C’est une petite révolution pour les locataires : après plus de dix ans de gel, les honoraires de location vont augmenter au 1er janvier 2026. Un arrêté publié le 17 juillet 2025 prévoit une revalorisation des plafonds, désormais indexés sur l’Indice de référence des loyers (IRL). Cette mesure, réclamée depuis longtemps par les professionnels de l’immobilier, vise à compenser une stagnation des tarifs qui ne reflétait plus les coûts réels des agences.

Honoraires de location : un gel de 11 ans enfin rompu
Depuis la loi ALUR en 2014, les honoraires facturés aux locataires étaient strictement encadrés :
- 12 €/m² maximum en zone A Bis (Paris, certaines communes des Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne),
- 10 €/m² dans les zones identifiées comme tendues, à savoir environ 1 100 communes de France,
- 8 €/m² dans toutes les autres communes françaises (zone B2 et C).
- avec un complément plafonné à 3 €/m² pour l’état des lieux.
Ces plafonds n’avaient jamais bougé en 11 ans, alors même que le texte initial permettait une révision annuelle. Résultat : les frais d’agence, qui représentent souvent une part non négligeable du budget d’emménagement, étaient restés figés alors que les charges des professionnels augmentaient.
Les syndicats de l’immobilier — FNAIM, UNIS ou encore SNPI — dénonçaient une situation intenable. Selon eux, cette absence de revalorisation fragilisait les agences, contraintes d’absorber l’inflation, la hausse des coûts de formation ou encore les investissements liés à la digitalisation. Le Conseil d’État, saisi à plusieurs reprises, avait confirmé en 2024 que la revalorisation n’était pas une obligation mais une simple faculté, ce qui laissait le blocage perdurer.
Une révision encore méconnue
C’est finalement un arrêté du 17 juillet 2025 qui a mis fin à cette situation. Il prévoit une revalorisation des honoraires locatifs au 1er janvier 2026, calculée en fonction de l’évolution de l’Indice de référence des loyers (IRL) entre le troisième trimestre 2024 et le troisième trimestre 2025.
Pour les locataires, l’effet sera mesuré mais bien réel. La revalorisation s’appliquera uniquement aux nouveaux baux signés à partir du 1er janvier 2026. Les nouveaux plafonds ne seront en revanche connus que cet automne. Il est à noter qu'au 2e trimestre 2025, l’IRL a progressé de 1,04 % sur un an. La hausse des frais d'agence devrait donc être donc relativement faible, mais elle marque un tournant symbolique : après plus d’une décennie de stagnation, les frais payés par les locataires vont évoluer.
Si ces montants seront certainement modestes, ils s’ajoutent à un contexte locatif déjà tendu : loyers en hausse, pénurie de logements dans les grandes villes et difficultés croissantes pour accéder à un logement.
Les représentants du secteur souhaitent une revalorisation automatique des honoraires locatifs chaque année et un recours devant le Conseil d’État avait d’ailleurs été déposé. Les magistrats ont rejeté la demande de revalorisation annuelle automatique.
Honoraires locatifs : une hausse inévitable ?
Pour les professionnels de l’immobilier, cette revalorisation était devenue indispensable. Le secteur a subi de plein fouet une baisse de son activité : en deux ans, les transactions ont chuté de 34 %, tandis que les défaillances d’agences ont bondi de 122 %.
Dans ce contexte, le gel des honoraires apparaissait comme une anomalie. Les agences rappellent que leurs missions ne se limitent pas à faire visiter un logement : elles doivent vérifier les dossiers des candidats, rédiger les baux, sécuriser juridiquement la relation et accompagner propriétaires comme locataires. Autant de services qui ont un coût, d’autant plus élevé que la réglementation s’est complexifiée ces dernières années.
La revalorisation, même modeste, constitue donc un bol d’air financier pour de nombreux professionnels, qui y voient la possibilité de maintenir un service de qualité sans rogner davantage sur leurs marges.
Quel impact sur les locataires ?
Si les montants en jeu devraient rester contenus, la nouvelle ne réjouira pas forcément les locataires. Beaucoup estiment que la charge des honoraires pèse déjà lourd, surtout dans les zones tendues où le marché est particulièrement compétitif.
En revanche, certains observateurs soulignent aussi que des honoraires plus réalistes peuvent contribuer à stabiliser le secteur et à éviter que des agences, fragilisées, ne réduisent leurs services ou disparaissent. À long terme, cela pourrait même sécuriser le parcours des locataires, qui bénéficient d’un accompagnement professionnel pour trouver et signer leur bail.
Il faut également rappeler que les honoraires sont partagés entre le propriétaire et le locataire. Si ces derniers verront leur part légèrement augmenter, les bailleurs continueront eux aussi à contribuer.
Les plafonds des frais d’agence avaient été mis en place en 2014 avec la loi ALUR et n’avaient pas varié depuis.
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