Le propriétaire donne congé pour reprise et reloue le bien. Quels sont les recours ?
Dans le cadre d’un bail d'habitation soumis à la loi de 1989, le propriétaire ne peut donner congé au locataire qu’en respectant un préavis de 6 mois avant la fin du bail et seulement pour ces raisons : vente, reprise, motif légitime et sérieux.
Les conditions d’un congé pour reprise
Le propriétaire doit indiquer le motif du congé et, en cas de reprise, le nom et l'adresse du bénéficiaire. Il doit aussi préciser la nature du lien existant entre lui et la personne qui reprend le logement. Celui-ci ne peut être que :
- lui-même,
- son conjoint,
- le partenaire auquel il est lié par un pacte civil de solidarité enregistré à la date du congé,
- son concubin notoire depuis au moins un an à la date du congé,
- ses ascendants,
- ses descendants ou ceux de son conjoint,
- les descendants de son partenaire ou de son concubin notoire.
Lorsqu'il donne congé à son locataire pour reprendre le logement, le propriétaire justifie du caractère réel et sérieux de sa décision. Le délai de préavis applicable au congé est de six mois lorsqu'il émane du bailleur.
Le bénéficiaire doit rapidement habiter dans les lieux
Même si la loi ne prévoit pas de délai, la jurisprudence impose que le propriétaire qui donne congé pour reprise habite les lieux dans un délai raisonnable et pour une durée sérieuse. Il en est de même pour le bénéficiaire de la reprise s'il diffère du bailleur. Le délai de vacance rendant le congé frauduleux relève de l’appréciation des juges. Il a été décidé qu’un propriétaire n’occupant pas les lieux dans les 2 ans suivant le départ du locataire devait lui verser des dommages et intérêts en réparation de son préjudice. La Cour de cassation va même plus loin et considère qu’une inoccupation des lieux pendant les 5 mois suivants le départ du locataire constitue un congé frauduleux.
Bon à savoir
Afin de ne pas engager sa responsabilité, le bailleur doit prouver l’impossibilité matérielle d’occuper les lieux, d’un cas de force majeure, indépendant de sa volonté.
Quelle sanction en cas de congé frauduleux pour le propriétaire ?
Le fait, pour un propriétaire, de délivrer un congé justifié frauduleusement par sa décision de reprendre ou de vendre le logement est puni d'une amende pénale dont le montant ne peut être supérieur à 6 000 € pour une personne physique et à 30 000 € pour une personne morale.
Références juridiques
- Article 15 de la loi n°89-462 du 6 juillet 1989
- Civ 3, 18 novembre 1998, RDI 1999, 157
- CA Aix en Provence, 15 avril 2011, ALDI 2012.123
- CA Nancy, 15 janvier 2008, loyers et copr. 2008, n°158
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