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« La digitalisation est une bonne chose mais elle ne remplace pas l'humain »

Anissa Duport-Levanti
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Dans le podcast de SeLoger, l'immobilier décrypté, on parle digitalisation de la profession avec Henry Buzy-Cazaux, président fondateur de l'Institut du Management des Services Immobiliers.

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Henry Buzy-Cazaux nous parle de l'avenir de la profession immobilière. © SeLoger

Quelles sont les attentes des Français pour l'immobilier en 2022 ?

Henry Buzy-Cazaux. Les Français ont sans doute deux attentes particulières et je crois vraiment que les agents immobiliers y répondent. La première, c'est une inquiétude liée à la transition environnementale. Lorsque l'on achète un logement aujourd'hui, on doit savoir quelle est sa performance énergétique et quels travaux on va devoir y engager pour le mettre à un bon niveau de performance, cela que ce soit pour l'habiter ou pour le louer. Il faut donc une totale transparence sur le bien et surtout être bien conseillé. À savoir aussi : un mauvais classement du DPE aura un impact sur la valeur du bien, car même sur un marché tendu, il y aura une différence de prix.

La deuxième attente est renforcée par la guerre en Ukraine qui bouleverse l'économie mondiale : c'est la fixation des prix. Aujourd'hui, je pense qu'aucun particulier ne peut bien estimer - seul - le prix de vente de son logement ou savoir qu'il achète au bon prix. Il faut compter sur un agent immobilier qui peut analyser toutes les données. 

Dès 2023, les passoires énergétiques classées G seront interdites à la location.

Quels changements annoncent l'essor du digital pour le secteur ?

Sous l'effet de ces deux années de crise sanitaire, qui ont empêché beaucoup de contacts directs, la profession immobilière s'est fortement digitalisée. Il le fallait, elle avait du retard. Aujourd'hui, j'ai plaisir à voir que des agents immobiliers indépendants, tout comme des enseignes de dimension nationale, utilisent le digital sur toute la chaîne. Ça va des visites virtuelles en 3D à la signature électronique des contrats, en passant par les annonces digitales... 

L'avantage que j'y vois directement, en tant que président d'école, c'est que les jeunes envisagent les professions immobilières de manière beaucoup plus moderne. Elles étaient poussiéreuses, même si les enjeux étaient très beaux. Aujourd'hui elles sont modernes à leurs yeux.

L'avenir de la profession se situe-t-il entre humain et digital ?

Il y a une raison pour laquelle le tout digital ne s'imposera pas selon moi, c'est la confiance. L'immobilier est un métier basé sur la confiance et les liens numériques ou téléphoniques ne pourront jamais remplacer ce contact humain nécessaire à la mise en place d'une relation de confiance. Dans la chaîne de valeur, le digital va désormais très loin, mais l'expertise de confiance prodiguée par le professionnel sur des enjeux considérables ne peut se fonder que lorsque l'on a quelqu'un en face de soi.

C'est dans sa proximité, sa façon de vous parler, de vous rassurer, que vous allez voir si c'est la bonne personne qui vous permettra de faire le bon choix. Donc que l'on soit un promoteur pour un logement neuf, un agent immobilier ou un gestionnaire, ça ne changera pas. 

Pour moi, l'avenir à 10 ans de ces professions, c'est un renforcement de leur rôle, parce que le marché est toujours plus complexe non seulement au plan réglementaire mais aussi au plan économique... et c'est une relation client qui a progressé alors qu'elle n'était pas, auparavant, de qualité suffisante.

Avec la crise sanitaire, la profession immobilière a dû s'adapter en se digitalisant.

Quel est le rôle aujourd'hui des outils numériques ?

Les outils numériques, c'est l'avenir des professions immobilières. C'est un moyen de densifier la relation avec le client. Après 30 ans d'immobilier, je porte un regard un peu dur sur la qualité de la relation client dans l'immobilier. Elle n'était pas du tout au bon niveau. Si vous comparez à d'autres métiers qui ont beaucoup progressé ou même au service public, je constate aujourd'hui que le numérique est un facilitateur.

Un syndic, par exemple, avec qui vous aviez souvent du mal à communiquer, répond à des messages beaucoup plus aisément, va vous envoyer des messages et vous avertir. Un agent immobilier, qui pouvait oublier de vous rendre compte des visites, va maintenant vous faire des rapports réguliers. Ça permet d'ajuster les prix, de savoir où l'on va en termes de délais de vente... 

Avez-vous un dernier mot à ajouter ?

Le constat que l'on peut faire en 2022, c'est que les professions immobilières prennent des visages différents. Il y a une diversité de modèles économiques et professionnels qui s'imposent. Un modèle qui a notamment pris une place exceptionnelle, ce sont les réseaux d'agents commerciaux indépendants, les réseaux de mandataires comme on les appelle, qui cohabitent avec les agents immobiliers traditionnels, c'est-à-dire au sein d'agences physiques. On voit aussi l'émergence d'agences très digitales...

Bref, il y a une multiplication de modèles et je crois beaucoup à leur complémentarité. Il y a une offre aujourd'hui qui s'élargit et l'on a le choix de recourir à un agent commercial indépendant, à un agent immobilier de proximité, à une agence digitale... Ce choix est heureux et il ne s'éteindra pas, bien au contraire. Dans les années qui viennent, d'autres modèles vont apparaître.

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