En pleine crise du logement, Airbnb vient d’être sanctionné d’une amende de 64 millions d’euros pour la publication de dizaines de milliers d’annonces illégales en Espagne. Un signal fort envoyé aux plateformes de location touristique, alors que la pression sur les loyers ne cesse de s’aggraver.
Une amende de 64 millions d’euros
Coup dur pour Airbnb : la plateforme de location saisonnière vient d’écoper d’une amende de 64 millions d’euros pour avoir mis en ligne des annonces illégales en Espagne.
Dans le détail, Airbnb est accusé d’avoir publié des annonces sans numéros d’enregistrement ou avec des numéros de licence ne correspondant pas aux registres officiels. Près de 65 122 logements seraient concernés.
Cette amende, six fois supérieure aux revenus que ces annonces auraient pu générer, est la deuxième plus élevée jamais infligée par le ministère de la Consommation, derrière les 108 millions d’euros réclamés à Ryanair en 2014.
Un marché du logement sous tension
Interrogé par l’AFP, un porte-parole d’Airbnb a indiqué que la plateforme « a l’intention de contester cette amende devant les tribunaux ». De son côté, le ministère de la Consommation prévient que la sanction est « définitive ».
Le gouvernement espagnol a également demandé à Airbnb de « corriger les manquements constatés, en supprimant les contenus illégaux ». Une posture stricte, mais qui n’a rien d’étonnant, car le marché du logement ibérique est en crise.
D’après la Banque d’Espagne, le pays accuse en effet un déficit de 60 000 logements par an. Résultat ? À Madrid, les loyers ont flambé de 15 % en l’espace d’un an.
La location touristique dans le viseur des autorités
En cause, un manque d’investissement chronique dans le parc locatif public. L’Espagne ne compte que 2,5 % de logements sociaux, contre 16,8 % en France et 9,3 % en Europe, selon Les Échos.
Mais il y a une seconde raison : en 2024, l’Espagne a accueilli plus de 94 millions de visiteurs. Un record qui place le pays au rang de deuxième destination touristique mondiale, derrière la France.
Cet afflux de touristes impacte directement le marché du logement, puisque de nombreux propriétaires, attirés par une rentabilité bien supérieure, privilégient désormais la location saisonnière.
« Des milliers de familles vivent dans la précarité [...] tandis que quelques-uns s'enrichissent, grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux », a dénoncé Pablo Bustinduy, ministre de la Consommation.
Face à la colère qui monte, plusieurs collectivités ont durci le ton. À Barcelone, la municipalité a d'ores et déjà annoncé qu’elle ne renouvellerait pas les licences d’environ 10 000 logements touristiques, qui expireront en novembre 2028.
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