Suspension de MaPrimeRénov’ : le dispositif pourrait reprendre en fin d’année
C’est un coup dur pour les ménages français. Victime de son succès, MaPrimeRénov’ sera bientôt suspendue, comme l’a confirmé le gouvernement ce 4 juin. Le dispositif devrait toutefois être rétabli avant la fin de l’année.

Une suspension seulement pour les particuliers
C’est au Sénat, lors des questions au gouvernement, qu’Éric Lombard, ministre de l’Économie, a annoncé la suspension de MaPrimeRénov’.
Une décision qu'il justifie par « un encombrement de dossiers et un excès des fraudes (...) sur lequel nous voulons reprendre la main ».
La date de la mise en oeuvre de la suspension reste floue, mais Bercy assure que le dispositif reprendrait avant la fin de l’année.
Seuls certains types de chantiers sont concernés. Valérie Létard, ministre du Logement, précise que la suspension porte uniquement sur MaPrimeRénov' par geste et MaPrimeRénov' accompagné. MaPrimeRénov’ copropriété, elle, y échappe.
Un dispositif saturé par une "avalanche de demandes"
La demande a littéralement explosé. Le nombre de logements rénovés avec l’aide de MaPrimeRénov’ a triplé au premier trimestre par rapport à 2024. Depuis janvier, 63 509 foyers ont été aidés selon Valérie Létard, et l’Anah fait état de 100 000 dossiers déposés depuis mars.
Comme l’explique le gouvernement, « cet afflux de dossiers couplé au retard d'adoption du projet de loi de finances 2025 entraîne une surcharge des services instructeurs et un allongement des délais d'engagement ».
Les dossiers déjà enregistrés, à condition d’être « non frauduleux », seront malgré tout traités. « Ils donneront lieu à paiement dans les meilleurs délais », promet la ministre du Logement.
Une fraude devenue préoccupante
Les arnaques fleurissent sur le dos de MaPrimeRénov’, et le gouvernement entend bien remettre de l’ordre dans le dispositif. Éric Lombard annonce ainsi faire la chasse aux 16 000 dossiers « suspicieux », soit «12% du stock ».
Les contrôles effectués par l’État ont d’ores et déjà permis d’éviter une fraude de 229 millions d’euros en 2024, avance Valerie Létard. La suspension pourrait permettre d’intensifier les vérifications.
Des moyens insuffisants ?
Le ministre de l’Économie réfute toute motivation budgétaire. « Il ne s’agit pas de faire une économie en cachette comme ça, en bloquant le système », a-t-il assuré. Selon lui, « 3,6 milliards ont été inscrits au budget, et seulement 1,3 milliard a été dépensé ».
Un discours que conteste le collectif Rénovons. Son coordinateur, Damien Barbosa, évoque plutôt « une enveloppe insuffisante pour aller au bout de l’année et faire face à l’afflux de demandes ».
Et pour cause : prévue à 4 milliards, la dotation a d’abord été revue à la baisse à 3 milliards, puis à 2,3 milliards. Un montant très loin des 10 milliards jugés nécessaires par Jacques Baudrier, adjoint au Logement à la Ville de Paris.
Professionnels et associations vent debout
La décision provoque une levée de boucliers. Le collectif Rénovons dénonce dans un communiqué un « non-sens total ».
La fondation pour le Logement des défavorisés rappelle les enjeux sanitaires. « 10 000 personnes meurent de froid chaque année et 5 000 de chaud », déclare Manuel Domergue, son directeur des études.
Les artisans, eux aussi, tirent la sonnette d’alarme. Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, évoque une situation intenable pour les entreprises du bâtiment. « Elles ont besoin de visibilité et de stabilité, en particulier dans ce contexte économique compliqué où leur activité et leur trésorerie sont fragilisées ». Il n'exclut pas une manifestation dans la rue pour faire entendre le point de vue de la profession.
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