« A Paris, le marché immobilier est calme et les acheteurs attentistes »
A la suite de l’exode, qui a eu lieu, depuis quelques mois, à Paris, le marché immobilier est devenu plus calme et les acteurs plus attentistes. Si les transactions ont toujours lieu, le volume et les prix de vente ont tendance à baisser, comme l’illustre Philippe Hubert, fondateur de l’agence La Place immobilier – mobilier.
Quel est l’état des lieux du marché immobilier parisien ?
C’est un marché assez calme actuellement, la reprise escomptée de la rentrée de fin septembre/début octobre n’a pas eu lieu. Ce calme se manifeste aussi bien du côté des vendeurs que des acquéreurs et les statistiques le démontrent. Les chiffres illustrent bien une baisse du volume des transactions et des prix à Paris.
Comment s’explique cette accalmie sur l'immobilier à Paris ?
La crise sanitaire est responsable de ce phénomène, puisque cette crise a modifié les attentes, les besoins et le rythme d’achat et de vente des acteurs du marché. Concrètement, beaucoup de personnes ont quitté Paris et cela se ressent, d’une part sur le marché immobilier puisque la dynamique n’est plus la même, mais également sur le nombre d’inscriptions dans les écoles qui a considérablement chuté. Les derniers chiffres indiquent une baisse des inscriptions à la rentrée 2021 de presque deux fois supérieure à celles des dix dernières années (près de 6 000 contre 2 700 en moyenne), ce qui est conséquent.
Ce sont donc des familles qui ont quitté la capitale ?
Effectivement, beaucoup de familles ont déserté Paris, mais également des jeunes actifs qui profitent désormais du télétravail et qui aspirent donc à une vie en province ou en proche banlieue. Il y a des Parisiens qui occupaient un studio ou un T2, qui avaient le projet de s’agrandir et qui, au lieu de cela, vont acheter un logement plus grand en province puisque le télétravail le leur permet.
Le prix immobilier à Paris est de 10 800 €/m² en moyenne.
La baisse des prix immobiliers à Paris n’a pas encore encouragé d’autres profils d’acquéreurs ?
Pas encore, la dynamique ne change pas aussi vite. Il y a toujours un décalage qui se crée entre le début des changements sur le marché immobilier et le début de l’adaptation des acteurs du marché. A titre d’exemple, actuellement, les vendeurs ont tendance à s’accrocher à des prix très élevés, même s’ils commencent à comprendre que le contexte a changé et de l’autre côté, les acquéreurs qui voient les prix baisser à Paris attendent que ces prix baissent encore davantage. Cela crée une situation de blocage et un attentisme. A cela vous ajoutez les élections présidentielles qui approchent, car ce paramètre amène systématiquement un ralentissement du marché immobilier.
Aujourd’hui, quel est le profil des acquéreurs parisiens ?
D’une part des personnes qui connaissent des changements de vie importants : des personnes qui héritent, des personnes qui divorcent, des personnes qui attendent un nouvel enfant. Il y a donc toujours des transactions malgré tout, car les évènements de la vie courante, qui touchent les acteurs du marché immobilier, alimentent ce dernier et puis nous revoyons de plus en plus d’investisseurs.
Quelle est la typologie de logements la plus demandée ?
Plutôt les logements de petite ou moyenne superficie. Les grands appartements ont tendance à rencontrer moins de demande.
Y a-t-il des quartiers plus demandés que d’autres ?
Le 16e arrondissement remonte un peu, mais globalement, il y a de la demande dans tous les arrondissements et tous les quartiers. Les secteurs sont recherchés en fonction du profil de l’acquéreur, son lieu de travail, l’atmosphère qu’il préfère, la proximité avec certains transports, etc. Et puis il y a des micro-quartiers cotés, comme dans le 19e et le 20e.
La marge de négociation à Paris est de 4,1 %, en moyenne.
Avez-vous observé une demande accrue pour les biens dotés d’un espace extérieur ?
Oui très nettement. Avant la crise sanitaire déjà, les acquéreurs plébiscitaient les biens qui disposaient au moins d’un balcon et idéalement ceux qui disposaient d’une terrasse. Aujourd’hui, il s’agit d’une condition sine qua non pour changer de logement : ce dernier doit impérativement disposer d’un espace extérieur.
La première couronne de Paris a-t-elle profité de ces changements sur le marché parisien ?
Actuellement, le marché immobilier de la première couronne de Paris est en effet plus dynamique que le marché immobilier parisien, parce que l’on y trouve plus de logements récents et donc pourvus d’un espace extérieur tout en restant proche des transports et des commodités. Cela maximise les chances de trouver un pavillon avec un jardin. Cette tendance existait déjà, mais la crise sanitaire a achevé de convaincre les acquéreurs qui hésitaient à franchir le périphérique et à concrétiser leur projet.
Votre agence réunit deux activités, l’immobilier et le mobilier : pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous cumulons effectivement l’activité d’agence immobilière et à ce titre, nous proposons des biens immobiliers à la vente et nous avons également, en parallèle, une activité de galerie de meubles et d’objets vintage. Cela signifie que nous proposons à la vente des meubles et des objets coups de cœur chinés à travers le monde. Le contenu de cette galerie est renouvelé régulièrement et nos clients nous sollicitent aussi bien pour l’aspect immobilier que l’aspect mobilier de notre activité. Le mobilier permet, d’ailleurs, d’aborder le sujet de l’immobilier de façon légère et ludique avec nos clients et nous permet d’accueillir nos clients dans une atmosphère plus détendue qu’une agence immobilière « classique ».
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