées qui atteignent les températures recommandées, soit de 180°C à -78°C, sont disponibles en location.
Il existe également des pièges à placer au niveau des pieds de lit dans lesquels elles viennent se coincer. Il est tout à fait envisageable de les remplir de terre de diatomée puis d’en disperser dans tous les recoins où elles peuvent se cacher à l’aide d’un aérosol. Même si c’est un insecticide naturel, il faut l’appliquer avec précaution (gants et masque) et faire attention s’il y des enfants dans les parages.
Demander de l’aide auprès d’un professionnel
“Ce que je conseille avant tout, si vous êtes à un stade avancé, c’est de ne surtout pas les écraser parce qu’elles s’alertent entre elles. Et de faire appel à un professionnel” nous suggère notre collaboratrice. Là encore, il faut être vigilant. S’il y a besoin d’un traitement insecticide, demandez un certificat Certibiocide en cours de validité délivré par le Ministère de l’Écologie. Ce document prouve que l’entreprise respecte le protocole de traitement. En effet, notre jeune maman nous explique qu’elle a perdu du temps et de l’argent en faisant appel au premier professionnel venu sans se renseigner : “Dans le stress et le désespoir, on va super vite sans vraiment faire attention aux arnaques possibles”. Après avoir trouvé la bonne entreprise, il lui aura fallu environ deux mois pour s’en débarrasser. Concernant le budget, la lutte peut coûter cher, 866 € en moyenne (selon l’ANSES*).
“C’était il y a trois ans et c’est encore un traumatisme. Surtout que le nid était sous le lit de notre bébé” se remémore Marion.
Traiter les punaises de lit : que dit la loi ?
La loi ELAN précise qu’un propriétaire doit remettre un logement décent, dépourvu de tout nuisible. Si le locataire se rend compte au bout de quelques semaines après emménagement que l’appartement est infesté, le propriétaire devra tout prendre en charge. Ce sera toujours le cas en cours de bail sauf s’il arrive à prouver qu’il s’agit d’un mauvais comportement du locataire. Ce qui est très difficile.
Faire de la prévention
On connaît tous la maxime : mieux vaut prévenir que guérir. Elle n’aura jamais été aussi vraie concernant les punaises de lit. Pour éviter la propagation, il faut prendre certaines mesures. Surtout avec les Jeux Olympiques de Paris 2024 qui arrivent et tout le brassage humain qu’il comprend.
Pour les adeptes des achats en seconde main, en ligne ou en brocante, il faut mettre les vêtements au congélateur ou les nettoyer à la vapeur, et désinfecter les meubles en suivant la même méthode.
Lorsque vous partez en voyage, inspectez le matelas et ne posez ni votre valise ni votre sac à dos ou même vos vêtements à même le sol, elles pourraient venir s’y loger. Ou alors, dans la salle de bain. À votre retour, emballez vos affaires, mettez-les au congélateur ou lavez-les suivant le protocole.
Si vous pensez avoir été exposé, ou, au contraire, vous souhaitez être rassuré à la fin d’un traitement, vous pouvez faire appel à des détecteurs canins. En cas d’infection, dites-vous que c’est l’occasion de commencer à faire du tri afin de garder son intérieur nickel.
Prendre une assurance
Certaines entreprises spécialisées commencent à proposer des assurances pour couvrir les frais de traitement contrairement aux assurances habitations. En effet, il est très rare qu’elles couvrent ce genre de désagréments.
En parler autour de soi
Il n’y a aucune honte à avoir des punaises de lit. Cela ne remet pas en cause le niveau de propreté des personnes infectées. Par ailleurs, la communication, ça a du bon pour le porte-monnaie. En effet, si un immeuble se rend compte que plusieurs appartements en sont victimes, mettre tout le monde au diapason permet de mutualiser les frais de passage d’un professionnel.
Libérer la parole sur ce sujet peut substituer des dépenses inutiles et des détresses psychologiques. Restez vigilants !
*L’Anses est l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
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