Sous pression, Airbnb lance aujourd’hui un portail destiné aux municipalités. Objectif : fournir aux maires des données clés pour mieux réguler l’essor des meublés touristiques.
Un outil « construit à la demande des villes »
Airbnb a décidé de montrer patte blanche. Quelques jours après l’adoption de la loi Le Meur, qui prévoit de mieux encadrer les locations de meublés touristiques, la plateforme a créé un portail d’accès national à ses données.
Le nouvel outil, présenté ce mardi 19 novembre 2024 à l’occasion du Salon des Maires, a été « construit à la demande des villes », précise Airbnb. Il permettra aux élus locaux d’accéder à certaines données de la plateforme.
Ces derniers pourront par exemple visualiser le nombre de voyageurs hébergés. Mais également le nombre d’hébergements dans chaque quartier, ainsi que leur nature (meublé touristique, résidence principale, chambre chez l’habitant…).
Les maires pourront aussi savoir combien de nuitées ont été réservées, d’où sont originaires les voyageurs, et suivre les retombées économiques générées par Airbnb (emplois soutenus, revenus des hôtes, taxes de séjour…).
29 000 communes bientôt connectées à la base de données Airbnb
L’objectif de ce portail ? Permettre aux municipalités françaises de « mieux appréhender les principaux flux touristiques » et « d'évaluer les bénéfices de la location meublée touristique localement », indique Airbnb.
Grâce à ses données, les maires pourront aussi « définir, lorsque cela est nécessaire, des réglementations locales ciblées et proportionnées, à l’échelle de chaque quartier », précise la plateforme de location saisonnière.
Airbnb partageait déjà ces informations avec 350 villes en zone tendue. Désormais, les 29 000 communes dans lesquelles l’entreprise est présente pourront avoir accès à ces données, qui seront présentées de façon plus visuelle.
Un contexte politique agité
L’annonce d’Airbnb s’inscrit dans un contexte politique agité. Et pour cause : entre 2019 et 2024, le nombre d’annonces de location courte durée a augmenté de 48 % en France, selon la plateforme AirDNA.
Certaines municipalités sont particulièrement impactées par l’essor rapide des meublés touristiques. C’est par exemple le cas de la ville de Marseille, qui a décidé de scier les boîtes à clés installées dans l'espace public.
Résultat ? Le 7 novembre dernier, après deux ans de débat, le Parlement a donné son feu vert à la loi Le Meur, aussi appelée loi « anti-Airbnb ». Ce texte prévoit une hausse de la fiscalité pour les meublés de tourisme.
Virage stratégique pour Airbnb ?
Mais ce n’est pas tout. Les maires disposeront de nouveaux outils pour mieux réguler les locations Airbnb dans leurs communes. Les élus locaux auront par exemple la possibilité de fixer « des quotas de meublés de tourisme ».
La loi prévoit aussi que les maires pourront « désigner des zones réservées à la construction de résidences principales » et baisser « le nombre maximal de jours de locations touristiques des résidences principales » de 120 à 90 jours.
Face à ces restrictions, Airbnb pourrait faire évoluer sa stratégie. À l’occasion d'une conférence, Brian Chesky, PDG de l’entreprise, a déclaré que la location longue durée représente une « énorme opportunité de croissance ».
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