Succession immo : les femmes héritent-elles moins que les hommes ?

Blandine Rochelle
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Si l’égalité hommes-femmes est un principe fondamental, les femmes héritent souvent moins que les hommes, surtout en matière de biens immobiliers. Cette inégalité interroge sur les pratiques familiales, les normes sociales et les mécanismes économiques qui influencent la répartition du patrimoine. Quelles en sont les causes, les chiffres clés et les conséquences sur l’autonomie financière des femmes ? Éléments de réponse.

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Si l’égalité hommes-femmes est un principe fondamental, dans la réalité, les femmes héritent souvent moins que les hommes, notamment quand il s’agit de biens immobiliers. Miljan Živković © - Getty images
les femmes héritent souvent moins que les hommes, surtout en matière de biens immobiliers. © Miljan Živković - Getty Images
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Des chiffres révélateurs d’une inégalité persistante

Malgré une égalité légale stricte en matière d’héritage, les chiffres montrent que les femmes héritent en moyenne moins que les hommes. Des données issues des offices notariaux indiquent que les biens perçus comme les plus importants – en particulier les biens immobiliers – sont très majoritairement transmis aux fils plutôt qu’aux filles, indépendamment de leur rang de naissance. En effet, les hommes sont désignés héritiers universels dans 58 % des cas, contre seulement 42 % pour les femmes, selon les notaires de France.

Cette différence n’est pas seulement quantitative, mais aussi qualitative. Les femmes reçoivent plus souvent des parts en usufruit, ce qui leur permet d’utiliser un bien mais limite leur capacité à le vendre ou à en disposer librement. Cette distinction entre pleine propriété et usufruit a un impact significatif sur la gestion et la valorisation du patrimoine.

De plus, l’écart de patrimoine immobilier entre hommes et femmes s’est accentué ces dernières années, avec une progression des inégalités passant de 9 % en 1998 à 16 % en 2015. Cette tendance met en lumière une dynamique défavorable aux femmes dans la constitution et la transmission du patrimoine immobilier.

Les racines de l’inégalité successorale entre hommes et femmes

Plusieurs facteurs expliquent cette inégalité persistante. Tout d’abord, les inégalités salariales et professionnelles jouent un rôle majeur : en moyenne, les femmes gagnent moins que les hommes et ont moins de chances d’accumuler un patrimoine important de leur vivant. Cela réduit leur capacité à investir dans l’immobilier ou à acquérir d’autres biens.

De plus, les hommes sont davantage bénéficiaires de donations anticipées et cela se ressent dans les écarts puisque même lorsqu’elles héritent, les femmes perçoivent en moyenne 20 % de moins que les hommes.

Ensuite, les normes sociales et les pratiques familiales influencent fortement les choix successoraux. Traditionnellement, la transmission des biens immobiliers favorise les garçons, perçus comme les « continuateurs » du nom et du patrimoine familial. Les mères ou pères transmettent souvent les maisons familiales aux fils, tandis que les filles reçoivent majoritairement des parts d’argent ou des biens mobiliers. Ces habitudes, bien que moins fréquentes aujourd’hui, restent ancrées dans de nombreuses familles.

Par ailleurs, les femmes bénéficient moins d’un accompagnement financier et juridique adapté. Beaucoup manquent d’informations précises sur leurs droits et sur les mécanismes patrimoniaux, ce qui les place en position de faiblesse lors des successions. Le poids des stéréotypes et des rôles genrés dans la gestion patrimoniale contribue également à cette situation.

Selon l’Insee, le patrimoine brut moyen d’un homme s’élève à 228 000 €, contre 192 000 € pour une femme.

L’impact sur le patrimoine immobilier des femmes

L’immobilier est souvent le pilier du patrimoine familial. Or, les femmes héritent moins fréquemment de biens immobiliers, ce qui limite leur capital net. Par exemple, dans les familles où plusieurs enfants héritent, le bien immobilier majeur est souvent attribué à un seul héritier – souvent un fils – tandis que les filles reçoivent une compensation financière moindre.

Cette réalité entraîne des conséquences concrètes. En héritant moins de biens immobiliers, les femmes ont moins de garanties pour leur sécurité financière, notamment à la retraite. Elles sont également moins à même de transmettre un patrimoine solide à leurs propres enfants, ce qui perpétue les inégalités entre générations.

Des conséquences sociales et économiques à long terme

L’inégalité dans la transmission immobilière participe à creuser l’écart de richesse entre hommes et femmes. Cette situation aggrave la précarité économique des femmes, particulièrement celles qui sont veuves ou divorcées, qui peuvent se retrouver sans ressources patrimoniales suffisantes.

En outre, la moindre appropriation du patrimoine immobilier par les femmes limite leur autonomie et leur pouvoir économique. Cela se traduit aussi par un accès plus difficile au crédit immobilier et à l’investissement. Les femmes sont ainsi doublement pénalisées : elles héritent moins et ont plus de difficultés à construire un patrimoine de leur vivant.

Une enquête réalisée par l’institut Odoxa pour Boursorama Banque en 2020 révélait que 58 % des femmes estiment ne pas maîtriser suffisamment les questions d’héritage et de succession, contre 47 % des hommes.

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