Entre inflation, pénurie de logements et mesures visant à lutter contre les passoires thermiques, la situation est très difficile pour les étudiants qui ont de plus en plus de mal à se loger dans de bonnes conditions. Et ce dans une grande partie des villes de France, qui connaissent toutes des hausses de loyer importantes. Lorsque ces jeunes arrivent à se loger, le coût de la vie est tel que leur reste à vivre est infime.
Le coût du logement de plus en plus élevé
L’inflation n’épargne aucune ville et touche particulièrement les étudiants dont le budget alloué au logement est de plus en plus élevé. Paris demeure en tête du classement réalisé par l’UNEF, syndicat étudiant, avec un coût mensuel moyen en 2023 de 881 €, soit une évolution de +2,20 %. Les villes d’Ile-de-France sont globalement élevées, à commencer par Nanterre (734 €), Créteil (734 €), Saint-Denis (688 €), Cergy (646 €), Orsay (633 €) ou encore Évry (626 €). Mais les autres grandes villes étudiantes ne sont pas en reste :
- À Nice, les étudiants doivent prévoir en moyenne 649 €.
- À Lyon, le budget mensuel moyen est de 592 €.
- À Bordeaux, il faut prévoir 582 €.
- À Aix-en-Provence, le loyer se hisse à 572 €.
- À Lille, les étudiants doivent prévoir 517 €.
- À Toulouse, le budget mensuel est de 495 €.
- À Nantes, il faut prévoir 491 €.
Plus généralement, c’est le coût de la vie dans sa globalité qui a explosé, puisqu’il a bondi de +6,47 %, soit + 594,76 € pour l’année d’après une étude de l’UNEF. Un étudiant doit alors prévoir un coût mensuel global de 1 557,45 € à Paris, 1 307,44 € à Nice, 1 256,27 € à Lyon, 1 245,84 € à Bordeaux, 1 210,77 € à Marseille ou encore 1 165,11 € à Montpellier.
Car outre le logement qui représente le principal poste de dépense des étudiants, ces derniers doivent également se déplacer. Or le coût des transports connaît également une forte hausse. Les prix annuels des abonnements des transports en commun, indispensables aux étudiants, varient entre 373 € en Ile-de-France et 44 € à Montpellier, tandis qu’ils se hissent à 244,80 € à Bordeaux, 139 € à Pau et 100 € à La Rochelle. Lorsque les étudiants ont financé le logement et le transport, « ils ont moins de 100 € de reste à vivre chaque mois en moyenne », indique Isabelle Larochette, fondatrice de la Fondation I Loge You qui mène des actions en faveur du mieux logement. « La situation est dramatique pour les étudiants, et 90 % d’entre eux vivent avec moins de 1 000 € par mois. »
Limoges, Le Mans, Pau, Poitiers ou encore Saint-Etienne apparaissent comme les villes les moins chères pour les étudiants.
Une pénurie de logements dans les villes étudiantes
Outre les loyers qui augmentent, la pénurie de logements Crous s’accentue également. Il devient de plus en plus difficile pour les étudiants d’obtenir un logement dans une résidence étudiante aux loyers plafonnés, à en croire un rapport d’information du Sénat paru en 2021 et porté par l’AIRES, association interprofessionnelle des résidences étudiants et services, qui indiquait qu’il manquait déjà au moins 250 000 logements étudiants pour répondre à la demande. Seuls les étudiants boursiers peuvent espérer obtenir une place dans ces structures. Mais même en ne tenant compte que des seuls étudiants boursiers, la demande est encore nettement supérieure à l’offre. On dénombre ainsi 174 000 logements Crous répartis sur tout le territoire, dont une partie est indisponible pour cause de rénovation. Or, le pays compte plus de 720 000 étudiants boursiers, et la demande de logements en résidences étudiantes s’élevait à 740 000 à la rentrée universitaire de 2023, soit 20 000 de plus qu’à la rentrée 2022.
Face à cette pénurie de logements Crous, une immense majorité d’étudiants se retrouve dans l’obligation de rechercher un logement sur le marché immobilier classique, lui-même touché par une pénurie de logements. En effet, la plupart des grandes villes étudiantes est confrontée à une demande nettement supérieure à l’offre, ce qui entraîne une concurrence accrue. Et la situation ne risque pas de s’arranger, car les ménages ayant de plus en plus de mal à accéder à l’achat de leur résidence principale en raison des taux d’intérêt élevés et des conditions d’octroi de crédits immobiliers resserrés, ces derniers se rabattent sur les biens en location, accentuant davantage la pénurie d’offre locative.
Ainsi, la mise en location de biens a reculé d’environ 23,2 % entre août 2022 et août 2023, et certaines villes sont particulièrement impactées, comme Rennes qui enregistre un recul des annonces immobilières de 42,9 %, Paris avec une baisse de 38,3 %, et Nice avec un recul de 33,9 %. Cette pénurie impacte donc en premier lieu les étudiants dont la situation financière est souvent fragile, et dont les candidatures ne sont pas toujours les plus attractives pour les propriétaires.
La lutte contre les passoires thermiques pénalise les étudiants
Un autre facteur vient ajouter des difficultés pour les étudiants qui recherchent un logement, et accentue la pénurie : la lutte contre les passoires thermiques. Ces logements classés F ou G sur le DPE (diagnostic de performances énergétiques), vont être progressivement retirés du marché de la location car considérés comme trop énergivores et trop coûteux en chauffage. Ces nouvelles contraintes ont entraîné un bond du nombre de mises en vente de ces passoires thermiques qui sont donc retirées du marché de la location. « Le problème, c’est que ces mesures deviennent difficiles à aborder pour certains propriétaires qui sont financièrement dans l’incapacité de rénover leur logement », explique Isabelle Larochette. « Cela engendre un nombre en baisse de locations disponibles pour les étudiants dont le budget logement est également restreint. » Nous observons ainsi d’un côté des propriétaires qui essaient de vendre ces logements énergivores et qui n’y parviennent pas, et de l’autre côté une offre locative de plus en plus restreinte et donc des étudiants en grande difficulté.
Dans des villes comme Rennes où 20 % de la population est étudiante, la tension locative est donc particulièrement importante sur les studios et les T1.
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