Chamonix, les nouvelles résidences secondaires, c'est fini !
70 % : c’est la part écrasante de résidences secondaires à Chamonix. Pour stopper l’emballement, la mairie a pris une décision radicale : l’interdiction d’en construire de nouvelles sur une majeure partie de son territoire. Décryptage d’un texte qui fait grincer les dents des investisseurs.

Une mesure pour soutenir le logement permanent
C’est une première en France. Éric Fournier, maire de Chamonix, vient de faire adopter un plan local d’urbanisme (PLU) interdisant la construction de nouvelles résidences secondaires. La mesure concerne 87.5 % des 12 hectares de foncier encore constructibles.
L’objectif ? Renforcer l’accès au logement permanent et lutter contre l’augmentation spectaculaire des prix immobiliers. Car avec 70 % de résidences secondaires, la ville peine à loger ses résidents et ses saisonniers, forcés de descendre dans la vallée pour trouver à se loger à des prix plus modérés.
Grâce à cette mesure, le maire espère créer et reconvertir 1 000 logements dans les 10 prochaines années. Il entend aussi « imposer 50 % de mixité sociale dans des secteurs ciblés à urbaniser (opérations d’aménagement et de programmation) et 25 % pour toute construction supérieure à 200 m² », explique-t-il dans un communiqué de presse.
La France, championne d’Europe des résidences secondaires
La France compte 3.7 millions de résidences secondaires, qui représentent 9.9 % du parc de logements ordinaires. Le plus haut pourcentage d’Europe !
Airbnb également dans le collimateur
Ce nouveau PLU s’appuie sur la loi Le Meur du 19 novembre 2024, qui offre aux maires une véritable boîte à outils pour lutter contre la prolifération des résidences secondaires et logements touristiques type Airbnb.
Il vient renforcer un autre dispositif qui entrera en vigueur le 1er mai 2025 à Chamonix : l'enregistrement en mairie et l’autorisation de changement d’usage avant toute mise en location d’un meublé de tourisme. Les propriétaires seront en outre limités à un bien touristique sur le marché.
« Avec le cumul de ces deux mesures, on se dirige vers une stratégie de sobriété foncière. J’ai bon espoir qu’on inverse la tendance pour trouver un meilleur équilibre entre la population permanente et la population touristique », poursuit Éric Fournier.
Une fiscalité qui explose
Depuis 2023, Chamonix applique une surcote de 50 % sur la taxe d’habitation des résidences secondaires. Estimée à 2,5 à 3 millions d’euros par an, la recette alimente un fonds dédié à l’achat de foncier pour des logements permanents à destination des agents municipaux.
Des restrictions aussi pour l’hôtellerie
Le nouveau PLU ne vise pas seulement les résidences secondaires : l’hôtellerie subit elle aussi un sérieux tour de vis. Aucun nouveau projet d’envergure ni Unité Touristique Nouvelle (UTN) ne pourra sortir de terre, pour limiter la croissance de l’offre.
Seuls les hôtels dits « familiaux », d’une quarantaine de chambres, pourront étendre leur capacité d’accueil d’au maximum 30 %. Les établissements plus grands seront autorisés à accroître leur capacité de 20 % maximum, sous réserve de loger des travailleurs ou des saisonniers.
90 hectares de zones à urbaniser converties en terres agricoles
En parallèle des restrictions imposées au tourisme résidentiel, la commune engage une transformation profonde de son urbanisme. Pour répondre à l’objectif de « zéro artificialisation nette des sols d’ici 2050 » fixé par la loi Climat et résilience de 2021, le PLU fait basculer 90 hectares de zones à urbaniser en zones agricoles et 50 hectares en zones naturelles.
Avec cette disposition, le maire entend « rappeler l’importance de préserver les ressources naturelles exceptionnelles de la commune, qui font son attractivité, et méritent toute notre attention et notre engagement dans un contexte de réchauffement climatique ».
Pionnière dans l’interdiction des résidences secondaires, Chamonix sera-t-elle bientôt suivie par d’autres stations de montagne ? Affaire à suivre…
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