Sébastien Kuperfis : « Les détenteurs d’immobilier ont protégé leur épargne »

Blandine Rochelle
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Comment envisager « le jour d’après » dans l’immobilier, à quelques jours d’une probable amorce du déconfinement ? Nous avons sollicité Sébastien Kuperfis, directeur général de Junot, qui nous a donné un éclairage concernant le marché de l’immobilier haut de gamme à Paris.

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Sébastien Kuperfis : « Les détenteurs d’immobilier ont protégé leur épargne »
Le marché immobilier haut de gamme à Paris sera aussi amené à évoluer après le confinement. © Olivier Tabary

Quelles répercussions la crise sanitaire pourrait-elle avoir sur le marché immobilier haut de gamme ?

Sébastien Kuperfis. Les répercussions dépendront de plusieurs facteurs, comme la durée effective du confinement, et ses effets sur l’économie réelle. Les acheteurs seront d’abord dépendants de la capacité des banques à prêter, mais également de facteurs psychologiques : vont-ils anticiper une baisse des prix et patienter avant de concrétiser leur projet ou souhaiteront-ils plutôt rattraper le temps perdu ? Les vendeurs vont également s’interroger sur l’évolution des prix. Ils pourront aussi bien préférer vendre rapidement ou attendre que la situation se stabilise.

Quel est l’impact du confinement sur le marché parisien de l’immobilier haut de gamme ?

Si on parle de la situation actuelle, le confinement a figé le marché immobilier, qui est suspendu en attendant le 11 mai et la reprise progressive de l’activité. L’immobilier est un actif matériel unique, qui nécessite d’être vu physiquement, tant les critères qui influencent sa valeur sont nombreux et complexes, et tant sa perception, très personnelle, est subjective. Compte tenu de l’importance d’une transaction immobilière (en termes d’enjeux personnels, d’engagement dans le temps et d’engagements financiers), elle nécessite du temps, beaucoup de précautions et de conseils, et tout un écosystème (diagnostiqueurs, syndics de copropriété, notaires, services d’urbanismes, architectes…) qui sont à peu près gelés pendant le confinement.

Sébastien Kuperfis, directeur général de Junot

« La réaction des banques est clef, car le marché immobilier s’est beaucoup financiarisé et que les acquéreurs empruntent beaucoup, et pour des taux très bas. L’après va donc dépendre de la capacité ou non des banques à prêter et de l’évolution des taux d’intérêt. »

Quid du pouvoir d’achat immobilier des Parisiens ?

Contrairement à la perception commune d’un immobilier extrêmement cher, en réalité le pouvoir d’achat immobilier à Paris est assez stable depuis plusieurs années, la hausse importante des prix ayant été compensée par la baisse des taux d’intérêt, des quotités prêtées et de la durée du prêt. Encore faut-il que les banques continuent à prêter et dans des conditions similaires. Cette question est l’une des clefs du pouvoir d’achat immobilier après Covid-19 et de l’évolution des prix.

Doit-on s’attendre à une baisse du prix immobilier à Paris ?

L’évolution des prix est une question majeure, et elle va dépendre de l’équilibre entre l’offre (le stock de biens à vendre) et la demande (les acheteurs, leur envie et leur capacité financière à mener à terme une acquisition). Si les biens présentant des défauts vont probablement subir une correction, les biens les plus recherchés pourraient bien résister.

Pourquoi est-il si important de poursuivre sa recherche immobilière même en période de confinement ?

Certains (pas tous) ont le temps qu’ils n’ont pas d’habitude pour travailler sur leur projet immobilier, mais avant cela, sur leur projet de vie : suis-je heureux dans l’appartement dans lequel je suis confiné pour 2 mois ? Ai-je envie de reprendre ma vie telle que je l’ai quittée avant le confinement ? Vais-je pouvoir télétravailler et prendre les transports en commun ? Faut-il que je me rapproche de mon travail à Paris ou au contraire que je cherche une maison avec jardin dans sa périphérie ? S’informer sur le marché et la valeur de son bien sont des étapes utiles pour mener à bien ces réflexions, mais il faut garder en tête que le marché après Covid-19 sera probablement différent du marché avant Covid-19, et donc que la photo actuelle est peut-être déjà périmée…

« L’immobilier reste une valeur refuge en temps de crise, bien qu’il ne soit pas décorrélé du reste de l’économie ».

Sébastien Kuperfis, directeur général de Junot.

Comment les professionnels peuvent-ils aider – à distance – les particuliers qui souhaitent faire avancer leurs projets immobiliers ?

  • En assurant une présence sécurisante.
  • En les tenant au courant des évolutions de la législation et du marché, et en préparant la reprise.
  • En les aidant à comprendre comment peut évoluer le marché, et plus généralement en les aidant à réfléchir à la gestion de leur patrimoine.

En quoi le confinement et la crise sanitaire pourraient-ils faire évoluer le rapport des Français à l’immobilier ?

Le confinement et l’épidémie mondiale de Coronavirus, qui malheureusement ne s’arrêtera pas le 11 mai, nous ont rappelé la fragilité de nos existences, de notre système économique, et l’équilibre précaire et merveilleux dans lequel nous vivons depuis la fin des grands drames qui ont frappé l’Europe et la France (épidémies passées, guerres mondiales, hyperinflation...).

Quelles leçons pouvons-nous en tirer en ce qui concerne l’immobilier ?

  • Avoir un toit agréable sur la tête en cas de confinement et de crise majeure est une grande chance. Probablement que les sujets d’agrandissement, de recherche de lumière et d’espaces extérieurs, de décoration intérieure, vont être des aspirations croissantes à l’avenir.
  • Le sujet des déplacements est également clef : l’envie d’éviter les transports en commun nous pousse à vouloir un bien central et proche de notre travail à Paris, mais l’explosion du télétravail à prévoir pourrait inciter certains qui le peuvent à quitter les grandes agglomérations pour la campagne.
  • Alors que les épargnants, ayant leurs économies en bourse, ont perdu une grande partie de leur patrimoine en quelques jours, les détenteurs d’immobilier, jusqu’à preuve du contraire, ont protégé leur épargne. La résidence principale reste la valeur refuge par excellence.
  • Il est enfin indéniable que le confinement va contribuer à accélérer la digitalisation du secteur, et l’attente des Français de solutions innovantes en ce domaine.
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Sébastien Kuperfis
Sébastien Kuperfis est directeur général de Junot, un groupe familial spécialiste des prestations immobilières haut de gamme à Paris depuis 1984.
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