La résiliation d'un bail commercial est une démarche encadrée par des règles précises, tant pour le locataire (preneur) que pour le bailleur (propriétaire). La maîtrise des différentes modalités de rupture, ainsi que des formalités imposées, permet de maintenir l’équilibre contractuel et de prévenir tout préjudice. Sa mise en œuvre requiert une exécution rigoureuse.

Quelles sont les bases juridiques encadrant la résiliation du bail commercial ?
Le bail commercial est un contrat de location conçu pour l’exercice d’une activité à caractère commercial, artisanal ou industriel. Sa rupture obéit à un ensemble de règles spécifiques, issues du statut des baux commerciaux, qui encadrent les droits et obligations des parties.
Ce type de contrat se distingue d'autres régimes locatifs par des particularités précises. Pour bénéficier des dispositions protectrices, le locataire doit être immatriculé au registre du commerce et des sociétés (RCS) ou au répertoire des métiers, selon la nature de son activité.
La durée minimale du bail est fixée à neuf ans. Ce cadre, combiné au droit au renouvellement, vise à garantir une certaine stabilité au preneur et à lui permettre de développer son fonds de commerce dans des conditions durables et sécurisées.
Quelles sont les voies de rupture à l’initiative du preneur ou du bailleur ?
À l'initiative du preneur
Le preneur bénéficie d’un droit de résiliation à l’issue de chaque période triennale, sous réserve de respecter un délai de préavis de six mois et de suivre les exigences de forme prévues à l’article L145-9 du Code de commerce. Cette prérogative peut être encadrée contractuellement, notamment sur le plan financier, mais ne peut être supprimée.
Certaines situations particulières, comme le départ à la retraite ou la mise en invalidité, permettent également au locataire de résilier le bail de manière anticipée, conformément à l’article L145-4 du Code de commerce.
En cas d’absence de renouvellement formel du bail ou de tacite prolongation, le congé peut être signifié à tout moment, à condition de respecter les échéances des trimestres civils.
À l'initiative du bailleur
Quant au bailleur, il peut notifier sa décision de ne pas reconduire le contrat à l’expiration du bail, sur la base de motifs légitimes prévus par la loi :
- la démolition suivie d’une reconstruction de l’immeuble,
- la transformation du local à usage d’habitation,
- l’exécution de travaux imposés dans le cadre d’une procédure de restauration immobilière.
Par ailleurs, certains manquements du locataire peuvent entraîner une résiliation anticipée du bail. Parmi ces manquements figurent notamment l’exploitation d’activités interdites par les clauses du contrat ainsi que la sous-location non autorisée du local commercial.
En règle générale, la reprise des lieux pour un usage personnel constitue un motif valable, à condition que le bailleur y exerce effectivement une exploitation dans un délai de six mois après le départ du locataire. Ce congé, lorsqu’il est adressé dans les délais requis, ouvre droit à une indemnité d’éviction, sauf en cas de faute ou de cause légitime.
Comment formaliser une résiliation amiable ou anticipée ?
Une résiliation amiable repose sur l’accord des deux parties pour mettre fin au bail avant son terme. Cet accord, librement négocié, fixe la date de départ, les effets juridiques de la rupture et les modalités pratiques.
Le régime applicable aux baux commerciaux n’interdit pas la conclusion d’un tel accord, qu’il s’agisse d’un bail soumis ou exclu du statut. Le locataire et le bailleur peuvent ainsi convenir à tout moment d’un terme conventionnel, en modifiant l’économie initiale du contrat.
Bien qu’aucune formalité ne soit légalement imposée, la rédaction d’un écrit signé est fortement recommandée. Ce document doit refléter un consentement clair et préciser les modalités de restitution des lieux, les conditions de remboursement du dépôt de garantie, ainsi que l’apurement de toute dette locative. L’envoi en lettre recommandée avec accusé de réception demeure une précaution utile.
Dans certains cas, l’accord de résiliation peut être conditionné à la conclusion d’un nouveau bail avec un successeur proposé par le locataire sortant. Le propriétaire reste libre de négocier ce nouveau contrat selon ses propres critères.
Le respect des clauses de cet accord engage les deux signataires. Si le locataire ne libère pas les lieux à la date convenue, des mesures peuvent être prises. Des pénalités, expressément prévues dans l'acte, peuvent s’appliquer, indépendamment du régime de l’indemnité d'éviction.
Enfin, des démarches administratives doivent accompagner la rupture du bail : mise à jour des informations au registre du commerce, déclaration à l’administration fiscale, notification aux créanciers inscrits.
Dans quelles conditions la clause résolutoire peut-elle être mise en œuvre ?
Prévue par l’article L145-41 du Code de commerce, la clause résolutoire prévoit la fin automatique du bail en cas de manquement avéré du preneur. Pour produire effet, cette disposition doit être insérée explicitement dans le contrat et désigner les obligations concernées avec précision.
La loi Pinel du 18 juin 2014 a renforcé cette disposition en imposant l’obligation de délivrer un commandement de payer ou d’exécuter par acte d’huissier au locataire, qui dispose alors d’un délai d’un mois pour remédier au manquement. Cette formalité vise à protéger le preneur contre une résiliation brutale et à garantir une procédure équitable.
Le propriétaire doit faire preuve de loyauté dans la mise en œuvre de cette clause. Un usage abusif ou déloyal peut en compromettre l’efficacité. Les juridictions veillent à ce que son activation respecte les principes de bonne foi contractuelle.
Si le preneur ne remédie pas aux manquements dans le délai imparti, la résiliation peut être constatée judiciairement. En l’absence de contestation sérieuse, le juge des référés est compétent pour prononcer l’acquisition de la clause.
Le locataire a la faculté de solliciter des délais de paiement sur le fondement des articles 1244-1 à 1244-3 du Code civil. En cas d’acceptation, l’exécution du contrat est maintenue sous condition de respect strict des échéances accordées.
Lorsque la rupture devient effective, le bailleur peut demander l’expulsion, engager des poursuites pour loyers impayés ou s’opposer à un renouvellement en invoquant une cause objective. Le locataire encourt la perte de ses droits, des frais de justice et, le cas échéant, la mobilisation des garanties prévues au contrat.
D’autres situations entraînent la cessation du bail (liquidation judiciaire, décès du locataire, infraction grave aux obligations contractuelles). Chacune obéit à un régime spécifique, impliquant des formalités et des délais distincts.
Pouvez-vous nous préciser pourquoi ? (facultatif)