« Le marché de l’immobilier neuf clermontois est freiné par la conjoncture »
Les coûts de construction des logements neufs sont de plus en plus élevés, comme le souligne Stéphane Roque, gérant de l’agence immobilière Pro Immo à Beaumont, en banlieue de Clermont-Ferrand. En face, le pouvoir d’achat a drastiquement baissé à la suite de la montée rapide des taux d’intérêt.
Sur quel secteur intervenez-vous et depuis combien de temps ?
Cela fait 35 ans que l’agence Pro Immo intervient sur le secteur de Clermont Auvergne Métropole. Nous sommes spécialisés dans la production de logements neufs, l’immobilier tertiaire et la transaction.
Comment se porte le marché de l’immobilier clermontois ?
Je dirais un peu comme au national. La remontée des taux d’intérêt a fait baisser de 30 à 40 % le pouvoir d’achat immobilier des acquéreurs. En parallèle, sur l’immobilier neuf, les coûts de production ont augmenté pour plusieurs raisons.
La première est normative, avec les objectifs en matière de réglementation environnementale 2020 (RE2020). La deuxième est liée à la crise des matériaux, avec une forte poussée du coût des matières premières et donc des matériaux de la construction. La troisième est plus sous-jacente, de longue date. Il s’agit de la difficulté que rencontrent les entreprises du bâtiment à recruter, induisant une hausse des salaires.
À Beaumont, 57 % des biens immobiliers sont des maisons. 43 % sont des appartements.
Quel est le rapport entre l’offre et la demande dans votre secteur ?
Les biens de qualité trouvent toujours preneur. En revanche, il est vrai que les acquéreurs potentiels réfléchissent davantage avant de prendre leur décision, même si le temps joue contre eux. Car plus ils attendent, plus les taux d’intérêt continuent de monter.
Qui a la main sur le marché : les vendeurs ou les acquéreurs ?
Je pense que c’est compliqué des deux côtés. Les vendeurs ayant besoin de vendre consentent à des baisses de prix. Mais il y en a beaucoup qui se retirent du marché si les estimations ne sont pas à leur goût et qu’ils ont la capacité d’attendre. Nous nous retrouvons avec un marché en repli sur le volume, encore plus que sur le prix.
En moyenne, le prix de location au mètre carré est de 19 € à Beaumont. La ville compte 36 % de locataires, contre 64 % de propriétaires.
Quels sont les quartiers ou les villes les plus recherchés ?
La demande est forte à Clermont-Ferrand et Chamalières, mais aussi sur les communes périphériques, notamment du Sud et de l’Ouest clermontois : Ceyrat, Beaumont, Romagnat, etc.
Quels sont vos clients ?
Un peu plus de 60 % des clients dans le neuf sont des investisseurs. Les autres étant des accédants occupants. Le problème, c’est que cette clientèle a tendance à se raréfier. Nous avons de plus en plus de mal à précommercialiser nos opérations, une étape qui est pourtant nécessaire au démarrage des travaux.
Il n’est pas facile de recapter les accédants occupants, notamment en raison des difficultés rencontrées pour lancer les chantiers. Cette clientèle est sensible à la date de livraison, qui est souvent de 24 à 36 mois dans le neuf. Cela pose un problème chez les acquéreurs ayant des projets à 6 ou 9 mois.
D’où viennent vos clients ?
Il y a quand même beaucoup de locaux. Quelques acheteurs viennent de Lyon ou même des Alpes. Les prix ont tellement augmenté dans ces secteurs qu’ils se rabattent sur le marché clermontois. À Lyon, vous n’avez rien en dessous de 7 000 à 8 000 € du m² dans le neuf.
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