La réforme dont il a fait l’objet en juillet dernier, les correctifs qui lui ont été apportés et le renforcement de son cadre juridique font du DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) l’un des fers de lance de la loi Climat. Mais alors que les passoires énergétiques sont en passe de devenir - officiellement - une espèce menacée d’extinction, combien en dénombre-t-on ? Où sont-elles (encore) le plus présentes ? Et pourquoi ? SeLoger et Meilleurs Agents ont enquêté.
Immobilier : 1 annonce sur 10 concerne une passoire thermique
C’est désormais officiel : la guerre aux passoires énergétiques est déclarée ! Pour rappel, une passoire énergétique est un logement dont le critère DPE (F ou G) indique que leur consommation d’énergie et l’émission de gaz à effet de serre laissent grandement à désirer, Jugez plutôt, dès l’année prochaine, il sera interdit de louer des biens étiquetés G au DPE et consommant plus de 450 kWh/m²/an. En 2025, l’interdiction touchera tous les logements classés G, quelle que soit leur appétit et en 2028 cette interdiction sera étendue aux habitations classées F. Mais lorsque l’on mène une guerre, il est essentiel de connaître les effectifs de l’armée adverse. Or, on estime que le nombre de passoires thermiques sur le territoire français (hors Outre-mer) oscille entre 4,9 et 7 millions parmi les 29 millions de logements que l’on dénombre dans l’hexagone. Ce sont donc entre 17 et 24 % de notre parc immobilier qui devront prochainement lever le pied sur leur consommation énergétique. Rien que sur l’année 2021, 12,9 % des biens proposés à la vente sur nos sites tombaient dans la catégorie - guère enviée - des passoires thermiques.
Il est, par ailleurs, troublant de noter que la véritable épée de Damoclès, que constitue la perspective (aussi imminente qu'inéluctable !) de l’interdiction de location à laquelle devront se soumettre les propriétaires de logements gourmands en énergie et gros producteurs de gaz à effet de serre, semble les avoir poussés à s’en débarrasser avant qu'ils ne deviennent des fardeaux trop encombrants. Mais la perspective d'un durcissement du permis de louer a également dopé la concentration de passoires thermiques sur le marché. Selon les chiffres que nous avons analysés, la part de maisons étiquetées F ou G, dans nos annonces immobilières de vente, a bondi passant de 11,4 % en 2019 à 14 % en 2021.
Passoires énergétiques : une répartition fortement inégalitaire
Force est de constater qu’en France, les passoires thermiques sont très inégalement réparties. L’étude des chiffres, que nous avons rassemblés, montre, en effet, que les logements classés F ou G sont très largement surreprésentés dans les départements montagneux (Hautes-Alpes, Cantal, etc.). À l’inverse, il est intéressant de relever que les rangs des passoires énergétiques sont, en moyenne, plus clairsemés sur le littoral. Cette dichotomie pourrait, notamment, s’expliquer par des besoins en chauffage plus importants en montagne que dans les départements côtiers.
De même, la clémence du climat pourrait être la cause de la faible présence de logements énergivores dans le sud de la France. Mais quelle qu’en soit la cause, l’inégalité de la répartition des cancres ou, au contraire, des bons élèves au DPE, dans l’hexagone est bien réelle. Si l’on s’intéresse aux annonces immobilières qui ont été publiées en 2021, on relève que presque 38 % des appartements mis en vente dans le département des Hautes Alpes étaient des passoires énergétiques, alors que dans le département de Haute Garonne, la part de logements étiquetés F ou G se limitait à… 3 % ! Sur le marché des maisons, alors que dans le Cantal, 37 % des annonces concernaient une passoire thermique, dans le Gard, la part de biens énergivores ne dépassait pas les 3 %.
Écarts régionaux de DPE : le climat n’est pas seul en cause
Si les températures locales, l’altitude et la douceur (ou, au contraire, la rudesse) du climat entrent, incontestablement, en ligne de compte, il ne faudrait pas pour autant sous-estimer l’importance des facteurs comme la superficie du bien, son étage, son mode de chauffage ou encore sa date de construction, lesquels influent inévitablement sur son DPE, car les performances énergétiques d’une habitation sont bien souvent inversement proportionnelles à son année de construction. Rien d’étonnant, par exemple, à ce que la forte représentation de l’ancien dans le parc immobilier parisien s’accompagne d’un volume d'annonce de passoires thermiques en 2021 bien supérieur dans la capitale à la moyenne nationale. Jugez plutôt : la part des biens classés F/G en France est de 12,9% parmi les annonces en 2021. À Paris, elle atteint 19,7% !
DPE : les bons élèves… et les moins bons !
Appartements : les 3 départements où l’on a dénombré le plus de passoires thermiques en 2021*
- Hautes-Alpes (38 %)
- Lozère (36 %)
- Alpes-de-Haute-Provence (32 %)
Maisons : les 3 départements où l’on a dénombré le plus de passoires thermiques en 2021*
- Cantal (37 %)
- Creuse (35 %)
- Lozère (30 %)
Appartements : les 3 départements où l’on a dénombré le moins de passoires thermiques en 2021*
- Haute-Garonne (3 %)
- Var (3 %)
- Gard (3 %)
Maisons : les 3 départements où l’on a dénombré le moins de passoires thermiques en 2021*
- Gard (3 %)
- Var (4 %)
- Aude (4 %)
(*) dans nos annonces immobilières de vente
Sources : SeLoger / Meilleurs Agents
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