BCE : des débats qui s’intensifient derrière les taux

Laetitia Navarra
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Sans surprise, la Banque centrale européenne (BCE) devrait laisser ses taux directeurs inchangés lors de sa prochaine réunion. Pourtant, derrière ce statu quo apparent, les discussions restent vives à Francfort. Car si le présent semble sous contrôle, l’avenir de la politique monétaire européenne, lui, divise de plus en plus.

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Les taux directeurs de la BCE devraient rester inchangés début 2026
Les discussions restent vives autour des taux directeurs de la BCE. © Getty Images
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Une décision simple à court terme

Sur le papier, la situation est claire. L’inflation évolue autour de 2 %, exactement au niveau visé par la BCE. Après une légère remontée en novembre, la hausse des prix reste globalement maîtrisée et devrait se maintenir autour de l’objectif de 2 % à moyen terme.

Dans le même temps, l’économie de la zone euro montre une belle résistance. La croissance du troisième trimestre a même dépassé les anticipations, malgré un environnement international instable.

Dans ce contexte, maintenir les taux au niveau actuel apparaît comme la meilleure solution. La BCE n’est ni sous pression pour resserrer davantage sa politique monétaire, ni contrainte de l’assouplir en urgence. Mais le vrai débat se joue ailleurs.

La question centrale : que faire ensuite ?

La stabilité des taux masque une interrogation majeure : quelle trajectoire suivre dans les prochains trimestres ? Faut-il préparer une nouvelle baisse des taux si l’inflation ralentit trop ou, au contraire, envisager un durcissement si la croissance et les prix repartent à la hausse ?

C’est sur ce point que les lignes de fracture apparaissent. Après une période de relative concorde, les divergences entre gouverneurs s’expriment à nouveau au grand jour, signe que le consensus monétaire se fragilise.

Faucons contre colombes : le retour des dissensions

D’un côté, les partisans d’une ligne stricte sur l’inflation, appelés « faucons ». Leur figure la plus visible est l’économiste allemande Isabel Schnabel, membre influente du directoire de la BCE.

Selon elle, les risques de hausse de l’inflation et de la croissance sont aujourd’hui plus élevés qu’il y a quelques mois. Elle juge donc crédible le scénario anticipé par les marchés, qui tablent sur une remontée des taux vers la fin de l’année prochaine.

De l’autre côté, les voix plus prudentes des « colombes » se font entendre. François Villeroy de Galhau rappelle que la porte à une baisse des taux n’est absolument pas fermée. Si l’inflation venait à passer durablement sous la cible, la BCE devrait être prête à réagir rapidement.

Plusieurs gouverneurs estiment d’ailleurs que les projections économiques ne confirment pas, à ce stade, les craintes avancées par Isabel Schnabel.

L’influence américaine et le risque de l’euro fort

Un autre élément complique le débat : la politique monétaire américaine. Si la Réserve fédérale s’engage dans un assouplissement sous l’impulsion de sa future direction, le dollar pourrait s’affaiblir. Ce scénario renforcerait la valeur de l’euro, ce qui pénaliserait la compétitivité des entreprises européennes.

Dans ce cas, la BCE pourrait se retrouver contrainte d’assouplir sa politique, non pas pour lutter contre l’inflation, mais pour soutenir l’économie face à un euro trop fort.

En toile de fond, la succession de Christine Lagarde

Un facteur plus politique s’invite dans les discussions : le mandat de Christine Lagarde s’achèvera en 2027, mais la course à sa succession semble déjà lancée. Isabel Schnabel a récemment annoncé sa candidature.

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