10 priorités, 65 idées... Retrouvez le Manifeste pour le logement et l'immobilier avec SeLoger.
« Dans un projet de rénovation énergétique, le plus important c'est d'être accompagné »
À l'occasion de l'initiative Le logement parlons-en, avec SeLoger, Roselyne Conan, directrice générale de l'Anil (Agence nationale pour l’information sur le logement), nous éclaire sur comment concilier logement et transition écologique, dans le podcast de SeLoger, l’immobilier décrypté.
En quoi consiste la rénovation énergétique et qui peut en bénéficier ?
On a l’impression que la rénovation énergétique est quelque chose de nouveau, mais déjà dans les années 1970 on avait une vigilance assez forte sur cette question et des mesures avaient déjà été prises à ce niveau, notamment sur la rénovation des bâtiments. Aujourd’hui, cela fait plusieurs années que la rénovation énergétique est au cœur de l’actualité.
Alors la rénovation énergétique qu’est-ce que c’est ? C’est rénover son logement pour qu’il soit moins énergivore. Donc ça veut dire l’isoler, changer les fenêtres, changer le système de chauffage… Et tout ça il faut le penser, donc se faire accompagner et utiliser les dispositifs qui permettent d’aider à financer ces travaux. Il faut aussi veiller à penser son projet en amont, pour qu’il soit le plus performant possible.
Avez-vous un chiffre pour nous éclairer sur les enjeux de la rénovation énergétique ?
Pour vous donner une vision d’ensemble, nous avons 7 millions de logements mal isolés en France et 14 % des Français ont froid dans leur logement. Cela concerne, principalement, ce que l’on appelle les passoires thermiques. Depuis les années 2000, différentes lois se sont succédées, pour donner des obligations notamment aux bailleurs en ce qui concerne la dernière en date : la loi Climat et résilience. Elle impose des contraintes sur la mise en location de logements décents, avec des performances énergétiques qui doivent être plus élevées. Tout l’enjeu va être d’accompagner ces propriétaires-bailleurs, mais pas que.
En effet, les propriétaires-occupants peuvent aussi bénéficier de ces aides à la rénovation énergétique, tout comme les copropriétés. Dans ce dernier cas, la prise de décision n’est pas toujours simple car elle se fait à plusieurs, les dispositifs gouvernementaux sont donc aussi là pour éclairer ce choix et impliquer le syndic, qui est l'un des acteurs à pouvoir faciliter les choses et accompagner les copropriétés dans les travaux.
Il faut savoir que les objectifs de ces dispositifs courent jusqu’en 2050 et l’Europe nous impose aussi des choses. Les citoyens s’étaient déjà mobilisés dans le cadre de la convention citoyenne, qui avait aussi donné lieu à un texte, largement inspiré des dispositions qui y avaient été discutées. Donc aujourd’hui, il y a une mobilisation globale autour de ces enjeux, à la fois sur le parc de logements privés (individuels et collectifs), le tertiaire et évidemment les bâtiments publics (écoles…) mais c’est un autre sujet.
Dès 2023, les logements dont le DPE est classé G seront interdits à la location.
En termes de budget, combien la rénovation énergétique coûte-t-elle ?
On peut imaginer un budget de 30 à 300 000 €, mais cela peut même aller bien au-delà… Par exemple pour un immeuble en copropriété où l’on doit effectuer l’isolation des murs, des combles, un changement de chaudière, ça peut monter très vite. Le plus important, c’est de chiffrer combien la rénovation va coûter en se faisant accompagner et surtout en pensant son opération de rénovation en amont.
La pire stratégie est de faire coût par coût : changer d’abord ses fenêtres, puis faire un peu d’isolation, puis penser à sa chaudière… Il faut vraiment penser son projet au global, même si on choisit de le réaliser ensuite par étapes, pour qu’il puisse être le plus performant possible et pour pouvoir maximiser les aides. En effet, parfois en réalisant beaucoup de travaux en une fois, on a accès à plus d’aides ! Je pense notamment à une opération : lorsque vous achetez votre résidence principale, juste avant d’entrer dans le logement, c’est le bon moment pour effectuer des travaux. Vous allez ainsi pouvoir non seulement l’adapter à vos goûts, mais aussi en profiter pour refaire l’isolation et peut-être mobiliser de fait plus d’aides, donc rendre votre projet plus ambitieux.
De quelles aides peut-on bénéficier et comment les obtenir ?
Pour rénover ou pour acheter et rénover, quelle que soit votre situation, que vous soyez propriétaire-occupant, propriétaire-bailleur, usufruitier, ou même locataire, vous pouvez bénéficier d’aides pour faire vos travaux. Donc n’hésitez pas à faire appel au réseau France Rénov’ qui regroupe plus de 1 700 conseillers sur le territoire. Leur rôle est de vous aider dans l’identification du bon projet et s’il faut prévoir éventuellement des travaux complémentaires au lieu de simplement changer de chaudière, par exemple, car l’isolation peut devenir plus performante si elle est couplée avec ce genre d’équipement…
De plus, solliciter cet accompagnement vous permettra aussi d’identifier toutes les aides auxquelles vous pouvez avoir accès : MaPrimeRénov’, éco-prêt à taux zéro, primes énergie, aides des collectivités locales, exonération de taxe foncière, TVA à taux réduit… Il faut bien connaître les différents dispositifs pour bien les utiliser et bien les mettre en place et c’est à cela que sert France Rénov. Donc surtout, n’hésitez pas à solliciter ce réseau, ainsi que les agences départementales d’informations sur le logement (les Adil) qui sont là aussi pour vous renseigner sur tous les aspects juridiques, fiscaux et financiers.
Elles peuvent également aider les propriétaires-bailleurs à savoir, par exemple, quand mettre en location, quand faire les travaux… On ne peut venir à n’importe quel moment frapper à la porte de son locataire pour entreprendre des rénovations, il y a des règles à respecter. La rénovation, ce n’est pas qu’un choix de chaudière ou d’isolant, c’est un choix financier, fiscal et juridique, alors surtout, faites-vous accompagner.
MaPrimeRénov' est accessible à tous les ménages quels que soient leurs revenus et elle peut prendre en charge jusqu'à 90 % du montant des travaux pour les foyers les plus modestes.
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