Cette somme colossale réclamée par des propriétaires de locations Airbnb à Barcelone

Laetitia Navarra
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Barcelone est en pleine tourmente. La municipalité a annoncé son intention de mettre un terme aux locations Airbnb d’ici 2028. Cette mesure déclenche une fronde massive chez les propriétaires de meublés touristiques. Regroupés au sein de l’association Apartur, ils exigent une compensation astronomique de 4,2 milliards d’euros pour ce qu’ils qualifient d’« expropriation déguisée ». Décryptage.

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Suppression des logements Airbnb à Barcelone : les propriétaires en colère
Suppression des logements Airbnb à Barcelone : les propriétaires en colère ©Getty Images
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Une interdiction sur fond d'enjeux économiques et sociaux

La décision de la mairie repose sur un constat alarmant : les loyers à Barcelone ont grimpé de 68 % en 10 ans. Conséquence ? Un accès au logement de plus en plus difficile pour les habitants, et des drames humains qui se multiplient, comme le suicide de ces sœurs sous le joug d’une expulsion locative.

Selon le maire socialiste Jaume Collboni, supprimer les licences de 10 000 appartements touristiques d’ici 2028 permettra de libérer des logements pour le marché résidentiel. La nouvelle mesure s’appuie sur un décret adopté en 2023 par le parlement catalan, qui autorise les municipalités à limiter les logements touristiques dans les zones à forte pression immobilière.

Cette initiative apporte une réponse concrète à un problème de longue date. Barcelone, deuxième destination touristique mondiale après Paris, accueille chaque jour environ 170 000 visiteurs. Cette affluence contribue à la saturation de la ville, à l’inflation des loyers et à la prolifération de manifestations anti-touristes. Graffitis, slogans « Tourists go home » et mobilisations citoyennes traduisent l’exaspération croissante des Barcelonais.

Cependant, la mesure divise. Bien que saluée par une grande partie de la population, elle suscite des inquiétudes sur l’avenir économique de la ville. Le tourisme représente en effet 14 % du PIB local. La mairie envisage d’augmenter de 15 000 le nombre de chambres d’hôtel dans la métropole pour compenser l’interdiction des meublés touristiques.

Les propriétaires dénoncent une « expropriation déguisée »

Les propriétaires concernés par l'interdiction ne comptent pas se laisser faire. L’association Apartur, qui représente 7 200 logements sur les 10 000 visés, a saisi le gouvernement régional catalan. Dénonçant une « expropriation déguisée », elle réclame une compensation de 4,2 milliards d’euros.

Une somme qui prend en compte le montant des investissements réalisés ces 5 dernières années et la perte de revenus si l’activité venait à être arrêtée. Si aucune réponse n’est apportée dans un délai de 6 mois, Apartur menace d’engager des actions en justice.

Pour les propriétaires, cette mesure est vécue comme une injustice. D'après eux, les logements touristiques représentent seulement 1 % du parc immobilier total. Et selon le président d’Apartur, Enrique Alcántara, « les meublés touristiques réglementés ne sont pas la cause du problème du logement et leur éviction ne garantit pas qu’ils se transformeront en logements résidentiels ».

Marian Muro, membre de l’association, va même plus loin en accusant la mairie de voter « une mesure populiste, qui traduit l’incapacité de l’administration à faire face au problème du logement, alors qu’elle n’a pas été capable de construire plus de 1,2 % de logements sociaux dans toute la ville ».

La situation catalane n’est pas un cas isolé. À New York, une réglementation qui limite les locations touristiques à moins de 30 jours fait également polémique. Les critiques dénoncent une hausse des tarifs hôteliers sans réelle amélioration de l’accès au logement.

Quid des restrictions Airbnb en France ?

La France n’échappe pas à la vague de régulation qui touche les locations Airbnb dans les grandes métropoles. Paris et Lyon se trouvent en première ligne pour encadrer la location saisonnière et tenter de réduire la tension sur leur marché immobilier.

À Paris, une mesure votée par le Conseil le 19 décembre dernier marque un tournant. À partir du 1er janvier 2025, la durée maximale de location pour une résidence principale sera réduite de 120 à 90 nuitées par an.

En parallèle, la ville prévoit de durcir les sanctions, avec une amende doublée à 100 000 euros pour les changements d’usage non autorisés et une obligation d’enregistrement renforcée pour les loueurs. Elle espère ainsi remettre des milliers de logements sur le marché résidentiel et freiner les abus qui transforment les résidences principales en véritables cash machines.

Même durcissement à Lyon, où les propriétaires doivent compenser la mise en location d’un meublé de tourisme dans l’hypercentre par la location d’un bien de surface équivalente sur le marché de longue durée. Résultat ? Seuls trois meublés de tourisme ont été autorisés en 2023.

Vous envisagez tout de même d’investir dans un meublé de tourisme ? Avant de vous lancer, sachez que la fiscalité des locations meublées devient moins attractive. Les abattements applicables aux revenus locatifs baissent de 71 % à 50 % pour les meublés classés et de 50 % à 30 % pour les non-classés.

Enfin, les municipalités pourront imposer des quotas de meublés touristiques ou réserver des zones exclusivement aux résidences principales sur leur Plan Local d’Urbanisme (PLU).

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