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« Il faut encourager l'installation des Français en zone rurale »

Anissa Duport-Levanti
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Dans le cadre de l'initiative Le logement parlons-en avec SeLoger, Sandra Marsaud, députée de Charente et urbaniste, nous donne sa vision de l'avenir de l'habitat, en France. Elle revient sur la densification des métropoles, l'avenir du logement en zone rurale, mais aussi sur l'attractivité des villes moyennes dans le podcast de SeLoger, l'immobilier décrypté.

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Sandra Marsaud députée présidentielle
Sanda Marsaud, députée et urbaniste, nous donne sa vision de l'avenir du logement en France. © SeLoger

L’avenir du logement passe-t-il par la densification des métropoles ?

J’ai envie de vous répondre pas vraiment voire pas du tout ! La crise sanitaire, dont on peut déjà tirer quelques analyses, nous pousse à réfléchir encore plus aux questions du logement, sur l’ensemble des territoires. C’est ce que je défends dans mon travail, à la fois à l’Assemblée mais aussi en tant qu’urbaniste. 

On doit considérer le logement dans un environnement, je préfère donc parler d’habitat et pas seulement dans les métropoles. D'autant plus que les métropoles se sont beaucoup développées ces dernières années et connaissent une pression sur leurs ressources, par exemple la ressource en eau à Bordeaux ou Toulouse, du fait d’une urbanisation assez galopante. C’est pour cela que je ne pense pas que la densification soit la solution et aussi parce que je défends les territoires ruraux et leur développement.

Quid du développement des villes moyennes ?

Il faut garder à l’esprit qu’il y a une très grande diversité des villes au sein de ce que l’on appelle les villes moyennes, c'est-à-dire des villes entre 20 et 100 000 habitants. Cela concerne donc autant des villes comme Libourne que comme Orléans. Il est donc compliqué de définir leur attractivité de manière généraliste, bien que le plan Action coeur de ville fait des propositions extrêmement importantes sur les questions des logements comme des commerces. 

Le plan Action coeur de ville concerne 222 villes moyennes, pour un investissement de 5 milliards d'euros sur 5 ans.

Faut-il mettre l’accent essentiellement sur le transport ?

Je ne pense pas que le transport soit le seul critère… Il faut prendre en compte un ensemble de critères pour chaque ville moyenne, dont la mobilité fait partie, afin de développer une cohérence et de travailler collectivement pour activer les leviers d’attractivité de chacune de ces villes. En effet, la géographie, la sociologie sont différentes… J’ai ainsi participé à une mission parlementaire rendue fin janvier sur les commerces et l’aménagement du territoire dans laquelle on propose une modification de la gouvernance locale, avec, par exemple, des offices du commerce afin que tous les acteurs du secteur puissent se mettre autour de la table pour essayer de développer l’attractivité commerciale des centres-villes. 

Les zones rurales profitent-elles de l’attractivité créée par la crise sanitaire ?

Oui et non… On entend parler d'exode urbain depuis l’apparition du Covid-19, mais je voudrais vous parler d’une étude sortie en février qui s’appelle Popsu (Plateforme d’observation des politiques et des stratégies urbaines). Elle a été menée par l’Observatoire des Territoires, qui a essayé, avec des sociologues dès le début de la crise sanitaire et du premier confinement, de tester et d’analyser les effets d’un possible exode. Deux résultats : d’abord, il n’y a pas d’exode urbain généralisé et ensuite il y a eu des effets d’attractivité dont certaines villes moyennes ont bénéficié. Au niveau rural aussi c’est très ponctuel car ces territoires continuent de souffrir par rapport à des métropoles qui ont plus d’infrastructures et de services. 

En revanche, notre réflexion doit nous amener à encourager l’accueil des populations dans ces zones rurales, que je défends énormément, y habitant moi-même et en étant originaire. On doit donc favoriser le développement d’une politique d’habitat spécifique à ces territoires, pour attirer les acteurs du logement (promoteurs comme artisans) mais aussi plus de services.

Le choix entre maison et logement collectif sera toujours présent à l’avenir ?

Oui mais je pense surtout qu’il faut sortir de cette opposition entre maison individuelle et habitat collectif, car ce sont des formes urbaines qui en elles-mêmes connaissent des variations architecturales aux diversités conséquentes. Il faut donc déjà mieux faire connaître aux Français ces différentes formes urbaines, mieux faire rentrer l’architecture dans la vie de tous les jours afin de proposer différents types de projets et de projections possibles de manière pédagogique. 

Derrière, il y a aussi cette idée du parcours résidentiel, qu’il faut absolument travailler en France sur tous les territoires. Cela nécessite encore une fois un travail collaboratif entre tous les acteurs pour allier pédagogique en amont sur le type de logement qu’on veut avoir selon notre situation (âge, projet, finances) et le projet en lui-même et son inclusion sur le territoire. C’est pour cela que je propose, de longue date, la création de maisons de l’habitat dans les zones rurales et les intercommunalités de moins de 50 000 habitants. Leur but : que tous les acteurs (artisans, promoteurs, notaires, élus, constructeurs de maisons individuelles…) se réunissent pour offrir aux Français toutes les réponses à leurs projets.

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