Pour changer de vie, les Français partent à l'assaut du littoral

Laetitia Lapiana
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La crise sanitaire et les confinements successifs ont largement rebattu les cartes des modes de vie et préférences résidentielles des Français. Espace, nature et douceur de vivre... Entre idées reçues, mythes déchus et ailleurs fantasmés, faisons le point sur les véritables tendances qui se sont dessinées sur la carte France au lendemain de la pandémie : la course à la mer et au littoral semble remporter tous les suffrages.

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littoral atlantique
Ville emblématique de la course à la mer des Français, La Baule fait partie de ces lieux de villégiature du littoral où la demande a explosé, tout comme les prix de l'immobilier. @ Getty
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Télétravail avec vue sur mer, un rêve français

À la faveur du développement rapide du télétravail, nombre de Français en quête d’une qualité de vie supérieure ont quitté le navire « métropole » aux lendemains de la crise sanitaire. Tous étaient portés par de nouvelles aspirations à vivre mieux « ailleurs », là où l’herbe est plus verte, l’horizon plus vaste et le soleil plus radieux.

Cette tendance est toujours à l’œuvre sur le plan résidentiel et immobilier. Elle a été mise en lumière et « rectifiée » par une récente étude démographique menée conjointement par la Fondation Jean Jaurès et l’Ifop, basée sur les données communales publiées par l’Insee.

Selon une enquête réalisée par l’Apec en janvier 2024, 45 % des cadres bénéficiant du télétravail affirment qu’ils pourraient démissionner si cette option leur était supprimée.

La revanche de la campagne n’a pas eu lieu

Plusieurs constats à l’appui de cette étude ont ainsi permis de faire le point sur les évolutions démographiques et les dynamiques territoriales à l’œuvre depuis 2020, mais aussi de tordre le cou à quelques idées reçues... En effet, contrairement à ce qui s’est produit pendant les périodes de confinement, avec le « sauve qui peut » de nombre d’actifs des villes vers la campagne, les territoires ruraux n’ont finalement pas retrouvé le dynamisme tant espéré.

Pire, les communes rurales ne profitant pas d’une attractivité touristique particulière ont fait l’objet d’une « déprise démographique ». Autour de la très grande périphérie francilienne, un vaste espace à dominante rurale au centre de l’Hexagone, des Vosges jusqu’aux campagnes de la Mayenne et de l’Artois jusqu’à la Creuse, a ainsi vu sa population chuter de 2 à 5 % entre 2017 et 2021.

L’émergence du « nouveau croissant fertile »

En contrepoint des phénomènes observés dans les campagnes et les territoires agricoles, de nouvelles zones d’attractivité ont fait leur apparition depuis la crise sanitaire et la démocratisation du télétravail. On a remarqué des mouvements de population très marqués vers des zones qui ont bénéficié d’un gain de population de 2 à 5 % en moyenne, et jusqu’à 10 % pour certains territoires, littoral en tête.

Ainsi, les Français qui ont eu le déclic pour changer de vie ont notamment investi trois espaces géographiques qui forment le « nouveau croissant fertile » et qui ont largement tiré leur épingle du jeu démographique :

  • le littoral atlantique, du Morbihan au littoral aquitain en passant par la Vendée, la côte d’Émeraude et les communes autour de Saint-Malo et, dans une moindre mesure, la côte méditerranéenne (Hérault, Var et ouest des Alpes-Maritimes) ;
  • les couronnes périurbaines de grandes villes comme Rennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Orléans, Tours, Poitiers, Clermont-Ferrand, mais encore de Lyon, Reims, Metz ou Strasbourg ;
  • la bande frontalière côté Suisse, et notamment les secteurs allant du Russey à Thonon-les-Bains, en passant par Pontarlier, le pays de Gex et Annemasse.

À noter que l’ensemble de ces territoires ont en commun une qualité de vie plus « aérée », ainsi que la proximité des bassins d’emploi dynamiques et des activités de services. Deux facteurs qui ont incité nombre de ménages à fuir les métropoles pour également profiter de prix immobiliers plus doux qu’au cœur des centres urbains de Paris ou Lyon.

Selon les auteurs de l’étude, le nouveau croissant fertile « dessine une bande courant de Saint-Malo jusqu’au littoral aquitain et basque en passant par Rennes, Nantes, La Rochelle et Bordeaux, puis obliquant vers Toulouse et Montpellier avant de remonter la vallée du Rhône et de rejoindre Pontarlier et Le Russey en longeant la frontière suisse ».

La mer (et le soleil) à tout prix !

Grand gagnant de ces pérégrinations post-Covid, le littoral, atlantique en prime, a littéralement été pris d’assaut par nombre d’ex-citadins en mal de grand air marin, d'ensoleillement au top et de vue sur mer. Une course au « pays des vacances » particulièrement orientée vers les zones de villégiature de renom et autres communes à forte attractivité touristique.

Aux côtés des traditionnelles populations de retraités, de professions libérales et des professionnels de santé qui contribuent depuis longue date à la vitalité démographique et économique des zones balnéaires, un important contingent de cadres télétravailleurs a également jeté son dévolu résidentiel dans ces secteurs prisés du littoral atlantique.

Quand la côte a la cote, les prix flambent et les locaux trinquent

Ces nouveaux habitants aisés ont contribué haut la main à la flambée du coût de la pierre locale. Pour preuve, selon les derniers chiffres de meilleursagents.com, les prix moyens des maisons hautement fantasmées depuis la pandémie ont bondi au cours de 5 dernières années :

  • sur le littoral atlantique, de quelque 35 % à Biarritz (9 312 €/m2), 40 % à Royan et à La Baule (respectivement de 4 272 et de 6 700 €/m2), 47,4% à Larmor Plage (5 177 €/m2) ; 36 % à Arcachon (9 506 €/m2), 35 % aux Sables-d’Olonne (5 194 €/m2), de 47% à Vannes (4 803 €/m2) et de près de 30 % à Saint-Malo (5 114 €/m2) ;
  • sur le littoral méditerranéen, le prix moyen des maisons est monté en flèche de 25 % à Nice (5 937 €/m2), 30 % à Toulon et à Bandol (4 293 et 7 461 €/m2), 27 % à Collioure et à Argelès-sur-Mer (5 257 et 3 285 €/m2).

Revers de la médaille, ces percées démographiques aux abords du littoral et l’emballement des prix de l’immobilier qui s’en est suivi ont contribué à renforcer la pression immobilière dans des zones déjà tendues. Résultats, pénuries de biens, loyers et prix au m2 exorbitants pour les locaux, poussés à trouver un logement plus éloigné de leur lieu de travail, du littoral et de leurs propres aspirations résidentielles...

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