La situation révélée par la Fondation Abbé Pierre montre un tout autre visage du mal-logement en France, un visage multiple qui n’épargne pas les propriétaires.
On n’entend peu les propriétaires se plaindre de leur logement
Leur voix est souvent inaudible quand il s’agit de mal-logement, non pas parce qu’ils n’existent pas mais parce qu’ils n’osent pas avouer leur mal-être et leur situation. Face à la vétusté de leur logement, la honte l’emporte sur le besoin. Et pourtant les chiffres sont éloquents. Le directeur des études de la fondation Abbé Pierre (FAP), Manuel Doumergue, chiffre à 300 000 les habitations jugées « inconfortables » dans le 22e rapport de la FAP sur le mal-logement.
Bon à savoir
1 % des logements en France sont sans eau courante.
Aider les propriétaires occupants devient une nécessité...
Qualifier un logement d’inconfortable est souvent un euphémisme aux vues de l’humidité stagnante, de l’absence de chauffage, d’électricité, de la toiture qui se délite. Pour les propriétaires aux petits revenus, ceux qui subissent une période de chômage, qui ont des problèmes de santé, il est parfois difficile de faire face aux coûts des travaux. Alors, ils s’en arrangent, colmatent, condamnent une pièce, n’invitent plus d’amis ni la famille. Pour éradiquer les taudis, la FAP a lancé il y a 9 ans déjà son programme SOS Taudis qui soutient les propriétaires occupants les plus en difficulté pour les aider à réaliser des travaux dans leur logement. Elle peut apporter une subvention en complément des aides financières publiques (subventions de l’ANAH, collectivités locales, caisses de retraite...).
Les choses ont beaucoup changé. Etre propriétaire ne nous met pas à l’abri des grandes difficultés ».
Fathi Bouaroua, directeur régional Paca de la Fondation Abbé Pierre
Rencontre avec des propriétaires précaires
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Hervé vit dans une maison insalububre
Avec une retraite de 800 €, Hervé Guimard ne peut pas faire des travaux dans sa maison. Cet artiste de 63 ans vit sans eau ni électricité dans une maison dont les courants d’air font vibrer un toit en tôle. Après une séparation et des problèmes de santé, Hervé Guimard n'avait pas les moyens de payer un loyer. Il s'est donc installé dans cette maison insalubre en Bretagne. Il a demandé l’aide de la FAP qui a permis de débloquer 25 000 € pour financer les travaux de réhabilitation.
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Nora vivait sans chauffage...
A Marseille, Nora Mihoub perçoit une retraite de 445 € mensuels. Dans son appartement, il fait 10 degrés en plein hiver. Impossible de financer seule les travaux de chauffage et d’isolation. La Fondation Abbé Pierre a fait le tour des banques, s’est portée garante et a négocié un crédit de 9 000 €. Désormais, le chauffage a été installé et les murs comme le sol ont été isolés.
Bon à savoir
Il y a les propriétaires qui préfèrent payer des amendes pour ne pas mettre en location leur logement vacant et il y a ceux qui n’ont pas les moyens de financer les travaux de rénovation pour une mise en location conforme aux nouvelles normes. Pour ceux-là, la Fondation Abbé Pierre les aide à trouver des financements ou finance les travaux.
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