Barcelone : les conséquences du surtourisme

Blandine Rochelle
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Barcelone, perle de la Catalogne et destination de rêve pour des millions de voyageurs, vacille aujourd'hui sous le poids d'un tourisme de masse incontrôlé. Si la capitale catalane est un trésor culturel et historique inestimable, son équilibre économique et social est désormais sérieusement menacé. Ce déséquilibre force la ville à repenser son modèle de développement pour lui éviter de perdre son âme sous la pression de cette vague touristique.

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Barcelone est en proie au surtourisme, et les habitants en souffrent. © Andrey Danilovich - Getty images
Barcelone est en proie au surtourisme et les habitants en souffrent. © Andrey Danilovich - Getty images
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Une capitale assiégée par des flots de visiteurs

En 2023, Barcelone a accueilli plus de 12 millions de touristes. Ce chiffre, aussi impressionnant soit-il, souligne l'ampleur du défi auquel la ville est confrontée. Chaque année, les visiteurs affluent pour découvrir la Sagrada Família, flâner le long des Ramblas ou encore profiter des plages de la Barceloneta.

Mais derrière cette affluence se cache une réalité complexe : Barcelone, malgré sa popularité, est une ville qui souffre. La surfréquentation menace non seulement la qualité de vie de ses habitants mais également l'identité de la ville.

Explosion des loyers et exode des résidents

L'un des effets les plus accablants du surtourisme à Barcelone est l'explosion des loyers. Selon les données de la mairie, les prix moyens des appartements ont grimpé de 68 % au cours de la dernière décennie.

Cette hausse vertigineuse des loyers pousse de nombreux résidents à quitter leur quartier, incapables de suivre cette inflation galopante. Les quartiers historiques, autrefois habités par des familles locales depuis des générations, se vident peu à peu, remplacés par des logements touristiques destinés à des visiteurs de passage. Notons que le prix des maisons à Barcelone a augmenté de 38 % en 10 ans.

Transformation du tissu commercial et disparition des commerces de proximité

La montée en flèche des prix de l'immobilier ne se limite pas à l'habitat résidentiel : elle affecte également le tissu commercial de la ville. Les commerces de proximité, essentiels à la vie quotidienne des résidents, ferment progressivement pour céder la place à des boutiques perçues comme plus lucratives pour les touristes.

Les épiceries, les boulangeries et autres commerces de quartier sont remplacés par des magasins de souvenirs, des chaînes internationales ou des restaurants destinés aux visiteurs. Cette transformation a un impact profond sur la vie locale, altérant l'atmosphère authentique des quartiers et rendant la ville moins habitable pour ses habitants.

Face à la crise du logement et à la flambée des prix immobiliers, Barcelone a annoncé la fin des appartements de type Airbnb pour 2028.

Une colère croissante parmi les habitants

Face à cette situation, le mécontentement grandit parmi les Barcelonais. Le 6 juillet 2024, environ 2 800 habitants sont descendus dans la rue pour manifester contre le tourisme de masse, scandant des slogans comme « Les touristes hors de nos quartiers ! » et brandissant des banderoles exigeant des mesures immédiates.

Cette mobilisation témoigne d'une exaspération collective face à un modèle touristique jugé insoutenable. Les habitants dénoncent non seulement l'augmentation des prix de l'immobilier mais aussi la disparition progressive de leur cadre de vie.

Des mesures pour limiter le surtourisme

En réponse à la pression sociale croissante, la mairie de Barcelone a pris des mesures pour tenter de limiter les effets du surtourisme. Parmi les initiatives les plus emblématiques figure l'interdiction progressive des locations d'appartements touristiques d'ici 2028.

L'objectif est de redonner un accès au logement aux résidents permanents et de réduire les nuisances causées par le tourisme intensif. Les élus de la mairie de Barcelone affichent sans équivoque une volonté de trouver des solutions durables pour rétablir un équilibre entre le tourisme et la qualité de vie des habitants.

Un phénomène global touchant l'ensemble de l'Espagne

Barcelone n'est pas seule dans cette lutte contre le surtourisme. D'autres régions espagnoles, telles que les îles Baléares, les Canaries et certaines villes d'Andalousie comme Malaga, voient également des mouvements hostiles au surtourisme prendre de l'ampleur.

Avec 85,1 millions de visiteurs étrangers en 2023, l'Espagne, deuxième destination touristique mondiale, est confrontée à un phénomène qui touche de multiples localités. Partout dans le pays, des initiatives sont prises pour tenter de préserver le tissu social et économique local tout en maintenant l'attrait touristique.

Vers un modèle de tourisme durable ?

Face à cette crise, il devient urgent de repenser le modèle économique de Barcelone. La ville doit intégrer des pratiques de tourisme durable, conciliant les intérêts des habitants avec ceux des visiteurs. Les manifestations et les mesures récemment prises sont un appel à un changement vital.

Les touristes, tout en continuant de profiter de la beauté et de la richesse culturelle de Barcelone, sont invités à être conscients de leur impact et à agir de manière responsable. Il en va de la survie de l'âme même de Barcelone, cette ville unique qui a tant à offrir, non seulement aux visiteurs mais aussi à ceux qui y vivent au quotidien.

Les loyers dans la ville de Barcelone ont augmenté de 18 % en juin 2024 par rapport à l’année précédente.

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