Encadrement des loyers : à Paris, les premières sanctions sont tombées !
Depuis le 1er janvier 2023, la Ville de Paris est en capacité de contrôler et de sanctionner les propriétaires qui ne se conforment pas à l’encadrement des loyers. En ce mois de février, une douzaine de mises en demeure ont ainsi été adressées aux propriétaires récalcitrants. En appui, le franc-succès de la plateforme en ligne dédiée, qui a déjà permis à nombre de locataires de donner l’alerte. Explications.
142 signalements de loyers non-conformes en un mois !
Tout juste quelques semaines après le lancement par la Ville de Paris d’un outil permettant de signaler les loyers abusifs, quelque 142 signalements de loyers trop élevés ont été recensés dans la capitale. Mise en place le 1er janvier dernier, une plateforme en ligne permet désormais à tous les locataires de faire cas d’un dépassement de loyer via un formulaire dédié et ce, pour tous les baux signés après le 1er juillet 2019, date d’entrée en vigueur de l’encadrement des loyers à Paris, dans le cadre de la loi Alur. Une véritable arme pour lutter efficacement contre les abus et favoriser ainsi une régulation plus équitable du marché locatif parisien.
Opérationnelle depuis le 1er janvier 2023, la plateforme d’encadrement des loyers de la mairie de Paris intègre un formulaire de signalement, mais elle permet aussi au locataire d’effectuer des simulations pour vérifier si son loyer est bien dans les clous par rapport aux montants autorisés. À noter que le locataire dispose de trois ans après la signature de son bail pour signaler un éventuel dépassement de loyer.
Contrôle des loyers : Paris prend la main
Déjà, lors d’une conférence de presse du 5 janvier, l'adjoint au logement de la mairie de Paris, Ian Brossat, avait annoncé sa détermination à « limiter au maximum les abus et arriver à terme à un encadrement des loyers totalement respecté », via la mise en place de cette plateforme et, surtout, grâce à la délégation de compétences de contrôle et de sanction que la Marie de Paris a pu obtenir des services de l'État. Une première en France pour une collectivité locale, qui reprend la main sur l’encadrement des loyers à la suite de la préfecture d'Île-de-France, qui n’avait recueilli que 120 signalements en trois ans, contre 142 en 1 mois par la mairie de Paris.
La chasse aux loyers abusifs est lancée !
Engagée dans une véritable chasse aux loyers trop élevés par rapport aux seuils autorisés, la ville de Paris n’a pas tardé à faire bon usage de ses nouvelles compétences, puisqu’elle a adressé, dès le 6 février, les premiers courriers de mises en demeure, une douzaine pour l’heure, auprès des propriétaires qui contreviennent à l’encadrement des loyers en vigueur dans la capitale. Objectif : réclamer le remboursement du trop-perçu et la mise en conformité du loyer incriminé. Le cas échéant, les propriétaires particuliers encourent une amende pouvant aller jusqu'à 5 000 €.
Tout dépassement de loyer ne place pas systématiquement le bailleur en situation d’illégalité. Certains « compléments » de loyer peuvent effectivement se justifier par des caractéristiques exceptionnelles inhérentes au logement loué. Si le locataire considère ces compléments « abusifs », il peut alors se tourner vers la commission de conciliation.
Dépassements de loyers… les petites surfaces voient grand
Ce n’est hélas pas une surprise : l’encadrement des loyers, qui a été réintroduit il y a 3 ans, n’a pas obtenu les effets escomptés. En effet, d’après l'Observatoire des loyers de l'agglomération parisienne (Olap) et le dernier baromètre de l’encadrement des loyers de la Fondation Abbé Pierre, 31 % des baux signés à Paris dépassent le seuil légal, avec des excès plus nombreux pour les petites et les très petites surfaces. De fait, 86 % des signalements concernent des studios ou des deux-pièces. Pour la Fondation Abbé Pierre, 68 % des logements de moins de 20 mètres carrés affichent un loyer avec des valeurs supérieures au maximum théorique. Des dépassements que l’Olap chiffre en moyenne à 12 % du loyer total, soit un surplus d’environ 161 euros par mois. Parmi les secteurs les plus concernés par ces excès, les 11e, 18e et 20e arrondissements arrivent en tête, notamment du fait qu’ils concentrent un grand nombre de petites superficies.
Si certains dépassements se chiffrent en quelques dizaines d’euros, d’autres peuvent s’envoler. Parmi les signalement reçus par la mairie de Paris, Ian Brossat a porté en exemple ce deux-pièces de 32,5 mètres carrés dans le 11e arrondissement, dont le loyer dépassait de plus de 200 € le plafond légal.
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