Acheter un logement quand on est mère célibataire, c'est possible ?

Blandine Rochelle
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Devenir propriétaire est un rêve partagé par de nombreuses familles, mais lorsqu’on élève seule un ou plusieurs enfants, ce rêve peut sembler hors de portée. Charges importantes, revenus à une seule source, démarches administratives lourdes…, les obstacles semblent nombreux. Pourtant, être mère célibataire ne signifie pas renoncer à l’achat d’un logement. Bien préparé, un dossier peut convaincre les banques et bénéficier de dispositifs d’aide adaptés. Entre idées reçues et réalités du marché, faisons le point sur les solutions et leviers qui permettent aux mères seules de franchir le pas.

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Bien préparé, un dossier de prêt d'une mère célibataire peut convaincre les banques et bénéficier de dispositifs d’aide adaptés. © LeoPatrizi - Getty images
Bien préparé, un dossier de prêt d'une mère célibataire peut convaincre les banques et bénéficier de dispositifs d’aide adaptés. © LeoPatrizi – Getty images
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Les dossiers étudiés comme les autres : mythe ou réalité ?

L’une des craintes récurrentes des mères célibataires est de ne pas voir leur dossier pris au sérieux par les banques. Pourtant, les établissements prêteurs affirment examiner chaque demande selon des critères objectifs : niveau de revenus, stabilité professionnelle, gestion des finances, capacité d’endettement, apport personnel…, qu’il s’agisse d’un couple ou d’une personne seule.

En pratique, la banque demande les justificatifs habituels – bulletins de salaire, avis d’imposition, relevés de comptes –, mais aussi le jugement de divorce ou la convention parentale, en cas de séparation. Ces documents servent à clarifier la garde des enfants et à indiquer les éventuelles pensions alimentaires perçues ou versées.

Certaines mères craignent que la banque refuse de prendre en compte la pension alimentaire. En réalité, si celle-ci est régulière et inscrite dans un jugement, elle est souvent considérée comme un revenu à part entière. Les allocations familiales peuvent elles aussi être intégrées dans le calcul de la capacité d’emprunt, ce qui augmente le budget disponible.

Capacité d’emprunt, reste à vivre et taux d’endettement

L’un des critères majeurs reste le taux d’endettement, plafonné à environ 35 % par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF). Concrètement, cela signifie que la somme des mensualités de crédits (immobilier, consommation, auto…) ne doit pas dépasser un tiers des revenus mensuels nets.

Pour les mères célibataires, le reste à vivre – la somme qui reste après avoir payé les charges et les mensualités – est particulièrement scruté. Les banques estiment le coût moyen d’un enfant à environ 200 € par mois en province et jusqu’à 300 € en Île-de-France. Plus le nombre d’enfants est important, plus il est nécessaire de démontrer que la gestion budgétaire est solide et anticipée.

Un bon moyen d’améliorer sa capacité d’emprunt est de réduire ses crédits en cours avant de se lancer, ou encore de rallonger la durée de l’emprunt afin d’abaisser les mensualités, tout en restant dans une enveloppe financière maîtrisée.

20 % des dossiers de crédit immobilier ont été déposés par des femmes seules en 2023. Elle étaient 34 % à avoir au moins un enfant à charge.

Un profil qui rassure : CDI, apport et stabilité financière

Si l’accès au crédit reste plus exigeant, les mères célibataires présentent souvent un profil qui rassure les banques. Selon les données d’une étude menée par Cafpi en 2024, 68 % des femmes qui achètent seules sont en CDI, avec un âge moyen de 37 ans et une situation professionnelle stable.

Le salaire médian de ces acheteuses tourne autour de 39 000 € par an, avec un apport personnel représentant environ 23 % du prix du bien. Cet apport témoigne d’une capacité d’épargne et d’une discipline financière, qui jouent en faveur du dossier.

Certaines choisissent de se tourner vers des biens plus petits ou situés en périphérie pour réduire le montant à financer. Par exemple, acheter un appartement de 65 m² en zone périurbaine peut coûter bien moins cher qu’une maison en centre-ville, tout en offrant un confort adapté aux enfants.

Aides et prêts aidés : quelles solutions pour booster votre projet ?

Pour compléter un prêt immobilier classique, plusieurs dispositifs d’aide existent :

  • Le prêt à taux zéro (PTZ)  réservé aux primo-accédants – permet de financer une partie de l’achat, sans payer d’intérêts. Le montant dépend de la localisation du bien et de la composition familiale.
  • Le prêt Accession sociale (PAS) – destiné aux revenus modestes – peut couvrir la totalité de l’achat (hors frais de notaire), avec des taux plafonnés.
  • Le prêt Action Logement (ex-1 % logement) – proposé aux salariés du privé – permet d’obtenir jusqu’à 40 000 € sur 25 ans maximum, à un taux préférentiel de 0,5 %.
  • Les aides locales, parfois méconnues, peuvent aussi faire la différence. Certaines collectivités proposent des subventions ou des prêts bonifiés aux familles monoparentales pour favoriser l’installation dans leur territoire.

Intégrer ces aides dans le plan de financement permet de réduire la mensualité finale et d’alléger le coût total de l’opération.

Stratégies pour renforcer son dossier

Pour maximiser ses chances d’obtenir un financement en tant que mère célibataire, plusieurs stratégies peuvent être adoptées :

  1. Préparer un apport solide : même si ce n’est pas obligatoire, il réduit le risque pour la banque, qui exige généralement au moins 10 % du prix du bien minimum, quel que soit le dossier de prêt.
  2. Stabiliser sa situation professionnelle : éviter de changer d’emploi juste avant la demande de prêt.
  3. Soigner son historique bancaire : éviter les découverts et les dépenses impulsives dans les mois précédant la demande.
  4. Se faire accompagner : un courtier immobilier peut aider à présenter son dossier sous son meilleur jour et à négocier un taux plus avantageux.

Ces éléments, combinés à un projet immobilier cohérent, renforcent la crédibilité auprès des prêteurs.

En 2023, une étude Cafpi révélait que les mères célibataires disposaient d’un budget immobilier de 218 075 € et qu’elles souscrivaient un prêt moyen de 170 139 €, sur une durée de 22 ans et avec un taux moyen de 2,60 %.

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