Grenoble : « Il y a un vrai engouement pour les maisons depuis le déconfinement »

Anissa Duport-Levanti
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Quel impact la crise sanitaire a-t-elle eu sur le marché immobilier grenoblois ? Les acquéreurs se portent-ils davantage sur des maisons individuelles ? Le marché de la location est-il toujours aussi tendu ? Nicolas Vallier, chef de l’agence La Forêt de Grenoble Notre-Dame, nous répond.

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Grenoble : « Il y a un vrai engouement pour les maisons depuis le déconfinement »
À Grenoble, le marché immobilier a été marqué par la crise sanitaire. © colores

En cette rentrée 2020, comment se porte le marché immobilier locatif à Grenoble ?

Nicolas Vallier. Le marché se maintient en termes de prix mais l’offre reste insuffisante par rapport à la demande. Étant une grosse ville étudiante, les loyers sont logiquement en augmentation, mais surtout le nombre de biens disponibles est en flux tendu. À partir de fin août nous n’avons plus de stock et beaucoup de gens qui arrivent après la bataille ont du mal à se loger. Actuellement, on a des demandes tous les jours mais nous n’avons plus de biens à proposer. En plus, il y a eu beaucoup de séparations après le confinement et on observe qu’en général un des ex-conjoints garde le bien et l’autre part en locatif... Ce qui contracte encore le marché déjà très tendu par les étudiants.

5,6 % de taux de rentabilité brute* à Grenoble en septembre (Baromètre LPI/SeLoger)

*la rentabilité brute indique le rendement d'un placement immobilier avant impôts et charges.

Qu’en est-il de la vente ?

Sur la vente aussi l’offre peine à répondre à la demande. Ici, les biens les plus recherchés sont les T2 et T3, surtout prisés de la forte population d’étudiants et de jeunes actifs. Il y a beaucoup d’ingénieurs et de trentenaires dans le milieu de la tech qui s’installent à Grenoble grâce à son attractivité scientifique et à l’innovation. Ces appartements-là se négocient autour de 150 000 €, mais on peut trouver des T2 à partir de 100 000 € et des T3 dès 160 000 €. 

Pour ce qui est des investisseurs c’est un peu le grand écart. Ils privilégient soit les studios, soit les T4 pour pouvoir les louer aux étudiants seuls ou en colocation. Le ticket d’entrée pour un studio est entre 50 et 75 000 €, là où les T4 démarrent à 200 000 €. Mais le marché est globalement tendu et on manque de vendeurs. Nous avons peu de nouveautés et les mandats, que nous avons, peuvent durer dans le temps, car certains sont peu enclins à négocier. Ils refusent parfois toute baisse de prix car ils veulent utiliser l’argent de la vente pour investir dans une maison, dont les prix sont bien au-dessus de celui des appartements.

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<em>Modifier Interview</em> Grenoble : « Il y a un vrai engouement pour les maisons depuis le déconfinement »
Si le prix de l'immobilier augmente à Grenoble, les loyers eux sont en baisse. © SeLoger

La recherche de maison a-t-elle été boostée suite au confinement ?

Incontestablement oui. Il y a un vrai engouement pour les maisons depuis le déconfinement. Moi-même je cherche à acheter une maison et deux me sont déjà passées sous le nez ! Comme quoi, être chef d’une agence immobilière n’aide pas forcément. Il y avait par exemple une petite maison atypique sur cour en centre-ville, dans le style des petites maisons parisiennes cachées derrière les immeubles. Elle était affichée à 165 000 et elle est partie en deux heures... Les prix immobiliers moyens sont autour de 300 ou 350 000 €, mais elles peuvent parfois monter jusqu’à 700 000 ! Du coup, certains se tournent vers les communes limitrophes, notamment Fontaine qui borde l’Isère et dont les maisons, autour de 250 à 280 000 €, partent comme des petits pains.

La différence de prix entre le m² en appartement et en maison à Grenoble n’a pas d’équivalent sur le reste des métropoles françaises : 2 768 € contre 4 009 € ! 

Baromètre LPI/SeLoger

Comment évolue l’attractivité des différents quartiers de Grenoble ?

Il faut savoir qu’à Grenoble il y a une fracture nette, représentée notamment par la différence de code postal entre le 58 000 et le 58 100, que la mairie veut supprimer. Les biens les plus recherchés sont dans le nord de la ville : l’hypercentre, Championnet, l’Île Verte et autour de la Préfecture. Dans ces quartiers, les prix au m² peuvent atteindre jusqu’à 3 100 voire 3 200 €. Mais paradoxalement, ce n’est pas là que nous faisons le plus de ventes, car les biens s’y font rares.

Ce sont surtout autour des grands boulevards, comme Jean-Jaurès, Berriat ou Foch, qu’on trouve le plus de biens. En revanche, dans le sud autour de la Villeneuve, Mistral et Teisseire, les prix tombent sous la barre des 1 100€ le m². Récemment, nous avons même eu un appartement de 84m² qui s’est vendu 47 000€ ! Ça fait moins de 560€ le m² ! De plus, certains ont encore des réticences à acheter dans le quartier Saint-Bruno, l’ancien quartier populaire du centre-ville qui se gentrifie à vitesse grand V. Mais il va vite devenir de plus en plus coté, notamment sous l’impulsion de la mairie.

Le prix au m² à Grenoble est de 2 789 € (Source : Baromètre LPI-SeLoger)

Y a-t-il eu d’autres bouleversements liés à la situation sanitaire ?

Oui, depuis la crise du Covid-19, on a fortement développé les visites à distance via skype et zoom. Elles ont été multipliées par sept ! On est passé d’une prestation exclusive à une prestation classique pour tous nos clients, avec environ 7 visites sur 10 en virtuel. D’ailleurs, beaucoup de gens, notamment des étudiants, nous ont demandé de déposer leur dossier sans faire de visite physique mais simplement après un visio. Nous refusons pour l’instant ce type de demande car il nous semble important que les locataires viennent voir le bien directement sur place. En revanche, beaucoup de clients ne se déplacent maintenant qu’après ce genre de visite. Cela permet de faire une pré-sélection et de gagner du temps.

Hausse des prix immobiliers à Grenoble sur les six derniers mois*

Mois Évolution
Septembre 2020 + 4,5 %
Août 2020 + 3,7 %
Juillet 2020 + 4,7 %
Juin 2020 + 3,6 %
Mai 2020 + 4,8 %
Avril 2020 + 4,5 %
* Évolution des prix par rapport aux mois correspondants en 2019 selon le Baromètre LPI-SeLoger.
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