Chamonix va limiter les locations meublées de tourisme
La vallée de Chamonix-Mont-Blanc, célèbre pour ses stations de ski et son tourisme saisonnier, a décidé d’instaurer des restrictions sur les locations de meublés de tourisme (type Airbnb), à partir du 1er mai 2025. Objectif : freiner l’augmentation des prix immobiliers et favoriser l’accès au logement pour les résidents permanents. Une décision jugée nécessaire, dans un contexte où les locations de courte durée se multiplient et alimentent la pénurie de logements à l'année.
Mise en place de quotas pour les propriétaires
La vallée de Chamonix-Mont-Blanc traverse depuis plusieurs années une crise du logement. Vivant en majorité des activités touristiques saisonnières, les communes de Chamonix, Les Houches, Vallorcine et Servoz ont été classées « zones tendues » en août 2023. Concrètement, cela signifie que la demande en matière de logements est supérieure à l’offre. Si c'est le cas ailleurs en France, ces quatre communes se sont alliées pour endiguer le phénomène, favoriser l’accès au logement pour les résidents, et stabiliser les prix du marché immobilier. L’une des mesures phares annoncées plus tôt cette année : la mise en place d’un quota pour les propriétaires. Ainsi, une personne physique ne pourra plus mettre qu’un seul bien en location touristique (ou deux pour la commune de Servoz). Cette activité sera également encadrée par l’administration locale, par le biais d'une demande d’enregistrement délivrée par la mairie. Avec ces nouvelles règlementations, les autorités locales espèrent pouvoir freiner les spéculations immobilières et permettre aux habitants de la vallée d’accéder plus facilement à des logements.
Réagir à la montée des prix de l’immobilier
Cette pénurie de logements et la demande élevée qui en découle ont largement favorisé une montée spectaculaire du prix de l’immobilier dans la vallée. À Chamonix, les prix au m² ont atteint un pic oscillant entre 10 000 et 18 000 € – soit une augmentation de plus de 10 % en 10 ans –, tandis que les montants des loyers dépassent désormais les 30 € par m². Des hausses significatives, qui s’expliquent en partie par l’essor des locations saisonnières de courte durée comme Airbnb : elles ont presque doublé en seulement quatre ans, passant de 2 700 biens en 2020 à 4 000 biens en 2024. Un réel problème pour les habitants de la vallée, qui peinent désormais à se loger convenablement. Cette situation a largement fait réagir le maire de Chamonix, Éric Fournier, qui a attesté de « la nécessité de rééquilibrer le nombre de logements permanents par rapport aux logements destinés à la location touristique », dans sa déclaration en réunion du conseil communautaire. Cette nouvelle régulation n’en est qu’à ses balbutiements : si elle ne vise pour l’instant que les personnes physiques, elle tend à s’étendre prochainement aux personnes morales.
Des mesures bientôt étendues aux personnes morales ?
Si ces nouvelles mesures ne concerneront, dans un premier temps, que les propriétaires physiques, les principaux acteurs du conseil communautaire de la vallée de Chamonix-Mont-Blanc souhaiteraient faire appliquer par la suite ces restrictions aux multipropriétaires tels que les agences immobilières, les gestionnaires de parc immobilier ou encore les conciergeries. Une réticence à faire valoir ce dispositif aux personnes morales, qui s’explique par un risque de voir le règlement attaqué par des personnes sociétés, disposant de moyens financiers conséquents. Pour autant, faire appliquer ce décret à cette catégorie de propriétaires reste une volonté pour le conseil communautaire. Selon les données récoltées en 2023 via la taxe de séjour, près de 3 500 logements meublés de tourisme seraient détenus par ces professionnels de l’immobilier.
Vers une législation nationale ?
En plus de sa vallée, le maire de Chamonix souhaite étendre la régulation des locations des meublés touristiques à l’ensemble du territoire français. Des débats avaient été entamés avant la dissolution de l’Assemblée nationale à l’aube de l’été 2024 et devraient reprendre dans les mois à venir. Ce n’est pourtant pas la première fois que certaines villes mettent en place des mesures pour encadrer les locations saisonnières. Des métropoles touristiques comme Paris, Bordeaux ou encore Annecy ont précédemment instauré des quotas similaires, dans le cadre de la loi ALUR. Cette loi permet aux « zones tendues » d’imposer des restrictions sur le nombre de biens pouvant être loués sur de courtes durées. La question est désormais de savoir si une législation nationale plus contraignante pourrait voir le jour, afin d'uniformiser les règles sur l'ensemble du territoire et de renforcer les pouvoirs des collectivités locales face à ce phénomène.
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