Votre bien est occupé par un couple de locataires. En effet, lors de la mise en location de votre logement, vous avez choisi de privilégier leur candidature car elle répondait à toutes vos exigences. Avec deux sources de revenus réguliers, ce couple vous apportait tous les gages de fiabilité en vous protégeant des risques d'impayés. Cette stabilité financière risque cependant d'être compromise si le ménage en vient à se séparer. Et pour cause, lorsqu'un couple de locataires met fin à sa cohabitation, le sort du bail dépend alors du statut juridique de leur union.
Couple en concubinage : une colocation soumise à conditions
Dans un couple en union libre, la cotitularité du bail n'est acquise que si les deux concubins sont signataires du contrat d'habitation. En d'autres termes, si seulement l'un d'entre eux a signé le bail, le second ne détient aucun droit ni obligation dans la location où il est simplement hébergé. En cas de séparation, si le titulaire unique du bail vous donne congé, l'autre concubin ne peut légalement rester dans les lieux. S'il vous en fait la demande, vous êtes néanmoins libre d'établir un nouveau bail à son nom. La situation est différente si les concubins ont tous deux signé de leur nom le contrat de location. Ils agissent dès lors en tant que colocataires : si l'un d'eux décide de quitter le logement et vous adresse sa lettre de congé, le bail continue ses effets au seul bénéfice de son ex-partenaire. Le locataire sortant est redevable de sa part du loyer et des charges jusqu'à la fin de la période de son préavis, à moins que vous n'ayez prévu une clause de solidarité dans le bail. Dans ce cas, il reste financièrement engagé pour une période de 6 mois après la fin de son préavis, durée qui s'interrompt cependant si un nouveau locataire le remplace entre-temps.
Si vous louez votre bien en colocation, veillez toujours à insérer une clause d'indivisibilité et de solidarité dans le bail. Elle vous garantit une protection financière optimale en engageant l'ensemble des colocataires au paiement de la totalité des loyers et charges en cas de défaillance de l'un d'entre eux.
Partenaires d'un Pacs : des règles qui diffèrent
En cas de séparation d'un couple pacsé, trois situations distinctes peuvent se présenter, avec des conséquences diverses quant à la continuité du bail d'habitation :
- Le bail est au nom d'un seul des partenaires : le signataire est alors l'unique titulaire du bail. En vous signifiant son congé, il induit ainsi la résiliation du contrat d'habitation et le départ obligé de son compagnon.
- Le bail est au nom d'un seul locataire avec demande de cotitularité : s'ils vous en ont adressé la demande conjointe, les deux partenaires d'un Pacs peuvent obtenir la cotitularité du bail. Dans cette éventualité, si l'un d'entre eux donne son préavis pour quitter le logement, le second peut continuer à l'occuper.
- Le bail est signé par les deux partenaires : ils sont alors automatiquement cotitulaires du bail et peuvent chacun conserver le droit au bail en cas de départ de l'autre occupant.
Dans tous les cas de figure, les partenaires pacsés, bien que séparés, demeurent solidairement tenus au paiement des loyers et charges. En tant que bailleur, vous pouvez ainsi réclamer leur règlement à l'un ou l'autre des partenaires, même s'il n'occupe plus le logement suite à la désunion du couple. Cette obligation de solidarité financière ne prend fin qu'avec la dissolution du Pacs ou la fin du bail suite au congé donné par le second partenaire.
Couple marié : cotitularité du bail d'habitation
Quel que soit leur régime matrimonial, les conjoints sont de fait cotitulaires du contrat de location de leur logement conjugal. Il en est ainsi même si le bail n'est signé que par un seul d'entre eux.
Ce que dit la loi : « Le droit au bail du local, sans caractère professionnel ou commercial, qui sert effectivement à l'habitation de deux époux est, quel que soit leur régime matrimonial et nonobstant toute convention contraire, et même si le bail a été conclu avant le mariage, réputé appartenir à l'un et à l'autre des époux. » (Article 1751 du Code civil)
Les époux sont également solidaires des dettes du ménage et par conséquent du paiement du loyer, des charges et des réparations locatives pendant toute la durée du mariage. En cas de séparation de corps ou d'instance de divorce, chacun d'eux a la possibilité de donner congé à titre personnel. Il continue cependant d'être redevable du règlement des loyers échus jusqu'à la transcription du jugement du divorce. Le conjoint restant conserve son droit au bail.
En fonction des liens juridiques qui unissent un couple de locataires, leur éventuelle séparation peut avoir des répercussions notables sur la suite donnée au bail. En particulier, le montant des revenus du locataire restant seul dans les lieux risque de ne plus correspondre aux critères de solvabilité que vous aviez fixés. Au moment du choix des locataires de votre logement, la condition impérative d'une caution sérieuse pour chacun des occupants peut s'avérer une protection supplémentaire.
En cas de divorce, si les deux ex-conjoints souhaitent conserver le logement, c’est le juge qui va alors trancher en faveur de l’un ou de l’autre, principalement en fonction des intérêts sociaux et familiaux.
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