Suite aux six semaines de débats organisées dans le cadre de la démarche « Habiter la France de demain », SeLoger a interrogé les professionnels de l’immobilier sur les solutions qu’ils préconisent. Trois tendances émergent.
Des attentes qui changent
« La crise a profondément changé les attentes de chacun sur le logement. Chez SeLoger, nous avons vu naître les envies d’extérieur et le besoin de transformer une partie de son logement en bureau pour pouvoir télétravailler. La crise nous a également rappelé combien la connexion Internet était importante », décrypte Caroline de Gantès, Country Managing Director du Groupe SeLoger en ouverture d’une conférence intitulée « Pourquoi faut-il vraiment réinventer l’immobilier de demain ? » organisée dans le cadre du salon RENT ce jeudi 21 octobre. D’ailleurs, selon une enquête réalisée par l’institut BVA pour SeLoger (*), 81 % des professionnels de l’immobilier estiment que la présence d’un espace pour le télétravail fera partie des critères décisifs des acquéreurs, tout comme la proximité avec des espaces verts (83 %). L’immobilier doit effectivement se réinventer et suivre trois voies...
Vers un immobilier plus intense
« Actuellement, près de la moitié de la population mondiale vit en ville et d’ici 2050, nous serons 5 milliards. Les citoyens continuent d’y affluer car ces territoires proposent les meilleures opportunités d’emplois, des salaires plus élevés, de meilleures écoles et un meilleur accès aux soins. Reste à savoir si les villes résisteront au test de résilience imposé par la pandémie », pose Soo-Jin Kim, chef de l'Unité des politiques et études urbaines au sein du Centre pour l'entrepreneuriat, les PME, les régions et les villes de l'OCDE.
Pour que les villes restent attractives, elles doivent répondre aux demandes des Français. « Nos clients sont à la recherche d’une ville plus respectueuse et douce, assure Julien Savelli, Président délégué de la FNAIM. Ils sont nombreux à vouloir la même chose : pouvoir se rendre au centre-ville en vélo, à pied ou à l’aide d’un dispositif permettant une mobilité douce. » Une tendance confirmée par le sondage SeLoger, puisque 71 % des professionnels interrogés estiment que l’accès au transport public sera un critère décisif dans l’acte d’achat.
Les collectivités locales doivent donc proposer « un logement de qualité pour tous en répondant aux aspirations des Français qui demandent des espaces avec de la nature, du calme, mais aussi un accès plus simple au travail, aux transports collectifs, aux services… Cela signifie qu’il faut qu’une grande partie des permis de construire octroyés le soient dans les villes, là où sont les besoins », avance Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement. Or, « par le passé, on a refusé la densification des villes, résultat, toutes les métropoles sont bloquées par les déplacements domicile-travail », déplore Pascal Boulanger, président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI). Un point de crispation révélé par l’étude BVA pour SeLoger. D’ailleurs, pour réinventer l’immobilier de demain, 51% des professionnels sondés estiment qu’il faut « favoriser la création de bassins d’emploi dans des zones résidentielles pour limiter les déplacements. » Cela passera par des documents de programmation urbaine qui préservent la nature en ville, tout en densifiant les espaces déjà artificialisés. C’est l’émergence de la ville intense.
81 % des professionnels de l’immobilier pensent que la présence d’un espace pour télétravailler fera partie des critères décisifs des acheteurs.*
Vers un immobilier plus abordable
« Le logement idéal répond aux attentes des Français et il est abordable », pose Emmanuelle Wargon. La maîtrise des prix passera par une offre suffisante, qui fera baisser les tensions sur le marché selon la ministre. D’autant que pour Soo-Jin Kim, le prix des logements en ville devient problématique. « Les ménages en ville ont de moins en moins de revenus disponibles pour les autres postes de consommation. » Ces autres postes, comme la culture, les loisirs... rendent justement la vie en ville agréable. Pour tenter de maîtriser les prix des logements, la ministre table sur l’augmentation de l’offre et rappelle avoir « mis en place des dispositifs fiscaux : comme celui sur le logement intermédiaire, le dispositif Pinel, le dispositif Louer Abordable qui sera révisé ou encore le Denormandie dans l’ancien. Autant d’aides qui soutiennent le logement abordable », insiste Emmanuelle Wargon.
Pour 60% des professionnels interrogés par BVA pour SeLoger, l’immobilier abordable passera par « l’accès à la propriété grâce à un crédit plus accessible ». Et pour Pascal Boulanger, il faut veiller à ce que les dispositifs à venir, comme le « Pinel + », qui fixera notamment une surface minimale par typologie de logement, « ne fasse pas augmenter les prix de sortie ». Rappelons que selon l’étude BVA pour SeLoger, 71 % des professionnels de l’immobilier anticipent que l’optimisation de l’espace et la présence de rangements deviennent un critère décisif dans l’acte d’achat. Sa modularité, c’est-à-dire, sa capacité à s’adapter aux besoins d’une famille qui évolue, deviendra incontournable pour 66 % des sondés.
Vers un immobilier rénové
La création d’un choc de l’offre, qui fera baisser les prix, ne pourra pas se passer d’une intervention massive sur le marché de l’existant avance Julien Savelli. « Travaillons ensemble à augmenter les capacités de rénovation du parc ancien, a-t-il demandé à la ministre du Logement. MaPrimeRénov’ (MPR) ne suffira pas à ramener tous les logements dans la bonne classe énergétique. » Pour rappel, MPR est un dispositif piloté par l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) qui devrait aider financièrement 800 000 ménages à rénover leur logement en 2021 selon les estimations du gouvernement. D’ici à 2025, les propriétaires d’un logement étiquetés « G » ne pourront plus le louer selon la loi Climat et Résilience, promulguée fin août. Pour donner la possibilité aux propriétaires détenteurs d’un de ces logements d’échapper au couperet, Julien Savelli propose « de doubler le montant du déficit foncier » afin de leur permettre de s’engager dans des rénovations massives.
Pour Emmanuelle Wargon, le choc de l’offre passera également par la transformation de bureaux obsolètes en logements. « Nous avons commencé à simplifier la réglementation, même s’il existe encore des freins », a-t-elle reconnu. Actuellement, 350 000 m² sont transformés chaque année. La ministre souhaite faire passer ce volume à 1,5 million de m² par an d’ici 10 ans.
Selon les estimations du gouvernement, en 2021, 800 000 ménages devraient bénéficier d'aides pour rénover leur logement.
(*) Enquête réalisée du 27 septembre au 1er octobre, 150 professionnels interrogés.
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