Cette rentrée est décidément particulière... Pour le deuxième mois consécutif, le prix de l’immobilier à Paris accuse une baisse trimestrielle. Comment expliquer ce recul du prix des logements dans la capitale ? Le marché parisien est-il en train de se retourner ? Faut-il y voir un effet Covid ?
Un recul du prix immobilier à Paris surprenant mais pas inédit
Selon les données qu’a recueillies le baromètre LPI-SeLoger, pour cette rentrée 2020, le prix de la pierre parisienne s’oriente à la baisse et enregistre un recul trimestriel de 4,2 %. Si ce chiffre a de quoi (d)étonner sur un marché ultra-tendu et que caractérise une demande très, très largement supérieure à l’offre de logements disponibles à la vente, il n’est toutefois nullement inédit. En août dernier, le prix au m² à Paris accusait déjà 3,1 % de baisse sur trois mois et il peut être utile de rappeler qu’en novembre 2019, la pierre parisienne avait vu son prix reculer de 1,8 % sur trois mois. En ce qui concerne l’évolution des prix sur 1 an dans la capitale, c’est toujours la hausse qui prévaut en dépit d’un léger ralentissement (+ 5,5 % en juin dernier, + 4,6 % en juillet et + 4,5 % en août).
Les prix baissent dans deux des arrondissements les plus chers de Paris
Intra-muros, le baromètre LPI-SeLoger nous apprend que, si la tendance haussière prédomine (avec de 9,1 % à 10,2 % d’augmentation dans les 1er, 8e et 9e arrondissements), les prix baissent dans deux des arrondissements les plus chers et les plus prisés (et vice-versa) de la capitale. Le prix au mètre carré dans le 4e arrondissement de Paris rue des Archives, place des Vosges, quai de Gesvres) enregistre ainsi un recul de 2,2 % sur 1 an et s'établit à 12 201 €. Sur la même période, le prix au m² dans le 6e arrondissement de Paris (rue d’Assas, rue Dauphine, rue Mazarine) baisse de 1,1 % pour avoisiner 13 485 €.
Pourquoi les prix baissent-ils (encore) à Paris ?
Mais alors, à quoi doit-on attribuer cette baisse du prix de l’immobilier parisien qui, s’il est prématuré de dire qu’elle s’installe dans la durée, semble tout de même jouer les prolongations ? Quels sont les facteurs qui la sous-tendent ? Faut-il s'en inquiéter ? Plusieurs pistes méritent d’être explorées…
Parce que l’immobilier est un marché cyclique
Tout d’abord, ce recul des prix parisiens peut être la résultante de la traditionnelle apathie estivale qui touche le marché de l’immobilier non seulement parisien mais aussi hexagonal chaque été. En effet, comme le fait remarquer Michel Mouillart, porte-parole du baromètre LPI-SeLoger, « cette année encore, comme cela est fréquent durant l’été, les prix signés (par opposition aux prix affichés, Ndlr) reculent, pour le deuxième mois consécutif, à Paris ».
Des marges de négociation ténues
À Paris, les marges de négociation selimitent à 3 % du prix de vente affiché pour un appartement et à 3,2 % du prix pour une maison (Source : LPI-Seloger).
Parce que ce ralentissement ne date pas d’hier…
D’autre part, la responsabilité de ce décrochage du prix de l’immobilier dans la capitale ne saurait être imputée, dans sa totalité, à la crise sanitaire que nous traversons. En clair, cette tendance baissière qui touche l’immobilier de la Ville Lumière pourrait avoir pris naissance bien avant que le Covid ne vienne bouleverser nos vies. « Si la hausse des prix ralentit sur Paris » explique Michel Mouillart, « cela ne fait que confirmer une évolution amorcée dès l’été 2017 ».
Parce que les aspirations des acheteurs ont évolué
Une autre explication au recul qu’enregistrent les prix des logements parisiens sur les trois derniers mois pourrait se trouver dans l’évolution des priorités des Français et notamment des Parisiens... En effet, l’appétence grandissante des porteurs d’un projet d’achat immobilier pour les biens dotés d’un espace extérieur et/ou d’une pièce permettant le télétravail est née lors du confinement et/ou s'est trouvée renforcée à cette occasion. L’engouement que suscitent actuellement les maisons et le marché de périphérie des grandes villes - dont Paris - pourrait ainsi constituer un effet secondaire du Covid car force est de reconnaître que dans la capitale, les maisons et les appartements disposant d’un bureau sont une denrée rare et (très !) chère… Une étude SeLoger réalisée auprès de futurs acquéreurs parisiens montre ainsi qu’¼ des personnes interrogées recherchent une surface plus grande (avec, idéalement, une pièce isolée pour pouvoir y télétravailler sans risquer d’être dérangé ou de déranger ses proches) et 21 % des sondés parisiens avouent même privilégier les biens disposant d’une pièce fermée. Enfin, l’étude SeLoger nous apprend que 29 % des futurs acquéreurs parisiens ont élargi leur zone de recherche pour s’éloigner des métropoles. Face au recul qu’accusent les prix parisiens, il faut toutefois savoir raison garder. En clair, pas question ici de bulle immobilière ni d’explosion de celle-ci car au vu du niveau (élevé !) de la demande dans les métropoles, et notamment à Paris, aucune baisse brutale des prix n’est à redouter !
- Sur 3 mois, le prix de l'immobilier à Paris est de 9 971 €.
- Sur l'année, il s'établit à 10 656 €/m².
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