« À Paris, les acquéreurs recherchent des biens clé en main »
C'est peu dire que le marché de l'immobilier parisien a évolué. Les acquéreurs recherchent davantage des espaces extérieurs et certains d'entre eux sont partis en province grâce à l’essor du télétravail. Léa Mitrani, responsable de l’agence Marc Foujols Rive Droite.
Comment se porte le marché immobilier parisien ?
Il est globalement dynamique. En dépit des évènements de ces derniers mois comme les élections présidentielles, la guerre en Ukraine ou encore la hausse des taux d'emprunt, le marché de l'immobilier parisien est relativement calme. Nous avons pu observer que les Parisiens ont privilégié leurs vacances et ont attendu de savoir à quelle sauce ils vont être mangés à la rentrée. Certains ont même reçu le conseil d’attendre quelques mois, dans l’espoir que les prix baissent.
Cette accalmie a-t-elle fait baisser les prix ?
Nous n’avons pas vraiment observé de baisse du prix immobilier à Paris car nous sommes sur un marché de biens de prestige et dans ce segment, les prix se maintiennent.
« Beaucoup d’acquéreurs parisiens recherchent des biens qui se situent dans un secteur le plus calme possible, avec possibilité d'un espace extérieur »
Léa Mitrani, responsable de l’agence Marc Foujols Rive Droite.
Quels sont les critères de recherche des acquéreurs ?
Nous avons pu observer que, depuis quelques mois, ils recherchent davantage des biens « clé en main », qui ne nécessitent pas de travaux. D'une part, les prix des matériaux ont fortement augmenté et les délais de livraison peuvent parfois être très longs. Un beau bien clé en main et proposé au prix du marché va donc se vendre très rapidement. D'autre part, les acquéreurs souhaitent presque tous un espace extérieur. Une vue dégagée et l’exposition reviennent également comme des critères récurrents.
Les négociations reprennent-elles ?
Effectivement, les acquéreurs se montrent plus regardants quant à l’état du bien. Ils peuvent avoir tendance à davantage négocier les prix. On relève actuellement un peu moins d’achats « pulsion » et davantage d’achats réfléchis.
D’où viennent les acquéreurs ?
Nous avons naturellement affaire à des Français, mais également à des acquéreurs étrangers qui font leur retour sur le marché, comme les Américains pour qui le change est avantageux. Historiquement, ces acquéreurs aiment bien le quartier du Marais, mais également celui de Saint-Dominique, celui de Saint-Germain-des-Prés, pour ce qui est de la rive gauche. Sur la rive droite, ils recherchent au Trocadéro, dans le quartier de l’Etoile et Avenue Montaigne. Nous recevons également des clients libanais et en provenance du Moyen-Orient.
En moyenne, le prix au m² à Paris est de 10 962 €/m², avec de fortes disparités d’un arrondissement à l’autre.
Avez observé un exode urbain depuis Paris ?
Oui, c’est un phénomène que nous avons effectivement observé et que les directrices de nos agences de l’Oise ont également observé de leur côté puisque beaucoup de Parisiens s’y sont installés depuis la crise sanitaire. Avec le télétravail qui s’est démocratisé, un grand nombre s’est dit que vivre à 3/4 d’heure de Paris n’est pas si contraignant et permet, en outre, de trouver plus facilement une maison. Une part des Parisiens n’adhère plus au rythme de vie de la capitale. De plus en plus privilégient le cadre et souhaitent un extérieur, de la verdure, etc.
Où faut-il prospecter pour avoir de l'espace ?
Cela dépend du budget, car il est possible de trouver un hôtel particulier d’exception avec un jardin magnifique dans le quartier Trocadéro, en revanche le prix y est élevé. Sinon, on peut se tourner vers certains quartiers du 16e arrondissement, Boulogne, les Hauts-de-Seine ou encore Neuilly, qui est chère mais qui offre des opportunités. Il faut donc s’éloigner du cœur de Paris.
Avez-vous affaire à des investisseurs ?
Oui toujours. Nous recevons, notamment, des demandes de la part d’investisseurs pour des immeubles ou des hôtels particuliers qu’ils peuvent rénover et diviser pour les proposer à la location.
Pouvez-vous nous préciser pourquoi ? (facultatif)