Alors que le gouvernement lance six semaines de débats dans le cadre de son programme de réflexion « Habiter la France de demain », SeLoger - qui a été auditionné ce mardi 31 août à l’occasion de la première table ronde - décrypte les attentes des Français en matière d’immobilier. Il s’agit des besoins réels, exprimés par plus de 3 000 acquéreurs potentiels, des Français actifs et déterminés, qui ont passé le pas et pris rendez-vous avec un agent immobilier dans le cadre de leurs recherches.
Plus d’un futur acheteur sur 2 recherche une maison
Après trois confinements, les maisons ont, plus que jamais, le vent en poupe. Selon un ensemble d’études réalisées par Opinionway pour SeLoger, plus de la moitié des acquéreurs recherche une maison, tandis que les appartements n’attirent qu’un acquéreur sur quatre. « Les maisons sont particulièrement prisées par les 35-49 ans et les foyers concernés par le télétravail. C’est également davantage le cas des Franciliens qui cherchent une nouvelle résidence principale pour quitter l’Île-de-France. La recherche de maison concerne 70 % d’entre eux », indique Caroline de Gantès, Country Manager Director de SeLoger. Cette tendance est confirmée par le marché. « Pour la première fois, le prix des maisons individuelles augmente plus fortement que celui des appartements, note Frédéric Violeau, notaire et membre du Conseil supérieur du notariat à Caen. Cette évolution illustre bien la volonté d’avoir un coin à soi. »
Pourtant, le « zéro artificialisation net », qui devra être atteint en 2050 selon la loi Climat et Résilience, publiée au journal officiel fin août, nécessite de développer des logements différents qui permettent de concilier l’envie d’espace des Français et la nécessaire frugalité en matière de consommation foncière. « Nous savons déjà concilier ces deux impératifs : plusieurs centaines de réalisations en France montrent que nous sommes capables de proposer des habitats respectueux de l’environnement, économes en espaces naturels, confortables et de grande qualité, estime Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement. Les Français connaissent peu ces réalisations mais ceux qui y habitent en sont pleinement satisfaits. Les modèles collectifs évoluent, ils sont plus écologiques, ouverts sur l’extérieur, lumineux. La maison individuelle y trouve sa place aussi mais différemment. Nous sommes capables de proposer des alternatives à la vision du lotissement loin des services et des transports d’une part et à celle du collectif exiguë et peu confortable d’autre part. »
Ceux qui ne peuvent prétendre à l’achat d’une maison avec jardin, se tournent vers les appartements avec un balcon ou une terrasse. « Quasi-unanimement, la présence d’espaces extérieurs est considérée comme un critère important du futur logement », confirme Caroline de Gantès. Selon les données de l’enquête SeLoger, menée avec Opinionway, 94 % des ménages recherchant une résidence principale souhaitent un espace extérieur.
La recherche en zone rurale a été multipliée par 4 sur l'année
Autre changement : un tiers des acheteurs recherchent un bien dans une ville de moins de 20 000 habitants. C’est trois fois plus qu’il y a un an, toujours selon les données de SeLoger et près d’un acquéreur sur cinq recherche en zone rurale, soit quatre fois plus qu’il y a un an ! « Au 31 mai 2021, nous avons enregistré 1,3 million de transactions, un chiffre record. 13 % de ces mutations concernaient un changement de département au sein d’une même région. Nous ne sommes pas face à un exode urbain mais face à l’initiation d’un mouvement qui va perdurer », estime Frédéric Violeau. Effectivement, selon les données de SeLoger, 9 acheteurs sur 10 comptent rester dans la même région que celle dans laquelle ils habitent actuellement, avec un point de vigilance tout de même sur les Franciliens qui semblent moins attachés à leur région.
Selon le sociologue Jean Viard, l’intérêt des ménages se porte vers les villes qui n’étaient pas sous le feu des projecteurs ces vingt dernières années, à l’exemple « d’Angers, du Mans, de Laval ou encore de Libourne, en raison des prix de l’immobilier moins élevés, alors que ces villes sont tout aussi agréables que les autres villes moyennes. Le mouvement, qui s’amorce, diffère de l’exode rural de 1968 où des dizaines de milliers de jeunes se sont installés à la campagne par refus du capitalisme.
Aujourd’hui, les ménages, qui quittent les grandes métropoles, ont entre 30 et 45 ans, conservent leur emploi et veulent que leurs enfants fassent de bonnes études. Ils s’installent donc le long du réseau SNCF pour être à 1 heure d’une métropole et portent une attention particulière à la connexion internet de leur logement ».
Les acheteurs veulent une pièce en plus
Puisqu’ils comptent télétravailler, les acheteurs ont besoin d’une pièce en plus pour y installer leur bureau. Parmi les acheteurs intéressés par les biens anciens ou qui hésitent entre le neuf et l'ancien, 81 % sont d’ailleurs prêts à faire des travaux. Ce qui les motive : la possibilité de pouvoir aménager leur logement comme ils le souhaitent, mais également l’opportunité de payer leur logement moins cher, sans pour autant faire de concession sur la localisation.
L’occasion pour eux d’embarquer pour des travaux de rénovation énergétique, à condition d’être accompagnés. « La rénovation énergétique est déjà un succès et MaPrim’Rénov est plébiscitée par les Français. Nous allons atteindre probablement près de 800 000 demandes en 2021, soit près de deux fois plus que l'objectif fixé initialement, calcule Emmanuelle Wargon. Mais les aides ne suffisent pas. Nous avons mis en place un véritable service public de la rénovation, avec plus de 1 000 conseillers FAIRE partout en France, qui peuvent donner des informations et des conseils gratuits pour guider les Français vers les bons travaux. Nous devons encore consolider ce service public et simplifier toujours plus l'accès aux démarches. Cela veut dire aussi encadrer et développer le métier d'accompagnateur Renov'. Cet accompagnement doit vraiment être un accélérateur pour des rénovations ambitieuses, même s'il est difficile de dire aujourd'hui combien ils seront à termes car cela dépendra aussi de la demande, nous franchirons de nouvelles étapes en 2022 pour massifier cet accompagnement » .
Les Français ont les moyens de leurs ambitions
L’optimisme règne sur le marché de l’immobilier en cette rentrée. D’abord, parce que 24 % des acquéreurs et 21 % des vendeurs estiment que leur pouvoir d’achat va s’améliorer d’ici la fin de l’année (53 % des acquéreurs et 56 % des vendeurs misent sur une stabilité). Il s’agit du plus haut niveau jamais enregistré depuis le début de la crise sanitaire (respectivement 11 % et 8 % en avril 2020). En conséquence, acheteurs et vendeurs ont confiance en leur capacité à mener leur projet immobilier à bien.
Et même si les prix immobiliers augmentent localement, cela n'impacte que peu le pouvoir d’achat des habitants originaires du territoire. Interrogé à ce sujet par la ministre Emmanuelle Wargon, le 31 août dernier, lors d’une conférence sur l’exode urbain, Jean-Marc Torrollion, président de la FNAIM, l’affirme : « l’essentiel de la dynamique du marché s’exprime au regard des besoins locaux, cela signifie qu’à l’exception de certains marchés, portés par des dynamiques touristiques, notamment, le pouvoir d’achat des habitants n’est pas mis à mal », assure-t-il. En dehors de phénomènes exceptionnels, comme celui qui touche Biarritz et sa périphérie, la valorisation des prix de l’immobilier sur certains territoires pourraient « donner envie aux foyers de réhabiliter leur logement et, pourquoi pas, de le survaloriser grâce à des travaux de rénovation énergétique », estime Henry Buzy-Cazaux, président de l’Institut du Management des Services Immobiliers.
- 81 % des acquéreurs sont prêts à faire des travaux.
- La Ministère du Logement prévoit 800 000 demandes de rénovation énergétique en 2021.
- 53 % des acquéreurs et 56 % des vendeurs misent sur une stabilité de leur pouvoir d'achat.
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