Caen : « il y a 1 vendeur pour 10 acheteurs sur les logements les plus recherchés »

Anissa Duport-Levanti
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Quelle dynamique du marché immobilier à Caen depuis la crise sanitaire ? Quel a été l'impact du Covid-19 sur le comportement des acquéreurs ? Comment le marché va-t-il évoluer en 2021 ? On fait le point avec Éric Chantrait, directeur de l'Agence du Théatre à Caen.

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Caen : « il y a 1 vendeur pour 10 acheteurs sur les logements les plus recherchés »
Éric Chantrait, directeur de l’agence du Théâtre à Caen, observe cette année la pire pénurie de biens immobiliers de toute sa carrière. © pisaphotography

Comment le marché immobilier s’est-il développé à Caen depuis la crise sanitaire ?

Éric Chantrait. Nous avons connu une période de hausse et de manque de produits évident. Pour les biens les plus recherchés, nous avons en moyenne 1 vendeur pour 10 acheteurs ! Il y a actuellement une pénurie de biens immobiliers comme je n’en ai jamais connu en 38 ans de métier. Il y a 4 ans on avait environ 250 biens à la vente, là il nous en reste une trentaine.

Les gens ont peur de perdre leur épargne à cause du contexte économique alors ils investissent dans la pierre, qui est la dernière vraie valeur refuge, mais la tendance finit toujours par s’inverser. C’est beaucoup de psychologie, il suffit d’une petite hausse des taux d’intérêts et ça se calme.

À Caen, la demande a augmenté de 69% en un an, mais l'offre n'a progressé que de 3%.

Quels logements sont les plus recherchés ?

Ce sont surtout des maisons que les acquéreurs recherchent, mais on observe une évolution en termes de secteur. Les produits à bas prix commencent à partir dans la campagne autour de Caen, toutefois ce n’est pas du tout lié au télétravail comme on pourrait le croire. C’est vraiment lié au marché : il n’y a plus rien à vendre dans la ville alors les acheteurs sont obligés de s’éloigner. L’impact du confinement et du télétravail dans les décisions d’achat est très marginal pour l’instant.

Globalement, tous les biens à moins de 200 000 € se vendent très bien, tout comme les produits de luxe à plus de 500 000 €, surtout s’ils possèdent tous les critères les plus recherchés en centre-ville : ascenseur, balcon, et belle vue. Mais ils partent très vite, en une heure c’est vendu. Certains acquéreurs ne visitent même plus, notamment les investisseurs pour les studios et les deux-pièces sous la barre des 100 000 €, mais ça ne représente qu’1 ou 2 % des acheteurs.

Le prix au m² à Caen est de 2 626 €, en moyenne.

Qui sont les acquéreurs et d’où viennent-ils ?

Nous avons beaucoup d’investisseurs car Caen est une bonne ville de placement. C’est une ville étudiante, à taille humaine, avec la fac en centre-ville, qui respire, sans industrie mais avec énormément de tertiaire, donc pas de pollution. Ces investisseurs viennent majoritairement de la Manche, de l’Orne, du Calvados et un peu de la Seine-Maritime.

Avez-vous observé un nouvel attrait pour la résidence secondaire ?

Pas du tout, il n’y a pas d'effet d’exode de Paris ni un intérêt renforcé pour la villégiature, contrairement au bord de mer où la situation est différente. Ce sont plutôt d’anciens Caennais partis à Paris qui reviennent s’installer à Caen pour leur retraite.

Selon vous, comment le marché immobilier va-t-il évoluer en 2021 ?

C’est difficile à dire car tout dépend de l’évolution de la situation sanitaire et du comportement de nos clients. Ce que je peux vous dire c’est que tout le monde est perturbé, j’ai récemment eu le cas d’un acquéreur qui avait trouvé le bien idéal mais qui a fini par se rétracter en raison des retards liés à la crise sanitaire et de l’incertitude de la période actuelle et à l’autre bout du spectre on a des clients dans une urgence d’achat… Ce type de marché n’est pas agréable pour nous, car même si l’on travaille beaucoup, on perd le lien avec nos clients, on ne peut plus les accompagner comme avant.

Au niveau financier par contre, je pense que le début d’année va être compliqué. Globalement, la dynamique du marché cette année aurait dû me permettre de faire +30 % en 2020, mais je fais -20 %. Le dernier confinement de novembre m’apportera une baisse que je ressentirai en 2021 surtout si les biens continuent à nous faire défaut. C’est un écart que je sentirai en 2021, avec un trou dans ma trésorerie.

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Éric Chantrait
Directeur de l'agence du Théâtre à Caen.
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